J'avoue ne pas être un grand amateur de témoignages ou de biographies.
Pour moi la lecture est une évasion, une porte grande ouverte sur l'imaginaire ; un truc où je peux rêver, croire, recevoir des vagues de nouvelles idées, d'émotions.
Lire les déboires et avanies d'autres humains qui se débarbotent dans le même océan que le mien ne me sourit guère.
J'ai fait une exception à ce goût en essayant de tester un nouveau « plat », et voilà :
C'est très vivant, sous forme de tableaux successifs, passant d'un personnage à l'autre,
Laurent Seksik leur accorde des pensées que peut être ils n'eurent pas mais qui peuvent expliquer leurs agissements et qui romancent le récit.
C'est aussi très violent.
L'auteur, médecin, nous fait une description très détaillée de la schizophrénie nous faisant goûter les fluctuations entre la pleine conscience et ces moments où il est impossible à Eduard de contrôler ses émotions. ces moments de grande souffrance qui se traduisent par son extrême violence, passant des grandes amours aux haines profondes.
Nous baignons, tout au long du roman, dans un univers très tourmenté psychiquement :
Entre Albert Einstein et sa première femme Mileva avec laquelle ils auront, à vingt ans, une fille non désirée qu'ils abandonneront plus ou moins, qui mourra en bas âge et dont l'existence fut à jamais cachée à tout le monde, même à leurs enfants à venir.
Mileva, physicienne serbe de renom, issue d'une famille de schizophrènes aimant follement ses enfants mais dont le portrait psychotiques se dessine : jalouse du succès intellectuel d'Albert, aigrie, se refermant sur elle même, justifiant l'hérédité de la maladie d'Eduard.
Albert, coureur de jupon qui prendra maîtresse qu'il trompera à son tour, qui divorcera abandonnant une première fois femme et enfants
Hans-Albert, son premier fils, dont Albert condamnera le mariage et qui logiquement s'éloignera du père.
Eduard, son second fils, qui sombrera dans la schizophrénie à l'âge de vingt ans et que son père n'aura pas le courage d'assumer, ou bien qui aura peur de déséquilibrer encore plus.
Albert encore qui fuit en Amérique, abandonnant une nouvelle fois ses enfants, pour échapper aux persécutions nazies et qui n'est pas le bienvenu en Amérique
Et bien sûr ce pauvre Eduard souffrant le martyre de sa maladie et naviguant au milieu de tout cela, tentant de se rendre compte de ce qu'il se passe entre deux de ses crises et qui finira seul ses jours dans une institution psychiatrique.
Ouf ! Excusez-moi, mais je suis content d'en avoir fini avec cette lecture, comment dire……trop réelle.
Par contre, pour les amateurs, force est de reconnaître à l'auteur de grandes qualités d'écriture nous livrant ici un texte agréable à lire, instillant la juste quantité d'émotions pour nous faire pénétrer dans la tourmente psychique des malades et de leur entourage.
Et puis, à travers le destin d'Eduard, nous en apprenons un peu plus sur ce géant que fut
Albert Einstein et sur les paradoxes de sa vie qui ne fut certes pas simple du tout.