Je me lève en la tenant dans mes bras, et elle enroule les jambes autour de ma taille. Je la porte vers ma chambre sans cesser de l'embrasser. Mienne ! Ce petit mot tourne dans ma tête, le besoin de lui montrer mon amour physiquement pulse dans mes veines.
Elle est mon oxygène,ma raison d'exister, tout ce qui compte dans ma vie.
- Je t'aime, je chuchote même si elle ne m'entend pas.
- Mmm... Leo... Murmure-t-elle.
Je me fige et mon coeur cesse de battre un instant. Oh mon dieu. Putain de merde. Mon coeur se remet à battre furieusement maintenant.
Nous avons fait des projets, rêvé et aimé sur notre toit. Nous ne savions pas que le chemin vers l'amour éternel serait semé de détours, d'embûches et de chagrin. Nous ne savions pas qu'autant d'amour, de pardon et de compréhension seraient nécessaires pour retrouver le chemin de notre destinée, ensemble. Mais nous savions que si nous étions arrivés là, c,est parce que nous étions tous les deux prêts à nous battre; à nous battre l'un pour l'autre, pour nous-mêmes, pour les enfants qui ont besoin d'un refuge, pour l'amour. Malgré toutes les souffrances, en fin de compte, l'amour l'a emporté.
- Je t'aime, Evie.
Pendant qu'elle me fixe, je continue.
- Je ne sais pas ce que tu imagines, mais sache que je t'aime. Je t'ai toujours aimée. Je n'ai jamais cessé. Pas une seule seconde en huit ans.
Ce soir, embrasser Evie a été l'un des meilleurs moments de ma vie. Mais maintenant, je veux recommencer, et je ne sais pas quoi faire de ma frustration. A présent, j'ai le choix entre m'enfoncer sur ce chemin et la garder dans ma vie, ou prndre le risque qu'elle me rejette si je lui dis qui je suis.
- Comment êtes-vous passé de l'informatique à la psychologie ?
- Je trouvais les ordinateurs trop prévisibles. Je préfère les gens. Ce sont des énigmes perpétuelles.
Je renforce mon étreinte dans le noir tout en écoutant sa respiration. Je me noie dans son odeur et la sensation d sa poitrine qui se soulève régulièrement contre la mienne. La joie. Je savoure cet instant, pleinement conscient de mon bonheur en cet instant précis.
– Tu es mon rêve, dis-je à voix basse dans l’obscurité. Tu es la réalisation de tous mes rêves.
Allongé sur mon lit d’hôpital, je fixe le plafond, submergé par le chagrin. Comment en suis-je arrivé là ? Non seulement dans cette chambre mais dans cet état insupportable, le cœur et l’esprit en vrac. J’aimerais échapper à moi-même, ramper hors de ma tête et devenir une ombre tapie dans un coin. J’ai détruit tous ceux qui ont essayé de m’aimer. Ce constat me dévaste et m’oppresse.
On frappe à la porte de ma chambre, et elle s’ouvre lentement avant que je n’aie pu répondre. Le Dr Fox passe sa tête à la tignasse blanche à l’intérieur.
– Bonjour, Jake, dit-il en souriant.
Il entre et laisse la porte se refermer.
Le Dr Fox est le psychologue de l’hôpital. Il passe me voir depuis deux semaines, mais je n’ai rien à lui dire. Ses services ne m’intéressent pas, un point c’est tout.
Devant mon silence, il me regarde longuement.
– Toujours pas décidé à me parler de ce mois traumatisant que vous venez de vivre ? Vous seriez étonné de constater combien parler peut être salutaire, dit-il gentiment.
Emmuré dans le silence, je souffle. C’est vraiment la dernière chose dont j’aie besoin, un psy qui tente de me convaincre que tout irait mieux si je vidais mon sac.
- Je t'aime, je chuchote même si elle ne m'entend pas.
- Mmm... Leo... murmure-t-elle.