Pour décrire la vie admirable de cet homme miraculeux et comblé de grâces divines, dit Frankenbergy il faudrait un rhéteur plus accompli que moi-même. Mais, comme aucun de ses compatriotes ne s’est encore chargé de ce soin jusqu’à ce jour, je vais essayer de le faire brièvement au moyen de souvenirs que je recueillis de sa propre bouche, pendant les années 1623 et 1624, où je fus son voisin.
C est cette relation que nous allons reproduire, en la complétant par celles d’autres disciples du théodidacte; le portrait que nous donnons est dessiné d'après un cuivre dont nous devons la communication à l obligeance de M. L. Bodin, le libraire bien connu.
N’oublions pas une circonstance qui peut jeter un nouveau jour sur les théories de notre Boehme. Dans l’année 1620, il fit la connaissance d’un certain Dr Balthazar Walter, de Gros-Glokau (Silésie), qui demeura plus de trois mois avec lui, avec lequel il eut de longs et fort secrets entretiens. Ce docteur, qui mourut plus tard à Paris, avait voyagé pendant six ans en Arabie, en Syrie et en Égypte, où il s’était instruit de la sagesse cachée. Il fit connaître à Boehme les oeuvres de Reuchlin, de Riccius, de Pic de la Mirandole, d’Angelus de Burgo-Nuovo; ils discutèrent ensemble la philosophie du Zohar et se quittèrent plein d’estime mutuelle.
Âme. L’âme de l’homme est, d’après Boehme, le feu central éternel de la volonté propre : elle est donc le premier principe; elle est le résumé des trois mondes, possède en spirituel les sept formes de la nature, elle est immortelle et plus haute que les anges. L’esprit de l'âme est la lumière centrale ou Temple de Dieu. L’âme a un corps dans le monde de la lumière, c’est l’élément pur ; elle a un corps astral selon le spiritus mundi, et un corps physique. Elle est localisée dans le coeur; le cerveau est son organe, la Teinture du corps est son corps; le sang est sa maison.
Lorsqu’il en sortit, il abandonna complètement les plaisirs de la folle jeunesse ; il ne fréquenta plus que les églises, s’enfonçant dans l’étude de la Bible, et recueillant avec empressement la parole des prédicateurs et la vertu des sacrements. L’austérité de sa vie et la pureté de ses moeurs ne firent que lui susciter les persécutions de son entourage ; son maître alla même jusqu’à le renvoyer.
Tous les contemporains du « théodidacte » ne tarissent pas en éloges sur son admirable douceur et sa longanimité. C’est ainsi qu'un jour il vit arriver un inconnu qui voulut conjurer son esprit familier par les incantations d’une fausse magie ; Boehme se borna à lui faire des remontrances sérieuses et le renvoya.