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Le Cycliste de Tchernobyl est un roman très humain décrivant la vie de quelques irréductibles dans la ville interdite de Pripiat. L'auteur met en avant l'action du scientifique Vassili NETSERENKO dans cette ville. J'ai lu plusieurs ouvrages sur la catastrophe nucléaire de 1986. Chacun est appréhendé sous un angle différent. Dans le livre de Javier Sebastian , l'angle est vraiment original : un vieux monsieur abandonné dans un fast food sur les Champs Elysées à Paris. Petit à petit il va se confier à son bienfaiteur et dévoiler toute l'horreur de Tchernobyl. L'auteur décrit la folie des hommes du terrible régime soviétique de l'époque; le camouflage de la vérité alors que Vassili fait ce qu'il peut en se déplacement de lieux contaminés en lieux contaminés accompagné de son spectromètre qui lui vaudra les foudres du régime. Je dois dire que le style de l'auteur m'a quelquefois désarçonnée. Mais précisément, celui-ci participe à la folie du thème. Ce livre date de 2013: il reste d'actualité. Les craintes autour de la centrale nucléaire de Zaporijia en Ukraine nous le rappelle chaque jour. A recommander
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J'ai failli arrêter cette lecture, car entre elle et moi, le courant ne passait pas.

Le récit prenait du temps, je ne voyais pas où il allait arriver, pas de tirets cadratins pour les dialogues (pas de guillemets non plus). Bref, ça commençait mal.

Pourtant, le début avait tout de même éveillé ma curiosité : un vieil homme est abandonné dans un self-service, aux Champs Élysées.

Le narrateur est accusé d'avoir abandonné son père. Hors, ceci n'est pas son père. Un quiproquo qui va faire naître une histoire peu banale…

Lorsque nous sommes entrés à Pripiat, après la catastrophe d'avril 1986, la fusion a commencé, entre le roman et moi. Au diable les tirets cadratins manquants devant les dialogues, j'étais dans le récit et cela ne m'a plus gêné.

Une ville abandonnée, les villages aux alentours aussi. Tout qui se retrouve figé, notamment les auto-tamponneuses. Vertigineux, horrible. Tout le monde a dû partir, abandonnant tout sur place, n'emportant qu'une petite valise, obligé même de laisser leurs animaux de compagnie sur place…

Toute cette partie-là, ainsi que les quelques passages consacrés à ce qu'il se passa juste après l'accident, est terriblement instructive, intéressante et fait froid dans le dos.

Le vieil homme va tout doucement raconter son histoire et ce que l'on va découvrir sera bouleversant, en quelque sorte. Une vie après la mort d'une région. Cela valait la peine que je persévère dans ce roman. Mon début fut un peu laborieux, mais j'ai été récompensée ensuite.

On se demande ensuite ce qui fut le plus horrible : construire une centrale nucléaire sur une faille sismique, l'accident survenu suite à un test de sécurité mal assuré, le sacrifice des vies humaines pour enlever le graphite, la désinformation, la minimalisation de l'accident ou l'incapacité de l'URSS à réagir comme il fallait face à cet accident nucléaire ?

Sans doute le mélange de tout. Dans un scénario catastrophe, on trouverait cela exagéré et pourtant, la réalité a dépassé la plus mauvaise fiction.

Ce roman est une biographie romancée de Vassili Nesterenko, physicien spécialiste du nucléaire, qui s'est dressé, le poing levé, face au régime soviétique et face à tous ceux qui voulaient minimiser l'ampleur des dégâts, notamment sur la santé. Il a eu le KGB aux fesses, les flics, on a tenté de le tuer pour le faire taire.

Certaines scènes sont dramatiques, comme ces enfants qui ont mangé et bu ce qu'il ne fallait pas, parce que leurs parents n'étaient pas informés (ou mal informés), parce que seuls les habitants de Moscou étaient épargnés par les viandes, légumes, tubercules et autres produits des champs en provenance de la zone contaminée.

Le roman donne lieu aussi à de belles scènes, notamment celle de cette petite communauté vivant à Pripiat, soudée, qui danse, qui chante et où tout le monde prend soin de tout le monde.

