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Le livre, compilation d'articles écrits entre 1998 et 2001 dans plusieurs journaux à travers le monde, n'est pas vraiment un livre politique. Pour en être un, il faudrait du recul et de la réflexion sur les évènements que connurent les Chiliens entre le 4 septembre 1970 et le 11 septembre 1973, à moins que l'on confonde l'insulte ou l'étalage de ses rancunes avec des analyses. Il reste donc à prendre ce recueil pour ce qu'il est : l'évocation douloureuse des martyrs de la révolution socialiste en marche sous la bannière (ou en marge) de l'Unité Populaire, le témoignage passionné d'un rescapé de l'horreur parlant de l'exil (le sien ou celui de ces enfants nés à l'étranger) et enfin une série de salves bilieuses contre Pinochet et ses alliés, faisant sienne la devise du Comte de Monte-Cristo : « ni oubli ni pardon » (pp. 10 et 72).

Prenant pour point de départ l'arrestation de Pinochet en Angleterre en 1998, les articles sautent dès lors entre le présent et un passé manichéen que ressasse l'auteur. Dans le présent, c'est la haine contre le dictateur immobilisé (...) . Ce présent, encore empêtré dans la boue du passé, y replonge rapidement. C'est alors une galerie de portraits parfois intéressants, d'hommes et de femmes qui se sont battus pour un idéal. Des petits, comme Oscar Lagos Ríos, jeune étudiant (...) qui deviendra membre de la protection de Salvador Allende. (...). Ou encore Horacio Cepeda Marincovic, membre du Parti Communiste, ami de son père, entré en clandestinité jusqu'à ce qu'en 1976 il se fasse prendre par la DINA pour ne jamais revenir. (...)

Mais aussi les grands, et notamment leur chef de fil, le camarade-président, « Chicho » pour les intimes, dont il dresse le rapide portrait.

[...] Malheureusement, dans ses articles, Sepúlveda ne fait preuve d'aucun esprit critique mais bien du manichéisme le plus tranché. Ce faisant il fait comme beaucoup de vaincus : tant qu'ils n'ont pas coupé (trop) de tête(s), et quand bien même ils auraient la hache à la main, s'ils sont victimes avant d'avoir eu la possibilité d'être bourreaux, il leur suffit de crier bien fort leur malheur pour absoudre toute leur part d'ombre. Celui-ci qui réclamait la violence avec fascination et gourmandise se retrouve face à elle, s'y cogne et revient, bien qu'édenté, presque fier de ses blessures, pour chanter dorénavant la paix comme il ne l'avait jamais fait. Et quand la répression vire à l'horreur la plus absolue, le martyr peut devenir un héros, le survivant, tout en se nourrissant de l'aura des défunts pour, sous couvert de rester fidèle à leur mémoire, pouvant prolonger ce statut de victime absolue.

On ne pourra pas, bien sûr, reprocher à un homme qui a connu dans sa chair les atrocités et doit porter avec lui la mémoire de ses amis décédés dans des conditions si effroyables, de ne pas être neutre. Mais quel grand intérêt peut tirer le lecteur de ces litanies bilieuses suivant sans relâche le cap de l'intégrité passionnée au détriment de toute mesure ? Or, justement, ce qui fait tout l'intérêt de cette période de l'Unité Populaire (1970-1973) c'est qu'elle n'est en rien manichéenne, mais complexe, dynamique, où chaque parti a sa logique et ses contradictions, telle une tragédie grecque ou Antigone et Créon ont autant raison et tort que l'autre. Rien à voir, donc, avec ces histoires haineuses de gentils qui sont battus par les méchants. Que le lecteur trop sûr de faire partie du Camp du Bien vienne flatter son choix par ce genre de lectures est compréhensible, mais si on veut aller au-delà du scénario de film hollywoodien, il faut passer ici son chemin...
Lien : http://www.du-bon-cote-du-fu..
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