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À l'aube, sur une place d'un bourg de Sicile, un autobus s'apprête à partir, lorsqu'un retardataire signale sa présence. Alors qu'il s'apprête à monter, deux coups de feu claquent et l'homme s'affaisse, mort. La victime exerçait une activité d'adjudicataire de travaux public, dans les règles de l'art, repoussant les conseils pressants de personnes bien intentionnées et non moins bien informées, concernant la manière de gérer son affaire. Les voyageurs, le marchand de beignets qui se trouvait à trois mètres de l'endroit où l'homme s'est effondré, se sont  évaporés ; restent le chauffeur qui assure n'avoir d'yeux que pour la route et le contrôleur guère plus prolixe. Quant au seul témoin qui semble avoir vu quelque chose,  son épouse déclare sa disparition aux autorités, avant qu'on retrouve son cadavre, en voie de décomposition, au fond d'une anfractuosité, dans une zone agricole, quelque temps plus tard.

Le Jour de la chouette est un roman efficace dans son propos : illustrer l'omerta qui régnait tout particulièrement, en Sicile, dans l'immédiate après-guerre,  vis-à-vis de l'existence et des activités occultes de la mafia, et les appuis dont elle jouissait et dont elle jouit encore, tant localement qu'au plus niveau, de la part des autorités religieuses et politiques. Néanmoins, et bien que ce court roman soit le plus populaire de Leonardo Sciascia, il semble un peu superficiel de traiter d'un sujet aussi complexe et passionnant dans un roman de moins de deux cents pages, utilisant les codes rebattus du roman policier. 
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Une courte narration mais assez dense et bien équilibrée d'enquête sur un meurtre commis par, disons, par le milieu (en effet la mafia il semblerait que personne en Sicile, ne connaisse On en entend parler comme le père noël mais personne ne la voit jamais ! ) Narration qui s'apparente presque à un véritable témoignage du fait de la grande qualité et du réalisme de la description des faits et déroulement de l'enquête Sciascia nous dit qu'il l'a élaguée sa narration parce qu'il n'a pas eu la « parfaite liberté » de la laisser telle qu'il l'avait imaginée. On ose à peine imaginer ce qu'aurait été « le jour de la chouette » s'il ne s'était pas autocensuré. C'est dit et c'est clair !

Des personnages très fuyants notamment les témoins qui s'esquivent le plus discrètement possible après le meurtre et qui obligent les carabiniers à leur courir après. Sciascia parle superbement de la « reptation de crabe » du marchant de beignet qui prend la poudre d'escampette on imagine le pas de danse Des témoignages éthérés des témoins qui n'ont pas compris ce qui se passait
Des truands soit taiseux soit volubiles qui essaient de noyer le poisson Un indicateur, torturé par la peur qui lâche ce qu'il suppose savoir et en fait les frais
Des policiers opiniâtres un officier du continent Bellodi et un sous officier du cru, très peu aidés c'est le moins qu'on puisse dire par des politiques au mieux compromis au pire mafieux mais qui grâce à leur rouerie arrive à des résultats surprenants Ici c'est un montage très pertinent de faux témoignages qui permettent de pousser les truands à se démasquer et se dénoncer entre eux


Pour les petits détails de lecture qui font le charme des auteurs siciliens
En matières culinaires Sciascia ne se montre pas gourmet comme Camilleri et son Montalbano Tout juste nous parle-t-il d'un rôti de mouton « froid c'est très mauvais, et réchauffé il serait encore plus mauvais non il faut qu'il soit chaud bien poivré avec la graisse encore liquide » Voilà pour les amateurs de saveurs siciliennes Sciascia ne nous apporte pas grand-chose Un peu déçu quand même

En matières humaines peu de personnages secondaires gravitant autour des policiers Sciascia fait rencontrer à Bellodi le capitaine de police une jeune femme nommée Livia C'est amusant mais cela rappelle la Livia de Montalbano Cette dernière génoise l'autre parmesane (oui ça fait penser au fromage mais celui-ci est bon) et donc de la à penser que les siciliens aiment les prénoms Livia(petite parenthèse qui permet de réunir Sciascia et Camilleri)


Ces petits détails ne doivent pas faire oublier l'analyse politique mit dans la bouche des « corrompus » et dans les interrogations de Bellodi qui est très explicite
Les points de vue se rejoignent et Sciascia nous montre que la Sicile est avant tout une mentalité Difficile à contrer elle vit pour elle-même et semble imperméable aux interventions extérieures c'est à dire du continent Ici la « loi » est immuable et sicilienne Il faut savoir jouer du faux et du vrai et savoir à qui on s'adresse


