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Citations sur Les Plus Beaux Diamants du Monde (Notes de nuit) (4)

Il faut une force colossale pour aimer un artiste, heureusement il en faut un peu moins pour an aimer deux, car l'un distrait puissamment de l'autre.

Quelquefois je ne suis pas sûre de l'existence réelle des hommes qui m'ont tenue entre leurs mains.

Bruce et Raphaël sont venus dans ma chambre ...C'est un double coup d'état, ce sont des êtres de rêve, leur vie est ailleurs. Ils n'en veulent pas à ma liberté ni moi à la leur.

A propos de Toni : si je n'avais pas écrit, il m'aurait effacée.

Nous écrivons pour nous dépasser, et sortir de notre médiocre enveloppe.
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SUR TONI CAMARILLO LE MUSICIEN

* Je ne sais si j’arriverai à écrire simplement que j’aimais cet homme, tellement il m’émeut encore. Je n’ai jamais aimé quelqu’un d’autre autant que je l’ai aimé, lui, Toni Camarillo, le premier de mes amis de passage. Chez lui il me jouait de la musique. Je l’ai suivi à quelques concerts, j’ai connu les coulisses de la scène et les dîners après le spectacle. La cause de mon bouleversement, c’était son langage, j’étais très jeune. Ce musicien a plaisir à s’entendre et entendre la voix d’une femme. Il est si musicien que sa voix regorge d’une musicalité dont il n’a même pas idée. D’une syllabe à l’autre il change complètement d’accent ou de note et me bouleverse par une brève pause avant un mot. Mis à part les moments de trivialité, sa retenue dans l’expression souvent me foudroie. On dirait qu’un morceau de musique s’interprète par Toni qui parle, sans que celui-ci s’en rende compte.

* Cher Toni, crois que mon cœur demeure, si je n’ai su te plaire, peuplé d’une force pure contre quoi je ne peux rien, et qui a pu te surprendre, mais pas autant que moi. Je vis comme je peux avec. Où es-tu, Toni disparu de ma vue ? Trouve en moi une amie dans l’amour et au-delà de l’amour, et quelle que soit l’année, et quel que soit le jour… Ah, ces rêves emportés où tu reviens, m’enlèves… et les corps se tressent…

* Pour Toni, la chair et l’amour n’ont pas d’importance devant l’art – musique ou littérature.
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SUR BRUCE LE MUSICIEN

Avec Bruce, voici pourquoi dans nos actes la qualité d’abandon est totale. Dès qu’il me pénètre, je sais qu’il écoute mon chant, mon souffle qui s’altère, ma bouche qui gémit. C’est son attente : il vient donner et écouter ce concert qui lui plaît. La première fois qu’il me l’a dit, j’ai pensé de la part d’un musicien à un simple trait d’esprit, en passant.
Simplement son désir et sa volonté s’épanouissent ainsi. Il vient, résolu, jouer de son corps et du mien pour m’entendre. Il ne s’exclame pas à cela, ou rarement. Il le rappelle de temps à autre, ce désir, et s’exprime alors avec une autorité certaine : désormais c’est une évidence qu’il vient en moi renouveler. Pour ma part, cette source de félicité mutuelle, je ne l’ai pas rencontrée chez un autre homme. Au contraire, les hommes qui ne sont pas Bruce Cleveland sont au mieux accoutumés, gênés, au pire épouvantés par la musique d’une femme. Ils la tolèrent, la commentent, la couvrent, cette musique, la raillent ensemble au moyen de mots orduriers. Ils sont étrangers au chant d’une femme. Bruce, lui, est dans son élément.
Sur le pouvoir charnel des sons : avec Raphaël la parole nous emporte de vague de plaisir en vague de plaisir. Tandis que le style de Bruce est différent, il donne un concert de musique de femme. Raphaël, lui, on ne peut pas dire qu’il n’agrée pas la musique de femme, mais sa parole rivalise avec celle-ci, c’est bien autre chose. Bruce n’a pas nécessité de dire mot, il joue de l’instrument qui est moi. Mon chant est son mot.
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SUR RAPHAËL L'AUTEUR ET EDITEUR

* Le désir lui donne les yeux brillants. Ses phrases déroulent des volutes qui vous charment et vous enserrent. Son discours soumet charnellement une femme. En cet ensorcellement il se rapproche du musicien, attendrissant les ventres des femmes qui écoutent, mais son verbe va autrement loin dans l’efficace du plaisir. Raphaël, c’est un cran au-dessus de l’amour humain. Ce sont ses paroles mêmes autant que sa chair qui conduisent vers le fameux néant exténuant.

* Il est beaucoup plus drôle que ses livres érotiques. Et même, le plaisir charnel et le rire sont des rivaux sérieux quand nous nous retrouvons, puisqu’on ne peut pas simultanément se livrer au plaisir et se livrer au rire. Il faut donc alterner avec habileté : je ne sais si ce détail se trouve dans les livres de ce genre. On ne peut jouer tour à tour à l’esclave, au maquereau, au roi, au despote, au serviteur, au dévot sans sourire à l’entracte. Il dit un conte pour chaque rendez-vous d’amour donc ses romans imprimés, il les doit aux quelques heures de la journée où son corps lui intime le repos.

* Il est physiquement et chimiquement absorbé par ces deux passions d’une très grande intensité : l’une pour les femmes qui déborde des mouvements humains ordinaires et l’autre pour les livres. Ces deux passions, qui sont deux cultes, se confondent lorsqu’il me voit. De sorte que je ne l’ai jamais connu que dans le paroxysme, dans une telle ferveur… dans une fiction sans cesse renouvelée… d’une violence que je n’ai jamais connue ni avant ni après… je me laissais emporter par ses mots et par les plaisirs qu’il m’offrait, mais de temps en temps, je m’étonnais et songeais que je n’entrais pour rien dans sa fureur, laquelle avait ces deux causes : premièrement le goût qu’il avait de prononcer des mots d’amour, de former des phrases, et deuxièmement le goût qu’il avait pour ma chair.

* Raphaël et les écrivains sont d’emblée orgiaques et déchaînés dans le plaisir que procure le langage. Dans mon lit, dans ses livres, les mêmes mots parfois reviennent. Les volutes de la syntaxe écrite et ses retardements laquent les visions, tandis qu’auprès de moi la syntaxe de Raphaël est à terre, hachée, incisive, impérative, durcie par le désir cru. Raphaël en moi c’est de la syntaxe au poumon, de la syntaxe rivée aux muscles des hanches, les fantaisies sont lancées comme des instructions. Les mots noirs et les mots d’or des louanges sont aussi près les uns les autres que dans un feu on voit ensemble et le bois qui se calcine et la braise qui rougeoie.
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