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Citations sur Rendez-vous d'amour dans un pays en guerre (58)

Il est tranquillement assis en train de contempler l'immobilité du soir. Il joue à deviner les reflets de l'eau sur la fenêtre, les éclats de lumière qui filtrent à travers les plantes, il regarde parfois la pendule sans la moindre intention de connaître l'heure exacte parce que tout simplement ça lui est égal.
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Alors on ne tombait pas amoureux. C'était un virage dangereux que nous évitions de toutes nos forces, parce que si cela arrivait à l'un d'entre nous, l'unité du groupe risquait d'être brisée. Et des femmes, il y en avait beaucoup, mais des amis...
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Il me suffisait d'entendre le nom des lieux pour les voir: golfe de Corcovado, baie Desolación, golfe des Peines, Ultima Esperanza, passe de Drake. Territoires uniquement habités par la danse fantasmagorique des aurores boréales.
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Pour tuer un souvenir

Tu as la photo entre les mains et tu trouves trop artificiel le paysage aux couleurs polaroïd. Trop bleue la mer, trop transparent le ciel, trop incendié cet horizon, trop de brillance dans les regards des deux personnages qui s'enlacent au mépris du vent, vêtus de pull-overs semblables.
Tu regardes dehors et la seule chose que tu vois c'est le reflet que la vitre te renvoie comme une gifle, parce qu'il fait nuit et qu'à cette heure les fenêtres se transforment en miroirs qui renvoient la solitude, les intérieurs accablants, les maisons comme la tienne, maisons vides, maison avec café sans sucre le matin, café rapide et la voiture qui ne démarre pas et les minutes qui passent, maisons où tu découvres le matin des signes de déprime qui te signalent à cor et à cri que tu es en train de perdre la grande bataille.
La photo reste dans tes mains. Elle était dans un tiroir que tu n'avais pas ouvert depuis des mois, mais elle est aujourd'hui dans tes mains et tu sens que le moment est venu d'assassiner ces souvenirs anciens.
Alors tu dois prendre la photo comme un parallélépipède parfaitement horizontal et, c'est le plus important, devant une de ces fenêtres qui semblent reprocher à la pièce sa lumière blafarde.
Ce n'est pas toi qui déchireras la photo. C'est quelqu'un d'autre, quelqu'un de plus courageux ou de plus impersonnel, un autre je-tu qui flotte dans le vide derrière les vitres.
Tu verras cette personne faire un mouvement de crabe avec les doigts, ses mains s'écarter de chaque côté et chacune emporter un morceau presque semblable de la photographie. Puis cette même personne rassemblera les morceaux et refera le même geste une, deux, trois fois, plus si elle l'estime nécessaire, jusqu'à ce qu'inexplicablement tu sentes la fatigue dans tes doigts.
Par la vitre, tu verras tomber des flocons de neige trop gros pour être graciles et violeurs des lois de la gravitation. Ils tomberont vite et, quand tu regarderas le tapis, tes yeux verront les vestiges mutilés d'un souvenir dont rien ne peut plus être sauvé.
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Tout arriva très vite, parce que le ciel est parfois pressé. Quelque chose se déchira dans l'air, les nuages déchargèrent leur violence et en un instant je me retrouvai trempé au beau milieu de l'avenue.
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Rien de plus immobile que le soir avec sa routine mortelle de rideaux tirés aux fenêtres, de lueurs moribondes qui éclairent des intérieurs assoupis, de grilles qui répriment tout désir de sortir acheter des cigarettes, de rues aux lumières blafardes qui projettent des obélisques sur le pavé. Le soir colle à la fumée de la cigarette, prend une teinte bleue si fine qu'elle se déchire quand il se souvient qu'il vient de lire un article sur la mort de Thelonious Monk, et il lui semble stupide de s'être laissé surprendre en pleine rue par l'annonce du décès d'un homme qu'il n'a jamais connu et dont il a toujours été séparé par une telle distance que se mettre maintenant à la calculer, peut-être en consultant l'Encyclopédie ne servirait qu'à renforcer ces ombres immobiles et cette odeur d'urine.
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C'était un voyage ennuyeux. La pampa du salpêtre était morte depuis trop longtemps et les villages abandonnés, jusque par les fantômes des mineurs, n'offraient aucun spectacle digne d'intérêt. Même les guanacos languissants qui regardaient parfois passer le train avec une expression idiote, s'ennuyaient. Il suffisait d'en voir un pour les avoir tous vus.
Si bien que dormir à poings fermés, une fois épuisés le vin et la conversation, était ce qu'il y avait de mieux à faire.
(Rendez-vous manqués de l'amitié - Changement de route)
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Cette solitude des lits où poussent si fertilement les champignons de l'oubli.
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Tout arriva très vite, parce que le ciel est parfois très pressé. Quelque chose se déchira dans l'air, les nuages déchargèrent leur violence et en un instant je me retrouvais trempé au beau milieu de l'avenue. Je courus à la recherche d'un endroit où m'abriter et pensai à la librairie El Condor, la seule librairie latino-américaine de Zurich, assuré d'y être chaleureusement accueilli par Maria Moretti, qui se hâterait de m'enlever ma gabardine et de m'offrir un bol de café pendant que je me sécherais la tête avec une serviette; mais l'orage redoubla de violence et je ne pus faire autrement que d'adopter l'attitude de poulet désespéré qui est celle de tout piéton surpris par une averse.
(Rendez-vous manqués de l'amitié)
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Comme dit l'oculiste, la vie dépend des verres avec lesquels on la regarde.
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