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La vie d'un couple ordinaire qui procrastine tous les jours en regardant des séries télés, mais en rêvant d'accomplir de grandes choses, qu'ils finissent néanmoins par remettre au lendemain. Ni le harcèlement de leur voisin envahissant, procédurier et tatillon, ni même la maladie grave de l'oeil qui affecte le héros ne suffit à faire évoluer ce couple vers l'action...
Même si l'auteur a su saisir quelque chose qui définit la vie de beaucoup de gens, et malgré un certain humour, ce livre ne m'a pas vraiment convaincu.
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Un grand cru de Philippe Ségur
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« Extermination des cloportes », que peut bien cacher ce titre intrigant ? Il est évident que ce sont ces trois petits mots qui ont attiré mon attention de lectrice. Ensuite, quand on s'attarde sur la quatrième de couverture, il y a quelques thèmes qui attirent l'attention, un couple tout ce qu'il y a de banal qui tente de se sortir de leur vie en tentant de réussir chacun leur « chef d'oeuvre » respectif, des thèmes récurrents d'une vie ordinaire ; l'immobilier, la réussite sociale, chercher le bonheur au bout d'un chemin semé d'embûches, de voisins récalcitrants et surtout de cloportes qui viennent occulter la vie de nos deux personnages principaux.

Le roman raconte la vie de deux enseignants, maîtres de la procrastination, pourtant ils rêvent les deux tourtereaux, à la fois naïfs et contemplatifs, l'un cherche à écrire un best seller, un futur prix Goncourt, une oeuvre littéraire qui les rendra riche et lui apportera le succès et la reconnaissance qu'il pense mériter, l'autre étale ses livres sur la grande table de la cuisine, et tente entre deux recherches d'achats internet, de rédiger une thèse. Évidemment, cela demande du travail, de l'investissement, du temps et de la motivation, alors au rythme de trois à quatre épisodes des Soprano, c'est difficile d'aboutir aux objectifs. Persuadés tous les deux, enfin du moins Don Dechine, car Betty suit le mouvement de son homme sans forcément y réfléchir davantage, que leur salut se trouve à la campagne, loin de la ville, loin de cet appartement austère et nuisible à leur talent, et surtout loin de ce voisin envahissant et harcelant, M. Mortez, toujours à planifier de nouveaux travaux au sein de la copropriété et plus particulièrement au sein de l'appartement du couple, ils décident de chercher une maison à la campagne.

Dans ce roman, il faut y voir beaucoup d'ironie, beaucoup de second degré, et un humour à la fois loufoque et limite satirique sur certains thèmes qui ressortent. le couple en soit correspond à deux personnages complètement farfelus et naïfs, persuadés de leur valeur, se sentant hors du monde et bien ancrés dans leur couple sans forcément s'appesantir sur leur entourage, d'où l'absence de personnages secondaires probablement si ce n'est le fameux M. Mortez. Don Dechine, pseudo d'auteur de notre personnage, est un auteur qui n'a jamais rien écrit, toujours à la recherche d'un titre, d'une première ligne, il passe en grande partie dans le roman à se lancer des fleurs, à se persuader de sa réussite future et tente de faire l'homme face à une femme complètement béate et fascinée par l'intelligence et les idées de son cher et tendre. Il peut vite se révéler agaçant dans son attitude sûre de lui. Quant à Betty, jeune et innocente, qui joue franchement bien le rôle de la femme amoureuse complètement éblouie et passionnée par son homme, peut vite passer pour une gourdasse sans aucune personnalité, toujours à affirmer les dires de Don Dechine, mais en même temps très sensible aux attentions de celui-ci. Bref, nous avons un couple assez hallucinant dans leur flemmingite aiguë, passant des heures devant la télévision ou plus rarement des heures à lire. Jusqu'à ce qu'ils adoptent un cloporte, un premier cloporte s'installe dans le chant de vision de l'homme, métaphore d'une tâche qui annonce l'inéluctable et c'est la vie du couple qui bascule. Cela s'accumule et le couple décide de prendre un virage à 180° dans leur quotidien. On entre dans les thèmes clés du roman ; la maladie d'une part, traité avec un humour décoiffant, le lecteur reste perplexe face aux professionnels de santé mais surtout face aux réactions de Don Dechine, cela lui semble secondaire alors qu'il se passe inévitablement quelque chose, l'immobilier d'autres part, là encore le couple rencontre les professionnels de ce domaine ; agent immobilier, banquier, notaire, plombier, etc… de l'achat à la vente, ils passent par toutes les expériences plus ou moins réussies… Sans oublier l'incroyable M. MORTEZ, agent de la DDE, le voisin ne voit le monde qu'à travers la multitude de travaux à réaliser et le couple est dans son collimateur pour réaliser des travaux toujours plus fous, toujours plus coûteux. Au final, on est vite pris d'un peu de tendresse pour ce couple, finalement doux rêveurs enfantins, pleins de croyance et d'espoir.

Du côté du style de l'auteur, c'est dynamique et plein d'ironie, l'auteur joue la carte de l'humour et de la dérision certainement, ayant pleinement conscience de stigmatiser et d'entrer dans des clichés en dévoilant ses personnages. le roman se lit très vite, les chapitres sont courts entretenant un dynamisme de lecture plutôt agréable.