Un beau roman, une belle histoire.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Un livre d'information sur les centrales nucléaires et la catastrophe de Tchernobyl de 1986 dont on parle peu mais qui doit être transmise aux jeunes générations. Je conseille de lire au préalable le livre de Svetlana ALEXIEVITCH : Tchernobyl, chronique du monde après l'apocalyopse - Prix Nobel de littérature 2015 - qui explique à partir de témoignages le vécu des habitants et employés de cette centrale nucléaire. 2 livres très forts qui nous décrivent ce que ce peuple a vécu et toutes les séquelles pour les humains, les animaux et la nature. Je le recommande.
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J'ai longtemps hésité à écrire cette chronique. Je tournais en rond autour de ce livre que j'avais repéré depuis longtemps déjà. Tout ce qui traite du sujet de Tchernobyl me touche pour diverses raisons.
Le texte évoque l'événement du 26 avril 1986, l'accident nucléaire de Tchernobyl et la tragédie qui s'ensuivit.
Nous connaissons bien sûr cet événement qui date de trente-cinq ans. Selon nos âges, il n'a peut-être pas le même impact sur nous. Ceux de ma génération se rappellent ce fameux nuage radioactif qui s'arrêta pile devant les Alpes pour les contourner et filer je ne sais où, sûrement vers l'Afrique ou les pays arabes... Une chance que la ville de Lourdes ne se trouvait pas dans le département des Alpes-Maritimes sinon nous étions bons pour entendre les cloches sonner jusqu'à la fin des jours... J'ironise, mais c'est un rictus, j'accentue à peine le trait car le récit dont je vais vous parler évoque justement ce mal qui peut accroître un mal et qui s'appelle la désinformation...
À cette époque, j'étais depuis plusieurs années déjà un peu sensibilisé par un professeur de physique-chimie qui nous avait convaincu de la terreur nucléaire. Dès 1979 lorsque j'avais dix-sept ans, sur cette pointe chérie du Finistère nous avions résisté à ce projet d'une centrale nucléaire qui devait s'installer à Plogoff, proche de la pointe du Raz. Des artistes comme Jacques Higelin étaient venus soutenir notre cause. François Mitterrand élu Président de la République le 10 mai 1981 supprima définitivement le projet. C'était d'ailleurs une des promesses de sa campagne.
Ce n'est pourtant pas de cette manière que je suis venu à ce roman, bien que mon cher professeur de physique-chimie avait alors décrit tous les risques qu'une centrale nucléaire peut engendrer et, malgré les sarcasmes qu'il recevait régulièrement, force est de constater que ses craintes se sont avérées ici justifiées...
Non, le sujet m'est revenu plus tard, depuis quelques années, comme un aiguillon, puisque ma nouvelle compagne est ukrainienne, elle habitait Kiev au moment de l'événement c'est-à-dire précisément à quatre-vingt quatorze kilomètres à vol d'oiseau de Tchernobyl. Par sa relation j'ai rencontré une femme aujourd'hui brestoise qui fut toute jeune adolescente irradiée à Pripiat dont le corps aujourd'hui continue 35 ans après de souffrir de l'événement et une autre femme dont le père était pompier, déployé le premier jour par hélicoptère au-dessus du réacteur infernal. Il mourut le lendemain dans d'atroces souffrances ainsi que tous les autres membres de l'hélicoptère y compris un journaliste qui les accompagnait pour faire un reportage.
Mais revenons à l'histoire...
Au départ
Un vieil homme hagard
Venu de nulle part
S'égare
Dans l'histoire...
Que fait-il à Paris ? Il semble qu'on l'ait abandonné dans un fast-food des Champs-Elysées. Un quiproquo cocasse fait que le narrateur, présent à ce moment-là sur les lieux, doit le prendre en charge parce que les autorités locales ont déduit qu'il était son père... « Ne me laissez pas me tuer », c'est à peu près tout ce que ce vieil homme mutique sait dire. C'est alors que peu à peu le narrateur va découvrir l'ampleur du vertige et du drame qui touche ce vieil homme, son itinéraire, ce lieu tragique d'où il vient... Pripiat, antichambre de l'insoutenable...
Pripiat, ville devenue fantôme après l'accident du 26 avril 1986, située à trois kilomètres de la centrale de Tchernobyl. Nous découvrons peu à peu un territoire postapocalyptique dans une réalité qu'aucun romancier porté sur cette thématique n'aurait peut-être malheureusement pu imaginer ainsi dans une telle horreur.
Car le scénario dystopique de cette tragédie organise le récit en trois temps : avant, pendant, après.
