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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En 1947, les cheminots africains engagèrent une lutte, de Dakar à Koulikoro, afin d'obtenir les mêmes droits que les cheminots français. Cette lutte dura 5 mois, et, progressivement, toute la population africaine s'y impliqua. La direction des chemins de fer et l'administration coloniale répondirent très durement à cette grève, engageant un bras-de-fer intraitable. Malgré les difficultés, la répression et la faim, les africains, mêmes illettrés pour beaucoup, même soumis à la religion et aux coutumes, trouvèrent en eux-mêmes la force de faire plier l'autorité coloniale. D'économique, puis politique, cette lutte fut aussi celle de la dignité retrouvée. C'est finalement la marche des femmes, de Thiès à Dakar, qui leur permettra de gagner la partie. Sembene Ousmane relate donc ici le récit d'une prise de conscience collective, une grande expérience, enrichissante et profondément humaine.
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Les "bouts de bois de Dieu".....ce sont ces hommes du Sénégal et du Soudan ( le Mali d'aujourd'hui) travaillant sur la ligne de chemin de fer Dakar-Niger. Une voie ferrée de 1500 km. "Une superstition veut que l'on compte les «bouts de bois» à la place des vivants pour ne pas abréger le cours de leur vie" .
En 1947, ces "Bouts de bois" déclenchèrent une grève afin d'obtenir les mêmes droits que les salariés originaires de France : retraite, allocations familiales, primes aux roulants, application des conventions signées en 1936... Cette grève dura près de cinq mois....cinq mois pendant lesquels la «Fumée de la Savane» ce circula qu'une fois par semaine, conduite par les Français
En s'appuyant sur ces faits de l'histoire de l'Afrique et de la France coloniale, Ousmane Sembene écrit un roman fort en émotions et révoltant par bien des aspects... Un roman qui sur de nombreux points rappelle d'autres romans sociaux de Zola. On y retrouve le personnage de Lantier, Etienne Lantier extrayait le charbon, Ibrahima Bayakodo quant à lui le brûle dans sa locomotive.
Nous suivons le mouvement dans trois lieux emblématiques de la ligne : Dakar, Bamako et Thiès, dépôt d'entretien et de réparation du matériel
Leur peine, la chaleur, la poussière, leur sueur sont les mêmes. Lantier luttait contre la société minière, Ibrahima Bayakodo lutte aux côtés des autres roulants contre la société de chemin de fer et surtout contre le système colonial qui faisait de ces roulants africains des sous-hommes n'ayant pas les mêmes droits que les roulants coloniaux...
Femmes et enfants se mobilisent à leurs côtés, se privent de tout, auront faim, il ne fallait pas baisser les bras. Enfants et épouses seront déterminants. La troupe tirera, tuera, mais le mouvement tint bon, pendant cinq mois dans la poussière et sous la chaleur africaine.
Cinq mois contre curés et imams qui leur demandaient de reprendre le travail !
Ce mouvement social était également un mouvement contre le système colonial.
On ne peut s'empêcher d'être indigné par l'attitude de la France coloniale, par le racisme de ses représentants et des cadres de la société de chemin de fer, par la violence de son armée coloniale, y compris des tirailleurs sénégalais qui seront chargés de mater ce mouvement social. Il y aura des morts, des femmes et des enfants.
On n'allait quand même pas donner à ces "Nègres" des droits identiques à ceux des coloniaux, ces "Nègres" ayant plusieurs épouses, qui avec l'argent gagné achèteraient d'autres épouses pour faire encore plus d'enfants, qui couteraient encore plus cher...
Ce deux poids, deux mesures est abject.
Ce regard sur cette France coloniale est dérangeant : la France des Droits de l'Homme est restée en métropole. Cinq longs mois de souffrances et de peines pour faire descendre la France de son piédestal, ou plutôt pour donner de la grandeur à ces hommes, femmes et enfants africains...
Un roman coloré aux personnages multiples sur l'Afrique, sur ses habitants, sur la force de sa population. Un roman sur ces traditions et coutumes...c'était il y a soixante-dix ans...
Au hasard d'une balade sur Recyclivre, j'ai fait cette belle rencontre, cette découverte écrite en 1960.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Ousmane Sembène , est une figure emblématique , une icone de l' Afrique .Il est à la fois un autodidacte ,un syndicaliste en carté à la CGT ,syndicat de gauche en France ,cinéaste de talent ,scénariste ,écrivain et souvent il adapte ses propres romans au cinéma tels :La Noire de...,Le Mandat ,Le Camp de Thioroye ...
C' est un anticolonialiste , un défenseur de la liberté et il est contre toutes les injustices .Il dénonce les injustices faites aux Noirs ,à l' époque coloniale Il lutte inlassablement contre le colonialisme , en évoquant les souffrances et les drames endurés par les Africains .
"Pendant des siècles ,l' Europe occidentale a exploité ,opprimé ,colonisé ,les autres peuples de la terre .Elle a méprisé ,arrêté dans leur développement ou nié en les déclarant barbares ou inhumaines ,les cultures des peuples ,dont elle mettait les ressources en "coupe réglée",disait Léonard Sainville .
C 'est dans ce contexte colonial que se situe ,le roman ,Les Bouts-de-bois-de-Dieu .L' oeuvre citée , est publiée en 1960 à Paris .L 'auteur ,inspiré par la gréve des cheminots et par le souffle des Indépendances africaines, pose le problème de la discrimination raciale , de l' inégalité entre Blancs et Noirs sur le plan professionnel .Dédié aux syndicalistes du monde ,particulièrement aux hommes et aux femmes qui ont pris part à cette lutte pour une vie meilleure , comme le souligne l' auteur dans l' exergue de son livre , ce roman évoque la grêve des cheminots de la ligne Dakar-Niger en 1947 .Nous suivons les activités des grévistes dans trois villes :Thies ,Bamako et Dakar .
Les grévistes sont soutenus par les femmes et tous sont solidaires pour le même combat . A la fin , ils finiront par avoir gain de cause .
" Les Bouts-de-bois-de-Dieu " , est un chef-d' oeuvre !
N;B : les bouts de bois de Dieu signifie ou évoque les cheminots en Afrique Sub-Saharienne .






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On doit lutter pour avoir la liberté.Nous les femmes,nous devrons avoir le courage de vivre pour être battante.L échec n est pas fait pour nous.Courage aussi aux hommes.J ai adoré Bakayoko et Penda.
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Quelle finesse d'observation du racisme ordinaire tout en restant me semble-t-il très objectif, quel livre magnifique, impressionnant d'authenticité et empreint d'émotion sans jamais tomber ni dans le voyeurisme, ni dans le pathos. Je pense que chaque français, vivant en Afrique, devrait le lire. Ce qui m'attriste le plus c'est que la ligne est actuellement à l'arrêt, et que les efforts engagés pour la faire repartir restent infructueux. Il me semble que le sacrifice de ceux qui ont perdu la vie devrait être respecté, et là il n'est plus question ni de racisme ni de colonialisme, mais c'est une autre histoire.
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