Le chat du Rabbin, tome 10 : Rentrez chez vous !

J'adore toujours autant "Le chat du rabbin" !
Humour, Histoire, Culture générale font de ces albums un grand plaisir de lecture. J'y apprends plein de choses sur le Judaisme.
Cette dernière BD très centrée sur L Histoire est très dense, je suis une fan inconditionnelle !

Les personnages du « Chat du Rabbin », qu'on a plaisir à suivre depuis près d'une vingtaine d'années, se réunissent au bord de la mer pour célébrer Roch Hachana. A quelques mètres de là, des colons les interpellent. « Sales juifs, rentrez chez vous » hurlent-ils.
Une bagarre s'ensuit. le mari de Zlabya, désormais maman de deux enfants, en est maintenant certain : il faut quitter l'Algérie pour Israël.
Pour le dissuader, le rabbin du rabbin, Zlabya et le rabbin vont raconter leurs expériences respectives de Erest Yisrael marquées par les désillusions.
Alors que la Terre promise symbolise la pureté et la sainteté pour les Juifs, plusieurs religions cohabitent avec plus ou moins de bonheur. Pis, ses habitants, avides de distraction, se détournent de Dieu. « Même là-bas, on n'est pas à l'abri de la modernité » constate, dépité, le rabbin du rabbin.
De son séjour dans le pays, avec un passage dans un kibboutz, Zlabya avoue : « je ne comprends rien à ce pays ».
Quant à son père le rabbin qui devait enterrer le mari d'une femme de sa communauté, il s'est retrouvé en Egypte parce que les Anglais, alors administrateurs de la Palestine, imposaient la limitation de l'immigration des juifs. Même morts !
Avec humour, Joann Sfar flanqué de son célèbre chat facétieux si lucide sur la nature humaine, parcourt un siècle d'histoire qui rappelle combien les Européens ont mis le désordre, entre autres, en Algérie et en Palestine, la France en accordant en 1870 la nationalité aux Juifs mais pas aux Arabes, l'Angleterre en promettant un pays aux deux peuples. Conséquence : « à la fin, tout le monde se déteste » conclut le rabbin. J'ajoute que nous continuons à en payer les effets. le racisme, qu'il s'exerce contre les Juifs ou contre les Arabes, a malheureusement de beaux jours devant lui.

EXTRAITS
- Croire en Dieu, c'est accepter de faire des trucs ridicules en son nom.
- Adulte, c'est quand on cesse de croire qu'il existe un endroit où les choses vont bien.
Lien : http://papivore.net/litterat..

Zlabya et sa famille participent à une cérémonie au bord de l'eau . Quand tout à coup, des insultes racistes pleuvent au loin. Cela va rapidement tourner en bagarre générale. Les coups pleuvent les uns après les autres. Une fois la rixe terminée, le mari de Zabya en conclut qu'ils doivent quitter l'Algérie pour aller vivre en Israël. Il ne veut plus que leurs enfants grandissent dans cette saloperie. À partir de là, trois récits vont se succéder. L'un après l'autre, le rabbin du rabbin et ensuite Zabya (suite et fin de l'histoire débutée dans le tome précédent) et le rabbin vont raconter chacun à leur tour leur découverte de la terre promise. 

Ce dixième tome est très instructif tant historiquement que politiquement. On y apprend notamment que les français et les anglais ont mis un beau désordre en Algérie. le premier en accordant la nationalité française aux juifs mais en la refusant aux arabes. le second en accordant un pays au deux peuples. Conséquence : tout le monde se haït et ce n'est pas tout ! Au cours de la seconde guerre mondiale, la première décision est abrogée (décret Crémieux). La déclaration Balfour est suspendue et les anglais limitent drastiquement l'immigration juive en Israël au plus fort des persécutions nazies…

Cette histoire écrite par Joann Sfar est plus lourde à digérer que le tome précédent mais c'est comme cela que j'aime ces récits. Ils sont intéressants et mènent à réfléchir tout en introduisant de l'humour via le chat du rabbin. Ce douzième tome aurait pu sonner comme une conclusion finale au vu de la fin de ce dernier. 

Lu et chroniqué sur iznéo

Le talent de l'auteur, Joann Sfar, est toujours aussi présent dans ce dixième album beaucoup plus historique, politique.
L'analyse du rejet des Juifs partout sur Terre amenuise l'humour au fil des pages, mais pas la beauté et la justesse de cet ouvrage.