Le récit nous révèle l'horreur ainsi : le lieu construit sur une faille sismique, l'accident lorsqu'il survient suite probablement à un test de sécurité mal assuré et qui démontre l'incompétence technique pour le gérer, mais peut-être et sans doute après ne serait-ce pas là que le récit révèle l'ampleur du plus grand drame, là où est venu le plus grand nombre de décès à cause de l'incapacité du régime soviétique à réagir à l'événement, à cause des réponses apportées, mais sans doute en raison de la désinformation liée au sujet puisque souvent c'est ainsi que s'imprime la marque des régimes autoritaires. En clair de centaines de milliers de morts sont venus pour des raisons humaines.
Le texte démontre, exemples à l'appui, la manière dont le régime soviétique a instrumentalisé l'événement et l'a accompagné à son bénéfice.
Voici un exemple flagrant :
Confidentiel. Protocole n°10 du 10 mai 1986. Dans la deuxième disposition, le Groupe stratégique du Politburo ordonnait du ministère de l'Agriculture de ne pas envoyer à Moscou la récolte de légumes, tubercules et autres produits des champs contaminés. Mais on pouvait les envoyer dans d'autres villes de l'Union Soviétique.
Vous en voulez encore un autre :
Confidentiel. Protocole n°32, du 22 août 1986. Afin d'éviter un excès de substances radioactives dans l'organisme, il faut disperser la viande contaminée et l'employer en charcuterie et conserves, à raison d'un dixièmes mélangé à de la viande propre. Cette prescription est valable pour tous les territoires, y compris la Moldavie, les républiques transcaucasiennes, le Kazakhstan et l'Asie centrale. L'unique exception sera Moscou, où les lots de viande contaminée ne seront pas envoyés.
Le cycliste de Tchernobyl, c'est Vassili Nesterenko, physicien spécialiste du nucléaire, un homme qui se bat, qui combat, qui se dresse, qui pédale, qui se promène dans un lieu qui devient invisible pour le reste de l'humanité. Effectivement poursuivi par la police du KGB parce que Vassili gêne, révèle des choses désagréables pour l'autorité soviétique, il abandonne sa Volkswagen au début de la zone de contamination après une course poursuite avec des inconnus qui détruiront sa voiture. C'est là que le côté cycliste s'imposera... Son véhicule brûlé, l'homme se saisit d'un vélo et fusionne avec une communauté qui vit sur place malgré l'interdiction, on les appelle les samosiol, ceux qui sont revenus dans la zone interdite. J'ai alors adoré ce temps approprié par une communauté humaine hors du temps et presque de l'espace, sur cette zone contaminée pas seulement par l'atome.
Cet homme, qui se bat, qui combat, est un homme de la science. Il aide, il va aider chercher à aider des femmes, des enfants, des hommes sur ce territoire qui est totalement anéanti. Il va attirer l'attention, informer, alors que le régime soviétique fera tout son possible de manière machiavélique pour effacer l'empreinte de l'erreur et de sa conséquence, fera tout pour faire taire cet homme, sa parole, son action, avec ces silhouettes sinistres des hommes du KGB à la manoeuvre.
Il y a des scènes inoubliables, avec des enfants dont les parents ne savaient pas ce qu'il fallait faire, démunis devant l'événement et la contradiction des informations qui suivront, des enfants qui n'auraient pas dû rester là, manger ceci boire cela. Vassili va les aider et prendre soin d'eux... Des enfants qui restent là et brusquement ressentent atrocement les effets de la radioacticté sur leurs corps. Je vous éviterai le détail sur les naissances qui ont suivi l'accident. Terrifiant !
C'est un récit façonné d'horreur, de révolte, d'amour et d'amitié dans des paysages hallucinés de fin de monde.
Oui, il y a aussi des scènes incongrues de fraternité et de solidarité, il y a de la lumière qui se dessine dans ces champs bombardés d'atomes...
Oui parce qu'il y a de l'espoir dans ce récit, ce cycliste qui pédale dans cette zone interdite de Pripiat est éblouissant, parce qu'il n'est pas seul et que sa démarche sert.
Une communauté attachante d'hommes et de femmes se tisse, se dresse, rit, s'aime, danse, chante des chansons de Demis Roussos derrière les murs d'un ciné-théâtre délabré, étrangement vit et résiste dans un monde détruit.
Il y a quatre ans j'étais à Kiev et je fus sidéré de découvrir devant une agence de voyage une publicité invitant à une expédition pour Tchernobyl, vantant le dépaysement assuré.
Je ressors ébloui et dévasté par ce texte qui dit beaucoup de choses pour moi.

