Une nouvelle diaboliquement troublante, génialement complexe, qui nous entraîne à travers un récit linéaire et plutôt froidement relaté dans un labyrinthe d'interrogations, avec en toile de fond une réflexion très freudienne sur les pulsions qui nous habitent. Chaque événement apparaît déconnecté du reste de la nouvelle et recèle pourtant un sens caché qui sert le tableau principal. le style d'
Arthur Schnitzler est très adéquat au format du court roman : précis mais pas trop expansif.
Je suis bien sûr forcé de comparer «
La Nouvelle rêvée » à son alter ego plus fameux, le très bon « Eyes Wide Shut » de
Stanley Kubrick. Si la nouvelle me paraît globalement plus réussie encore que le film, notamment grâce à son analyse psychologique très fine, je dois tout de même reconnaître que le film réussit à instaurer de la tension là où la nouvelle aboutit à un résultat un peu décevant (je pense notamment au moment où
le protagoniste se fait démasquer lors de l'orgie secrète, moment qui dans la nouvelle passe un peu trop rapidement à mon goût et manque la mise en scène magistrale de Kubrick, ainsi qu'à la fin du récit).
Quoi qu'il en soit, cette version littéraire est tout de même un grand coup de coeur que je trouve très en phase avec les écrits des amis autrichiens de
Schnitzler, notamment Zweig et bien sûr
Freud.