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Robert Dumont (Traducteur)
EAN : 9782234052413
473 pages
Stock (11/10/2000)
3.87/5   139 notes
Résumé :
Dans ce roman, qui fit scandale à sa parution en 1908, Arthur Schnitzler prête aux deux principaux personnages ses propres aventures sentimentales à peine transposées. Deux personnages d’exception : l’écrivain Henri Bermann, esprit inquiet, torturé dans son art et dans sa vie intime, et le baron von Wergenthin, aristocrate, musicien talentueux, séduisant, aux nombreuses conquêtes, cultivant un égotisme qui lui permettra de garder toujours ouvert, ainsi que le fit so... >Voir plus
Que lire après Vienne au crépusculeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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D'entrée de jeu, je dois dire que j'ai été emportée par l'écriture d'Arthur Schnitzler. C'était son premier roman et moi ma première lecture de cet auteur.
On est d'abord imprégné par la ville de Vienne, surtout si on la chance de connaître cette ville. J'y suis allée deux fois et à chaque fois, j'ai l'impression, surtout dans le centre ville, d'être dans un espace hors temps. Aussi, la façon dont Arthur Schnitzler en parle nous semble très familière même si plus d'un siècle s'est écoulé.
Le Prater, les promenades dans le bois, les cafés viennois dont beaucoup aujourd'hui sont très près encore de cette fin de siècle qu'évoque :Vienne au crépuscule., même si la traduction du titre est très lointaine de son titre en allemand.
Arthur Schnitzler écrit avec beaucoup de poésie, une douceur émane de ses mots.
Son personnages centraux sont un écrivain : Henri Berman et un musicien compositeur: Georges de Wergenthin.
Tous deux à travers leur art sont à la recherche et la compréhension du genre humain. le musicien se livre à une introspection à travers une histoire d'amour qu'il vit avec une jeune fille issue d'un milieu bourgeois : Anna.
D'autres questionnements dans ce livre sont évoqués, notamment par le biais de l'identité juive. En cette fin de siècle, s'est développé tout à la fois une grande assimilation des juifs dans la haute bourgeoisie, certains nient leurs identités, d'autres la revendiquent. Bien sûr, tout cela est en lien avec la montée croissante de l'antisémitisme inhérent à cette fin de siècle dans la société viennoise.
Un très beau livre, fascinant pour tous ceux qui s'intéressent à la psychanalyse, à la question juive et à ce parfum viennois fin de siècle.
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Ce roman est le reflet d'une époque, Vienne au début du XXème siècle, d'une société qu' Arthur Schnitzler décrit avec une grande finesse en y révélant ses contradictions, son atmosphère "fin de siècle". de nombreux personnages gravitent autour du baron von Wergenthin, jeune compositeur mondain. Son aventure avec Anna sert de fil conducteur au roman. Quand celle-ci tombe enceinte, le baron, qui a la réputation d'un grand séducteur, ne semble pas prêt à un engagement qui déciderait de toute son existence. Il n'a rien cependant d'un Don Juan criminel. L'antisémitisme est aussi au coeur de ce roman.
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Vivre un amour hors mariage à Vienne à la fin du XIX ème siècle était probablement plus difficile que de faire le tour du monde, et c'est pourtant ce que tentent un jeune compositeur Georges von Wergenthin et sa compagne enceinte Anna, cantatrice douée mais à la voix peu puissante. Georges, dilettante raffinée et égotiste de première, sorte de Peter Pan qui refuse de grandir, songe plus à sa liberté et à ses plaisirs qu'à sa carrière et aux sentiments d'Anna qui finira par se lasser de l'attendre.
Au fur et à mesure de cette histoire relativement moderne, c'est tout un monde disparu que Schnitzler décrit ici avec beaucoup de finesse à travers divers personnages qui sont plus ou moins ses reflets. Il analyse avec une rare acuité les dessous de l'antisémitisme, tout ce qu'elle implique comme conséquences psychologiques dans la vie des juifs et dans leurs rapports entre eux et avec les autres. Déjà se profile le problème du sionisme : doit-on ou non créer un état hébreu ? Se profile aussi la notion d'aryanisme. Nous sommes en 1908 et ces réflexions sonnent étrangement à nos oreilles, comme une prophétie.
