Une courte narration mais assez dense et bien équilibrée d'enquête sur un meurtre commis par, disons, par le milieu (en effet la mafia il semblerait que personne en Sicile, ne connaisse On en entend parler comme le père noël mais personne ne la voit jamais ! ) Narration qui s'apparente presque à un véritable témoignage du fait de la grande qualité et du réalisme de la description des faits et déroulement de l'enquête
Sciascia nous dit qu'il l'a élaguée sa narration parce qu'il n'a pas eu la « parfaite liberté » de la laisser telle qu'il l'avait imaginée. On ose à peine imaginer ce qu'aurait été «
le jour de la chouette » s'il ne s'était pas autocensuré. C'est dit et c'est clair !
Des personnages très fuyants notamment les témoins qui s'esquivent le plus discrètement possible après le meurtre et qui obligent les carabiniers à leur courir après.
Sciascia parle superbement de la « reptation de crabe » du marchant de beignet qui prend la poudre d'escampette on imagine le pas de danse Des témoignages éthérés des témoins qui n'ont pas compris ce qui se passait
Des truands soit taiseux soit volubiles qui essaient de noyer le poisson Un indicateur, torturé par la peur qui lâche ce qu'il suppose savoir et en fait les frais
Des policiers opiniâtres un officier du continent Bellodi et un sous officier du cru, très peu aidés c'est le moins qu'on puisse dire par des politiques au mieux compromis au pire mafieux mais qui grâce à leur rouerie arrive à des résultats surprenants Ici c'est un montage très pertinent de faux témoignages qui permettent de pousser les truands à se démasquer et se dénoncer entre eux
Pour les petits détails de lecture qui font le charme des auteurs siciliens
En matières culinaires
Sciascia ne se montre pas gourmet comme Camilleri et son Montalbano Tout juste nous parle-t-il d'un rôti de mouton « froid c'est très mauvais, et réchauffé il serait encore plus mauvais non il faut qu'il soit chaud bien poivré avec la graisse encore liquide » Voilà pour les amateurs de saveurs siciliennes
Sciascia ne nous apporte pas grand-chose Un peu déçu quand même
En matières humaines peu de personnages secondaires gravitant autour des policiers
Sciascia fait rencontrer à Bellodi le capitaine de police une jeune femme nommée Livia C'est amusant mais cela rappelle la Livia de Montalbano Cette dernière génoise l'autre parmesane (oui ça fait penser au fromage mais celui-ci est bon) et donc de la à penser que les siciliens aiment les prénoms Livia(petite parenthèse qui permet de réunir
Sciascia et Camilleri)
Ces petits détails ne doivent pas faire oublier l'analyse politique mit dans la bouche des « corrompus » et dans les interrogations de Bellodi qui est très explicite
Les points de vue se rejoignent et
Sciascia nous montre que la Sicile est avant tout une mentalité Difficile à contrer elle vit pour elle-même et semble imperméable aux interventions extérieures c'est à dire du continent Ici la « loi » est immuable et sicilienne Il faut savoir jouer du faux et du vrai et savoir à qui on s'adresse
Excellente Introduction de
Claude Ambroise qu'il est préférable de lire en conclusion car elle risque d'enlever du plaisir au lecteur, plaisir de découverte du style
Sciascia
En Sicile on « fait le diable à quatre »et c'est bien dommage car si cette propension à la violence de quelques uns avec l'absolution de beaucoup d'autres n'existait pas, ce serait le paradis
Un bon
Sciascia