En bref, Extermination des Cloportes est avant tout une satire pleine d'humour d'un couple complètement paumé dans leur routine quotidienne, aspirant au changement en réalisant leur rêve, certainement un reflet d'une société actuelle en déperdition totale, oubliant l'essentiel ; croire en soi, croire en ses rêves, mais aussi vivre loin de la déchéance citadine pour mieux se ressourcer dans la fraîcheur campagnarde. Un roman à deux sens donc, l'une plus narrative et fictive, l'autre plus réfléchie voire même philosophique. Un roman qui aura le mérite de ses idées !

Je remercie Babelio et son partenaire les éditions Buchet – Chastel pour cet envoi.
Lien : https://songesdunewalkyrie.w..
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Extermination des cloportes est un roman formidable !

Nous rencontrons Don Dechine et Betty Dechine, mari et femme qui paraissent tout à fait banals au premier abord et qui paradoxalement sortent de l'ordinaire. Don Dechine n'a qu'un but dans la vie : écrire un best seller, Betty quand à elle doit rédiger une thèse. Tous deux sont la motivation incarnée mais lorsqu'il s'agit de véritablement se mettre au travail, c'est une autre histoire… Comprenez, il y a l'intégrale des Soprano à regarder, du thé à préparer, une bonne tarte à cuisiner… Et puis surtout, il y a l'environnement à changer, Don Dechine recherche la nature et encore plus important, l'écrivain en devenir à un problème, il a un cloporte dans l'oeil…!

Ce roman est exceptionnel ! C'est bien simple : j'ai tout aimé !

J'ai adoré le choix de la narration à la première personne, du point de vue (totalement tordu) de Don et le ton caustique utilisé. Nous sommes immergés dans l'esprit complètement truculent de Don qui a l'air de sortir tout droit d'une autre dimension. On décèle assez rapidement chez lui un narcissisme et une confiance à toute épreuve, qui surplombent la vérité et bravent l'évidence. Son jugement est on ne peut plus biaisé, il est en proie à une véritable distorsion de la réalité mais c'est un vrai régal de suivre le fil de sa pensée. Pour résumé le personnage de Don Dechine, je dirais qu'il est complètement à l'ouest. Il voit le mal partout quand il n'y en a pas et paradoxalement, il n'arrive pas à repérer l'escroquerie quand elle se présente devant lui.

Cette altération du jugement est visible à plusieurs reprises, provoquant des situations très cocasses qui engendrent un rire, parfois franc et d'autres fois jaune. Je pense notamment à quelques événements liés à un plombier urgentiste dont émane un sentiment d'arnaque à trente kilomètres ou un agent immobilier qui semble avoir tout appris du métier au sein de la mafia sicilienne etc… Ce sont des situations que Don nous décrit clairement, en prenant soin d'exprimer ses doutes, ses impressions négatives et qui forcément, induisent chez le lecteur la compréhension d'une escroquerie évidente mais que Don n'arrive pas à appliquer à lui-même. Cela confère un sentiment ambivalent chez le lecteur qui rit du personnage autant qu'il s'irrite de le voir autant à côté de la plaque alors que toutes ses impressions sont bonnes.

J'ai également apprécié le personnage de Betty, sa femme, que l'on a un peu du mal à appréhender. Elle nous parait toute ingénue, auréolée d'innocence et de naïveté de telle sorte qu'elle nous charme autant qu'elle nous agace. On a envie de la protéger mais on a également envie de la secouer pour qu'elle réalise que Don maîtrise autant chaque événement qu'il est un écrivain prolifique. Curieusement, on a aussi la sensation que Betty n'est pas si innocente qu'il n'y parait puisqu'à plusieurs reprises, on constate quelques dons de manipulation à l'encontre de Don. Elle use et abuse de la psychologie inversée à son égard, elle semble parfois dire certaines choses qu'elle ne pense pas dans l'objectif ultime de voir Don faire l'inverse, et donc lui donner raison au final. Betty est un personnage complexe, extrêmement intéressant à observer par l'intermédiaire du regard que Don porte sur elle.

L'alliance des deux personnages est savoureuse. Ce sont les rois de la procrastination, bien qu'ils ne l'avoueraient pour rien au monde. Les deux ont un objectif simple : l'une doit rédiger sa thèse, l'autre un roman. Ils s'échinent à mettre en place des plans pour optimiser chaque minute de leur vie de couple afin de se mettre au travail mais trouvent toujours quelque chose de plus important dans l'immédiat à faire. Qu'il s'agisse de leur série phare Les sopranos (un épisode en entraînant un autre), une patisserie à réaliser, un thé à faire infuser à la perfection, une maison introuvable en pleine nature à rechercher, tout est bon pour repousser leurs projets respectifs. La manière dont l'auteur rend compte de cette procrastination est vraiment hilarante, puisque l'on suit les pérégrinations mentales de Don qui aboutissent à chaque excuse permettant de repousser l'objectif. C'est un vrai régal !

Si tout le roman repose sur un humour par moments léger, à d'autres caustiques, un drame se profile en filigrane tout au long du récit, par la maladie de Fuchs, qui touche Don du jour au lendemain. Cette maladie est traitée avec humour, incarnée par ce fameux cloporte qui prolifère chaque jour un peu plus, mais n'en reste pas moins tragique dans la manière qu'à Don de nier l'évidence.

En définitive, Extermination des cloportes est un roman exceptionnel que j'ai pris grand plaisir à découvrir ! Je ne connaissais pas l'auteur mais je suis désormais certaine que je lirais ses autres ouvrages quand l'occasion se présentera. C'est un vrai bonheur !
Lien : http://www.casscrouton.fr/ex..
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