« le motel était un blockhaus en parpaing bleu gris avec un toit en tôle ondulée. Il ressemblait à une latrine construite par des chevaux intelligents. Chacune des portes de la stalle était équipée d'une serrure à pièces de monnaie, dans laquelle le « pensionnaire » devait insérer vingt dollars pour obtenir sa clé. Il n'y avait pas de personnel en vue. »
Un geste apparemment anodin sera le commencement de grands ennuis pour Tom Brodzinski et sa famille. Ils sont en vacances dans une « île-continent » (imaginaire) immensément longue à parcourir. Alors qu'il jette par mégarde le mégot de sa dernière cigarette de son balcon, celui-ci atterrit sur le crâne d'un vieil homme, assis sur un fauteuil juste en dessous. Il est légèrement brûlé mais sa compagne, une jeune femme autochtone, va porter plainte contre Tom. Particularité de ce vaste pays touristique, c'est une cour de justice coutumière qui est compétente. Tom devra entreprendre un très long voyage pour être jugé, en compagnie d'un certain Prentice, qui lui doit être déposé aux « Tontine Townships », à mi-chemin…
Toute la vie de Tom va être remise en question à l'occasion de ces tribulations, y compris celle qu'il menait avant de venir en vacances dans ce pays.
Je me suis d'abord demandé pourquoi « The Butt » (le mégot) était devenu «
No Smoking » en français. Pour me rendre compte qu'en effet ces panneaux d'interdiction étaient très fréquents dans ce récit surréaliste. On s'y entretue à qui mieux-mieux, sur ce continent, on y signe des contrats qui encouragent les co-signataires à vous faire passer de vie à trépas pour leur plus grand bénéfice (tontines) mais les fumeurs y respectent « la ligne des seize mètres » !
Que dire de plus ? le style de
Will Self est vraiment original, barré même. Ce que je savais déjà car, si je ne suis pas un fan absolu, j'ai tout de même lu de lui quelques autres romans. «
le livre de Dave », «
Les grands singes », «
Vice-versa », et «
Ainsi vivent les morts » par exemple. Et ce «
No smoking » ne dépare pas dans le lot. Il ne plaira pas à tout le monde mais cet avorton étrange et mal-fichu est tout de même très attachant.