Excellente Introduction de Claude Ambroise qu'il est préférable de lire en conclusion car elle risque d'enlever du plaisir au lecteur, plaisir de découverte du style Sciascia

En Sicile on « fait le diable à quatre »et c'est bien dommage car si cette propension à la violence de quelques uns avec l'absolution de beaucoup d'autres n'existait pas, ce serait le paradis

Un bon Sciascia
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Ce roman a été écrit en 1961 et il reste encore une référence pour comprendre comment fonctionnait la Mafia sicilienne. (En espérant que les choses aient changé !) Il est si connu ce roman que l'auteur qui a fait une carrière politique est devenu le spécialiste de la Mafia (Un peu trop semble-il à son goût !). J'ai cherché l'explication du titre, je n'ai rien vu d'évident. Je me lance dans une hypothèse, la recherche du coupable peut être devant les yeux de tout le monde, la mafia va rendre les évidences invisibles, comme les yeux d'une chouette qui ne voient rien à la lumière du soleil. le roman se divise en moments différents que le lecteur doit lui-même relier les uns aux autres. La scène initiale ressemble à une scène de film : un bus part sur la place du village, un homme court pour rattraper le bus, le chauffeur ralentit, ouvre la porte, deux coups de feu l'homme s'écroule. le bus se vide, les carabiniers arrivent, personne n'a rien vu. Ensuite l'enquête va se poursuivre, le commissaire est un homme du nord, pour qui la vérité et la logique semblent des valeurs fondamentales. Grâce à cette enquête, l'auteur nous montre que la vérité est là devant les yeux de tous. L'homme abattu, l'a été car il ne voulait pas payer l'argent de la corruption. Et, lorsque le commissaire remonte vers cet argent, tout le pouvoir local, mais hélas pour son enquête, également le pouvoir à Rome, commencent à trembler. Et si le pouvoir tremble, le commissaire a beau faire un travail remarquable, tout va redevenir « normal » et personne ne sera inquiété pour ce qui va devenir une banale histoire de passion amoureuse. le pire des truands aura un alibi suffisant pour que l'enquête s'arrête. Evidemment en 1961, ce roman devait avoir un autre poids qu'aujourd'hui. le fonctionnement de la Mafia nous est aujourd'hui beaucoup mieux connu, le romancier rappelle que le seul régime qui avait réussi à éradiquer la Mafia c'est le fascisme de Mussolini, et ce sont les Américains qui ont permis à ces bandits de revenir en force. le charme de ce roman est dans son écriture, surtout à la structure du récit. L'auteur ne semble jamais prendre parti, il nous montre en toute objectivité les faits, il y a un détachement qui rend la situation encore moins acceptable.

La traductrice a été un peu ennuyée, je pense, avec l'imparfait du subjonctif, c'est ‑à ce que je crois savoir- un temps normalement employé en italien, mais en français, beaucoup moins, surtout à l'oral, et sans doute jamais dans des commissariats.
Lien : https://luocine.fr/?p=13243
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Un homme est abattu devant un bus plein à craquer mais personne n'a rien vu. En quelques secondes, la place de cette petite ville de Sicile s'est vidée de tous les témoins potentiels. Deux autres meurtres, conséquence du premier, s'ensuivent. A l'aide de maigres indices, un officier de police venu du Nord de l'Italie va tenter de briser la loi du silence…
Ce livre pourrait être pris pour un roman policier classique, mais ce n'en est pas un. C'est plutôt un récit documentaire sur le problème de la mafia sicilienne, qui fournit une information très intéressante sur cette réalité, souvent niée par les habitants eux-mêmes. le livre est savamment construit, avec une alternance de séquences locales et d'autres qui se déroulent sur le continent, ce qui permet de vite comprendre que tout ne se jouera pas sur place, malgré l'habileté de l'enquêteur.
L'ouvrage de Sciascia, lui-même sicilien, permet de mieux comprendre la mentalité des habitants de l'île. Il montre la haine de l'autorité ancrée dans la mentalité sicilienne et la force des liens interpersonnels qui rendent possible l'émergence de l'organisation criminelle. La terreur exercée par la mafia sur les habitants pousse chacun de se taire et à devenir objectivement complice des assassinats. Sciascia évoque également le phénomène socio-politique de la mafia en montrant le soutien dont bénéficient les chefs mafieux au plus haut sommet de l'État. Il n'en oublie pas de les dépeindre tels qu'ils sont, des êtres pathétiques et incultes, qui se pensent supérieurs aux autres parce qu'ils imposent leur force autour d'eux.
C'est cet aspect « documentaire » qui fait tout l'intérêt de ce livre.
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Á savourer. Á sa juste valeur.

