Comme je ne l'ai pas trop aimé, ce livre, je pourrais en parler longuement. Parce que c'est ça qui est injuste : autant il est difficile d'exprimer précisément le plaisir qu'on prend à la lecture d'un livre, les réflexions ou les souvenirs qu'il suscite, cet assemblage complexe d'émotions qui nous empêche de le lâcher et nous fait tourner toujours une page de plus, et surtout la trace qui reste en nous, longtemps voire toujours, une fois la dernière page tournée pourtant, et à regret, autant on peut s'étendre longtemps sur la liste des défauts qu'on trouve à un ouvrage quand ceux-ci sont suffisamment criants. Alors j'essaierai quand même de faire court (et, pourquoi pas, indulgent). Donc,
Florence Seyvos a une histoire familiale particulière, en particulier un frère de coeur handicapé qui lui rappelle
Buster Keaton. Comme par ailleurs son gagne-pain c'est de faire des livres, elle voit là matière à en faire un sans trop se fatiguer : elle juxtapose des anecdotes sur chacun de ces deux personnages et se dit que, mécaniquement, des points de contact apparaîtront. Il y en a d'ailleurs de temps en temps, et même, n'ayons pas peur des mots, un petit moment de grâce, autour de la p. 120. Par ailleurs, les deux Henri de la famille de l'auteur sont bien campés. Ça ne compense pas la pauvreté des autres personnages, de l'histoire, de la langue, du premier et dernier chapitres complètement dispensables, sauf pour l'auteur qui tenait vraiment à parler d'elle. Dès la p. 37, quand on a compris qu'elle n'emploierait pas d'autre temps que le présent, et au moment où elle écrit « chaos » en voulant parler de « cahots », on est content que le livre ne fasse que 180 pages, et on se dit qu'on aurait peut-être mieux fait de se contenter de la fiche Wikipedia de
Buster Keaton. C'est d'ailleurs en la recherchant qu'on s'aperçoit que beaucoup de ses films sont sur YouTube. Ça tombe bien, tout ça nous a quand même donné envie de les (re)voir.