Pour traverser le miroir
je ne veux que ton regard
pour mon voyage sans retour
mourir auprès de mon amour
et m'endormir
sur ton sourire.
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Un très bon roman inspiré d'un personnage réel. On en apprend beaucoup sur Tchernobyl, ce drame qui a bercé mon enfance, le sujet reste peu étudié pourtant depuis quelques années les infos sortent enfin. Un drame planétaire mais surtout humain et justement ici on y découvre des hommes et des femmes simples, si ont subi ce drame. On y découvre aussi une terre , la fin d'une époque , un état qui contrôle tout et chacun . le sujet est vaste et passionnant, je compte bien l'exploiter en continuant avec " la supplication " . Ici le style et le récit est t'es original, il faut s'adapter au départ , on passe d'une époque a une autre et d'un personnage a un autre sans transition mais il est dur de lâcher tant le destin de ce physicien est intrigant .
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Pas toujours facile à suivre mais vaut le détour. Je ne connaissais pas cet auteur et suis tombée sur ce livre par hasard. Outre une documentation assez solide (et inquiétante) sur les causes et conséquences de la catastrophe de l'accident nucléaire de Tchernobyl, ce court récit offre de belles descriptions de paysages et de personnages qui tentent de résister et continuent d'exister dans la zone interdite. le tout dans un style poétique qui m'a bien plu, avec en prime une intrigue genre thriller. Une belle surprise.
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Mon avis :
Ce petit roman est un bonbon fourré : sous la surface d'une histoire sucrée à humour pétillant, on découvre une garniture plus sombre, dont les ingrédients peuvent laisser un arrière-goût aussi amer que le plutonium. du moins, je me plais à imaginer que le plutonium dégage ce genre de saveur…
La vie romancée de Vassili Nesterenko est racontée selon trois registres  : sa rencontre, en France, avec un Espagnol en convention pour les poids et mesures, peu de temps avant son décès (2008), et son activité en URSS, en deux périodes, au moment de la catastrophe de Tchernobyl, où il s'occupe des retombées immédiates de l'accident, et plus tard, quand il est forcé de se réfugier dans la ville fantôme de Pripiat, à quelques kilomètres de la centrale.
Si l'on peut reprocher à ce livre quelques passages un peu trop didactiques, notamment lorsque le narrateur (l'Espagnol) enquête sur ce vieil homme qu'il a pris sous sa protection, ceux-ci sont néanmoins nécessaires et apportent un contrepoint de réalité crue dans ce récit empreint d'une joyeuse loufoquerie, malgré la gravité du sujet.
Dans cette ville abandonnée où il se réfugie pour échapper aux agents des services secrets, Vassia (diminutif de Vassili) s'aperçoit qu'il n'est pas tout seul : d'autres gens sont revenus vivre à Pripiat, chacun avec ses raisons ou sa déraison, et cette poignée de solitaires forme une communauté baroque, un peu bancale, où la réalité se confond avec les rêves et la folie. Car faut-il du courage ou de la folie, pour rester à Pripiat ?
Menacé par le gouvernement russe, poursuivi par le KGB, Nesterenko a dû fuir Minsk, puis Pripiat et Paris… Fuir pour continuer à se battre, à dénoncer les mensonges d'état et les non-dits politiques…
Ce sublime roman au ton décalé, profondément humaniste, est tout à la fois une dénonciation des dangers du nucléaire − cette énergie que l'on dit propre, mais qui peut empoisonner la terre pour des milliers d'années −, et un hymne à la capacité de l'être humain à se réinventer, à créer du beau même dans la plus sombre des situations.
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J'ai eu du mal à voir où l'auteur voulait en venir ; du mal à placer les personnages. Et puis je me suis laisser prendre à cette vie un peu particulière à Pripiat ; à m'attacher aux personnages .
Le coté "scientifique " ; réaliste m'est apparu dans toute son horreur dirai-je !
Même si on se doute que Tchernobyl est toujours une épée de Damoclès ; le lire avec tant de détails ; fait vraiment peur.
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Le héros de ce roman n'est pas un personnage de fiction, il a existé. Il fût un des liquidateurs lors de l'accident à la centrale de Tchernobyl, en Avril 1986, mais son action personnelle a sauvé « l'Europe de l'enfer ». Lorsque l'on découvre ce type de roman, il faut remercier l'auteur, Javier Sebastiàn, de l'avoir écrit, l'éditeur, Métaillé, de l'avoir fait traduire et publié en France. Un scientifique espagnol est à Paris, il est membre de la Conférence internationale des poids et mesures. Dans un self-service parisien, il est le témoin d'une scène, un vieil homme est abandonné, après plusieurs péripéties, il le recueille chez lui et va découvrir qui est cet homme, et apprendre également l'existence du " cycliste de Tchernobyl ". Inspiré librement de la vie de Vassili Nesterenko, physicien, directeur de l'institut à l'énergie nucléaire de Biélorussie, qui a dirigé un projet secret de l'URSS, est intervenu immédiatement pour limiter la catastrophe à Tchernobyl, puis pourchassé par le KGB, car il s'opposait à la désinformation sur les conséquences sanitaires de l'accident, fût contraint de se réfugier, à Pripiat, la ville interdite, la plus proche de la centrale, ce roman fait entrer le lecteur au coeur de l'accident de la centrale, lui fait découvrir la vie dramatique des hommes et des femmes qui vivent dans la zone interdite, lui montre les graves conséquences des radiations, notamment sur les enfants, lui révèle l'ampleur de la désinformation du pouvoir soviétique, et les disparitions de plusieurs ingénieurs qui s'y sont opposés. Javier Sebastiàn, donne à la littérature plus de force, que tout autres moyens de communications pour montrer les dégâts humains causés par la catastrophe. Parfaitement documenté, ce roman se réfère à des informations publiées dans des revues scientifiques mais il y ajoute l'émotion de la fiction, en associant des personnages réels et des personnages fictifs, en décrivant les sentiments, les angoisses, les chagrins, la peur, les combats pour survivre, des uns et des autres. Il y a parfois trop de statistiques, mais le sujet et son traitement en font un livre fort. Un jour peut-être, un écrivain français écrira un roman sur la désinformation concernant le nuage de Tchernobyl, qui s'est arrêté aux frontières de notre pays sans les franchir, d'après les autorités de l'époque, en attendant il faut lire " le cycliste de Tchernobyl " pour savoir à côté de quoi l'Europe est passée, ce qu'ont vécus et vivent encore les victimes.
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Qui est ce vieil homme abandonné dans un self service? Ne se rappelle t-il vraiment plus qui il est ? quel est le rapport entre lui et la ville de Pripiat, ville fantôme, abandonnée de tous depuis la catastrophe de Tchernobyl? de tous? Non, pas de tous. Certes, la ville a été évacuée (trop tard mais elle l'a été), certes, tous ces habitants sont censés vivre maintenant ailleurs. Mais est ce vraiment la réalité? On ne parle guère de cela mais certains sont revenus. Déracinés, ne trouvant pas leur place ailleurs, quelques personnes sont revenues vivre dans la zone contaminée. Parmi elles, Vassia, physicien, poussé contre son gré à regagner Pripiat. Vassia qui détient la vérité sur les dommages créés par la catastrophe nucléaire et qui a voulu prévenir et aider la population. Vassia, qui, pour cela, se retrouve menacé de mort. Menacé de mort pour avoir voulu crier la vérité sur la désinformation systématique à propos de Tchernobyl.