De bon matin, un homme est abattu alors qu'il allait se réfugier dans un bus. Nous sommes en Sicile, début des années 60, où l'ombre de la mafia plane au-dessus de l'ile.
Personne n'a rien vu, rien entendu, les cinquante passagers se sont volatilisés...

Une tâche bien ardue attend le capitaine Bellodi, pour que justice puisse être rendue...

Lecture extrêmement plaisante, une écriture simple, réfléchie, ingénieuse que j'adore parcourir quand l'occasion se présente.
Et qui prend le temps de bien détailler chaque situation.

Car nous avançons pas à pas dans cette enquête, où les rouages utilisés par la mafia sont patiemment, méthodiquement détricotés, et nous montrent à quel point il est difficile de s'y opposer.

Un ouvrage condensé, avec certaines citations marquantes, qui nous dépeint cette "Incroyable Sicile... Mystérieuse, implacable, vindicative... et très belle."
(plus d'avis sur PP)
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Ce livre a été mon introduction à l'univers de Leonardo Sciascia. Et surtout à son style époustouflant fait de précision et de concision.

Chacun de ses ouvrages, et celui-ci en particulier, fait revivre tout un monde, non seulement ses aspects factuels et extérieurs, mais surtout son mode de pensée. Et sans pour autant se lancer dans de grands développements psychologiques, seulement à coup de subtiles notations et sous-entendus qui sont bien plus agréables à lire et tout aussi efficaces.

Évidemment, quand on parle de l'emprise de la loi du silence sur toute une population, ce style devient en parfaite adéquation avec son sujet. Chef d'oeuvre, donc.
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Plus que de la mafia, ce court roman parle du silence, du déni, du mensonge, de la complaisance et de la corruption qui l'entourent, et qui voudraient nous amener à croire que la mafia n'est que pure fantaisie...
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Lu en V.O.

C'è livre écrit au début des années cinquante se présente comme un roman policier, tout y est : un assassinat, un tueur, un enquêteur qui essaie de résoudre l'affaire.
Mais c'est surtout une dénonciation frontale du pouvoir de la mafia dont l'existence à l'époque était largement niée.
Nous suivons l'enquête menée par un capitaine originaire de Parme. Dès les premiers instants, la fameuse omertà, la loi du silence, se met en place : la victime a été tuée alors qu'elle montait dans un bus rempli de passagers mais plutôt que de devoir témoigner, tous les occupants quittent le bus avant l'arrivée des autorités, et conducteur et contrôleur ne se rappellent de rien..
Est dénoncé évidemment la violence s'appliquant à tous ceux qui ne respectent pas les règles de la mafia , ses tentatives pour intimider tout témoin et la collusion de l'organisation avec certains politiciens.

Le style est fluide et sans fioritures.

Le roman eut un retentissement énorme en Italie, et a réveillé les consciences sur ce fléau hélas encore bien actuel aujourd'hui.
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Ce très court roman de 1961 est un texte fondateur . Il décrit ,avec une extraordinaire économie de moyens , le fonctionnement de cette mafia « classique » ( au regard de ce que sont devenues ces organisations en notre belle époque libérale et mondialisée) dont le grand art à cette époque rejoint celui du Diable d'après Baudelaire : sa plus belle ruse est de vous persuader qu'il n'existe pas. Comme dessinées à l'encre de Chine sur un mur écrasé de soleil sicilien , des silhouettes murmurent la leçon de l'omerta et le capitaine Bellodi verra se perdre son enquête
dans les marécages des interventions politiques .Un grand petit livre d'une impitoyable et ironique lucidité.
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En imposant la loi de silence l'OMERTA, la mafia italienne -et toute mafia, efface la mémoire des témoins, les terrorises et leurs imposent de renoncer à leurs identités de témoin.
Intérioriser la scène du meurtre c'est s'identifier à la victime et prendre la posture du mort en sursis: gestes pétrifiés, regards opaques,visages de déterrés.
Ainsi la mémoire est arraché par la menace de mort et le témoin l'intériorise par la refus d'être, il ne se souvient de rien .
Cette amnésie forcée aboutit à une culpabilité généralisée ou chaque témoin devient complice .
Tout au long du roman Sciascia théâtralise la scène, le lecteur devient spectateur , et au lieu de chapitre il divise son roman policier en séquences .. il filme et nous laisse emporté comme au cinéma .
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