Très grand écrivain, Schnitzler décrit également de façon magistrale la fugacité du bonheur, lié à la fragilité de notre inconsistance, la notion de liberté que limitent la présence et le regard des autres, dans une étude rigoureuse et précise des situations, avec ce sens aigu du concret qui rend le moindre acte quotidien lourd d'une temporalité subie plus que pleinement vécue, et où le destin intervient plus comme une conséquence des événements que comme le résultat d'un choix. Destin qui décide pour les personnages face à leurs indécisions et à leurs atermoiements : "Je l'ai toujours dit, remarqua-t-il, ce n'est pas nous qui forgeons notre destin, c'est, la plupart du temps, une circonstance extérieure qui s'en charge, et sur laquelle nous n'étions pas en mesure d'exercer une influence quelconque."
Schnitzler a le sens de la phrase brève, de la formule efficace. J'ai profondément aimé ce livre pour toute sa portée historique, à la fois témoignage et inquiétude -plutôt justifiée !- quant à l'avenir des juifs, nulle part chez eux, et pour sa densité psychologique dans les rapports entre l'homme et le monde dans lequel il vit.
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Vienne m'a toujours fasciné. Quand Valentyne La jument verte de Val m'a proposé de lire Arthur Schnitzler ensemble j'ai été ravi. Elle m'a dit qu'elle aimait particulièrement le titre Vienne au crépuscule. J'étais encore plus ravi. Je l'ai lu dans le volume Romans et Nouvelles I de la Pochothèque, gros volume de 1200 pages où ce roman succède à une cinquantaine de nouvelles. Et une fois de plus l'écriture de Schnitzler a su m'installer dans ce climat de la capitale autrichienne à la fin du XIXème, dont on sait bien le déclin programmé. Pas mal de personnages se croisent dans Vienne au crépuscule au point que l'on peut avoir au début quelque mal à les situer. D'autant plus que tous sont des aristocrates artistes ou scientifiques, un milieu privilégié, peu suspect de modernité même si certains ont compris que Vienne et toute l'Europe commençaient de voir le jour baisser.

le baron Georg von Wergenthin est un jeune compositeur, plutôt prometteur et l'on sait l'importance de la musique dans cette ville. Un peu dilettante il laisse sa vie couler depuis la mort de son père. Fréquentant les salons mondains emplis de filles à marier bien qu'il ne dédaigne pas les tavernes enfumées. Beaucoup d'amis dont certains juifs, écrivains, critiques, d'autres entrant en politique. L'empereur est déjà âgé, l'Autriche-Hongrie aussi. Et l'antisémitisme n'a attendu ni Sarajevo ni Auschwitz. Plusieurs lectures peuvent se faire sur Vienne au crépuscule et je les partage toutes. Amoureux de l'Europe Centrale si littéraire j'ai vraiment aimé l'ambiance que Schnitzler, médecin fils de médecin, lui aussi juif et se piquant d'écrire en opposition à son père, décrit au coeur de la ville et par les forêts viennoises voisines. C'est un peu une éducation sentimentale qui nous est racontée où les femmes sont encore bien souvent objets. Objets de désir et de plaisir, de dérision et d'insouciance. Quelques figures trahissent pourtant une fin de siècle et l'aube d'une époque plus favorable, Thèrèse notamment qui anticipe de grandes féministes.

Les Juifs sont depuis longtemps plus ou moins marginalisés. L'analyse est d'une grande finesse, les choses ne sont pas flagrantes mais pour peu que l'on s'intéresse à L Histoire on saisit parfaitement toutes ces petites notes sur ce qui n'est pas vraiment une persécution mais un voile de mépris, un plafond de verre selon l'expression consacrée. Par ailleurs quand les héros sont des nantis, de façon très variable d'ailleurs, ils voyagent et nous aussi. Et comme j'aurais aimé ces tours de Suisse ou d'Italie, quand les malles arrivent au port, que des coursiers s'en chargent et qu'il ne manque rien. La Sicile, Naples, les lacs du Nord italien sont autant d'étapes raffinées qu'il me plait toujours de fréquenter littérairement. J'ai donc aimé ce Vienne au crépuscule qui me confirme, mais besoin n'était pas, l'importance de ces écrivains d'Europe Centrale dont Arthur Schnitzler est un des plus sensibles.


