Trois femmes, trois notions de Dieu
Le roman est divisé en quatre parties, chacune comportant plusieurs chapitres titrés. Péri est le centre de cette dense fiction. C'est une jeune femme turque qui a grandi dans une famille istanbuliote où Dieu est un sujet de permanents affrontements entre le père Mensur et la mère Selma. le papa est sceptique vis-à-vis de la religion, alors que la mère est une musulmane qui prend la religion pour refuge. Leurs disputes fomentées par la religion influencent l'éducation de Péri qui choisit d'étudier Dieu à Oxford dans les années 2000.
À Oxford, elle s'inscrit aux séminaires du professeur Azur qui enseigne sur Dieu. Controversé, celui-ci divise la communauté universitaire à cause de ses comportements et sa pédagogie. Grace à ses séminaires, Péri creuse la question de Dieu qui l'intrigue depuis l'enfance et approche davantage ses convictions et ses contradictions. L'étudiante turque tient un journal de Dieu où elle transcrit ses pensées sur la divinité et la religion. A l'université, elle noue une amitié avec Shirin, une Iranienne, et Mona, une égypto-américaine, venues elles aussi d'ailleurs pour étudier la notion de Dieu. Chacune représente une définition de Dieu : « Trois jeunes musulmanes à Oxford. La pécheresse (Shirin), la Croyante (Mona), et la Déboussolée (Péri) », p.398.
Petit à petit, Péri nourrit des sentiments envers son professeur. Tombera amoureuse de lui ? À Oxford elle se retrouvera ou se perdra ?
Le roman traite le thème universel de Dieu qui peut à la fois unir ou diviser. L'auteure peint aussi des images de la Turquie moderne, comparée à celle d'Atatürk. Empruntant des citations aux grands maîtres soufis dont Rumi, le roman est pétri de soufisme et de spiritualité.
La structure du roman est attirante. le narrateur omniscient passe des années 1980-2000 à l'an 2016. Il fait balancer le lecteur entre deux générations, deux mondes différents qui se croisent et se séparent.
En somme, Trois Filles d'Eve est l'aventure d'une jeune femme déboussolée qui est à la recherche de Dieu et d'elle-même. C'est aussi un hommage à la Turquie, terre natale de l'auteure : « Ma terre natale, la Turquie, est un pays fluvial, ni solide ni établi. Pendant que j'écrivais ce roman, ce fleuve a changé si souvent, coulant à une vitesse vertigineuse », p.473.
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