Ce livre est librement inspiré par l'histoire de Vassili Nesterenko, physicien spécialiste du nucléaire. Pour avoir voulu contrer la désinformation, il se retrouvera poursuivi par le gouvernement. Un gouvernement minimisant la catastrophe de telle manière qu'il fait courir un danger encore plus grand à la population.

Cette lecture ne peut que nous faire frémir. L'histoire de Vassia représente à elle seule la folie humaine. Cette folie qui a conduit à taire les conséquences de l'accident de Tchernobyl et à condamner ainsi tant de personnes qui auraient pu être sauvées. La situation des "samiosol", ces personnes qui refusent le déracinement et vivent sur les terres irradiées ne peuvent que bouleverser le lecteur. Ces personnes sont condamnées, elles meurent les unes après les autres et pourtant, s'accrochent à la vie et à leurs racines.

A travers ce livre, l'auteur rend hommage aux victimes de Tchernobyl, ces gens à qui l'on a dissimulé la vérité, à tous ceux qui ont payé ce mensonge de leur santé et de leur vie mais aussi à tous ceux qui ont tenté de crier la vérité et de prévenir la population du danger. Hommage et dénonciation à la fois, ce texte m'a autant bouleversé que consterné.

C'est un roman, certes, mais un roman inspiré de faits et de personnes réelles, un roman qui m'a prise aux tripes, un roman profondément engagé. A lire absolument. A lire pour savoir, pour ne pas oublier.
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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