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On ne peut apprécier pleinement cet ouvrage sans le poser dans sa perspective historique. Car le monde décrit ici, dont les personnages principaux et leurs préoccupations appartiennent tous à l'intelligentsia de l'époque, a ceci de particulier : il est voué à une disparition prochaine. Une dizaine d'années à peine après la parution de ce livre, il ne restera plus rien de l'empire austro-hongrois. Il ne s'agit donc pas ici d'une analyse "a posteriori", mais bien de ce moment étrange, comme suspendu au-dessus du gouffre, où un ordre des choses périmé mais qui veut l'ignorer fait, si l'on peut dire, des projets d'avenir. On ne peut pourtant reprocher aux "héros" de ce roman d'être démunis d'une certaine profondeur et même d'une certaine acuité du regard qu'ils posent sur leur époque; toute l'ironie réside en ce qu'ils ne regardent visiblement pas au bon endroit, trop préoccupés de leurs pathos individuels. Il est possible de reconnaître ici une certaine constante, caractérisant un monde qui se défait et ce, plus précisément encore dans cette catégorie particulière que sont les "intellectuels" : ils ne peuvent littéralement pas envisager que leurs structures idéologiques n'aient plus cours et que leur mode de pensée soit finalement périmé.
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Nurnberger sourit de cette conception d'Henri selon laquelle les politiciens représenteraient une race d'hommes particulière, alors que cela faisait partie des obligations extérieures, même pas indispensables, de cette profession de s'afficher pompeusement comme une espèce singulière, et de cacher sa grandeur ou son insignifiance, son énergie ou sa paresse derrière des titres, des abstractions, des symboles. Ce que représentaient parmi eux les gens insignifiants ou les illusionnistes était évident, c'étaient tout simplement des hommes d'affaires, des escrocs ou de beaux parleurs. Mais ceux qui comptaient, les hommes d'action, les personnalités géniales, n'étaient au fond d'eux-mêmes que des artistes. Eux aussi essayaient de créer une oeuvre, une oeuvre qui prétendait à la même immortalité, à la même finalité que n'importe quelle oeuvre d'art. A la différence que la matière qu'ils formaient n'était pas chose figée, ambigüe comme les sons et les mots, mais une matière vivante perpétuellement en mouvement.
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Aimer c'est avoir peur que se révèlent à d'autres les défauts que nous avons découverts chez l'être aimé. Aimer, c'est pouvoir lire dans l'avenir et maudire ce don...
Aimer, c'est connaître quelqu'un au point de se détruire.
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Mais la compréhension n'a absolument rien à voir avec nos sentiments, presque aussi peu qu'avec nos actions. Elle ne nous protège pas de la douleur ni du dégoût. Elle ne conduit nulle part. C'est en quelque sorte une impasse. Une compréhension signifie toujours une fin.
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Toute la question est de savoir jusqu'où nous plongeons nos regards en nous-mêmes. Et quand, à tous les étages, toutes les lumières sont allumées, nous sommes en même temps coupables et non coupables, des lâches et des héros, des fous et des sages.
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Le dernier mot ? Est-ce que ça arrive que quelqu'un ait le dernier mot ? On discute seulement pour soi-même, jamais pour convaincre autrui. Pouvez-vous croire que Thérèse eût admis finalement qu'un homme raisonnable ne puisse jamais, au grand jamais, adhérer à un parti ! ou que j'aie dû lui accorder que ma neutralité en politique provenait de ce qu'il me manque une conception du monde ? Que dites-vous de tout le verbiage autour de cette expression ? Comme si elle signifiait autre chose que la capacité et la volonté de voir le monde dans sa réalité, c'est-à-dire de le contempler sans être troublé par une opinion préconçue, sans le besoin de tirer d'une expérience personnelle une nouvelle loi ou de l'insérer dans un texte existant. Mais pour les gens une conception du monde n'est rien d'autre qu'une espèce supérieure d'activité du caractère, pour ainsi dire, une activité du caractère dans le cadre de l'infini.
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Vidéo de Arthur Schnitzler
Le grand roman d'Arthur Schnitzler mis en images par Manuele Fior, ce sera en janvier 2023. Quand, pour sauver son père de la ruine, une jeune femme convoitée sollicite l'aide d'un ami de la famille, celui-ci exige une faveur : voir Else nue pendant un quart d'heure. Cédera-t-elle ? Dans une ambiance crépusculaire, Manuele Fior livre une interprétation magistrale de l'oeuvre du Viennois Schnitzler. Il convoque les grands artistes de l'époque et c'est somptueux.
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