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4,14

sur 1922 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Vous imaginez un livre qui raconterait la bombe atomique de Nagasaki, la vie au Japon à la fin de la seconde guerre mondiale, des secrets de famille, un adultère, un enfant né de cet adultère, un crime, une vieille survivante de la bombe qui meurt des années après, son testament, des camélias ? Tout ça en moins en 120 pages ?

Non ? Moi non plus je ne l'imaginais pas, et pourtant Tsubaki existe !

Premier tome de la série 'Le poids des secrets', Tsubaki nous plonge dans un monde à la fois très pur et très sale. Pur, comme son style presque cristallin, comme sa jeune héroïne qui s'ouvre à la vie et à l'amour, comme la jolie relation entre la narratrice, son fils et sa mère déclinante. Sale, comme la bombe évidemment, mais aussi comme la lâcheté, l'hypocrisie, l'égoïsme, le mensonge ou le mépris des autres.

Moins poétique que les livres du cycle du Yamato (la deuxième série d'Aki Shimazaki), ce roman m'a séduite par son intrigue bien construite, son cadre historique intéressant et ses personnages moins éthérés et plus humains. Me voilà partie pour continuer à porter (ou à lire) le poids des secrets.

Challenge PAL
Challenge Petits plaisirs 5/xx
Challenge Multi-Défis 7/xx
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Cette histoire intense quoique très courte est racontée par Yukiko à sa fille Namiko dans une lettre-testament. C'est l'histoire d'un adultère, celui de son propre père. L'écriture sobre et pure d'Aki Shimazaki parvient avec une aisance envoûtante à recréer pour le lecteur le Japon de la Seconde Guerre mondiale. Peu d'éléments sont donnés concernant la société japonaise à proprement parlé, hormis les réticences que les familles qui contrôlent les mariages peuvent ressentir lorsqu'un de leurs fils s'éprend d'une orpheline sans relations ni fortune. L'auteur choisit plutôt de centrer son récit sur la cellule familiale de Yukiko, installée à Nagasaki bien qu'originaire de Tokyo. C'est la guerre, c'est un temps de compromission, de manipulation, d'endurance et de souffrance.

Avec la délicatesse d'un pétale qui chute d'un cerisier en fleurs à la fin du printemps, le récit de Yukiko est modelé de toute la poésie que renferme la culture japonaise. Comme la beauté de la fleur n'enlève rien au drame de son déclin, la poésie de cette romance avortée, poignante dans sa banalité, n'enlève rien à la violence du contexte de guerre qui lui sert de cadre. La deuxième bombe atomique est là, ou plutôt sera là dans quelques jours, apportant à la fois désolation et dénouement providentiel à la situation dramatique que vit cette famille qui étouffe sous le poids d'un secret infamant.

Un moment de lecture très agréable malgré le sérieux dramatique du sujet qu'il développe, comme une façon de nous montrer que la guerre n'est qu'un élément extérieur à l'existence humaine qui vient certes en changer irrémédiablement le cours mais ne peut empêcher les situations individuelles de se poursuivre. L'amour, la passion, la famille... tous la subiront et lui survivront.

Ma lecture et son thème m'ont souvent évoqué le long métrage animé de Goro Miyazaki, "la Colline aux coquelicots".
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“Il y a des cruautés qu'on oublie jamais. Pour moi, ce n'est pas la guerre ni la bombe atomique.”

Tels sont les derniers mots tenus la veille de sa mort par Yukiko, une des rescapés du feu nucléaire ayant pulvérisé Nagasaki et ses habitants le 9 août 1945. 

Des propos sibyllins. Une réalité inconcevable. Et pourtant...

*

Au moment de s'acquitter des dernières formalités relatives à l'héritage, sa fille unique se voit remettre deux enveloppes. 

La première porte le nom d'un oncle dont Namiko ignorait jusque-là l'existence. La seconde lui est adressée, à l'intérieur une lettre.

*

Emmurée dans le silence depuis plus de cinquante ans, Yukiko entend se libérer du fardeau de l'indicible.

"Je sais que le temps de mourir arrive enfin. Je confesse maintenant la vérité."

*

Ses révélations nous transportent au coeur de la seconde guerre mondiale. le Japon ploie sous les assauts stratégiques des forces armées américaines.

Adolescente à cette époque, la mère de Namiko relate avec une élégante sobriété son quotidien et celui de sa famille.

A mesure que ses souvenirs défilent, les pages de l'Histoire se tournent. 

Enchaînement de causes et d'effets, les destins se croisent et basculent. 

*

Aki Shimazaki mêle subtilement poésie, drame intime et tragédie collective. 

Conteuse de talent, elle nous offre ici un roman dense, puissant, aussi sombre que lumineux.

Ce premier volet de la pentalogie intitulée le poids des secrets est une très belle découverte. 

Charmée, il me tarde de poursuivre mon voyage nippon en explorant les autres facettes de cette émouvante histoire avec  le tome suivant. 




Lu en janvier 2022 - retour ancien compte

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Une bombe est lâchée. Nuage noire, cendres brûlantes. Une seconde bombe quelques jours plus tard. Autre nuage, autre poussière incandescente. L'amour, la passion, l'adultère. Deux corps couchés, nus, un enfant illégitime. Et des secrets de famille enterrés, brûlés même, dans le souffle de Nagasaki. Comment arriver à parler sensualité alors que la puanteur de milliers de morts va emplir les pages de ce court roman. Même le parfum des camélias n'arrive pas à m'enlever cette nausée survenant juste après. Après le souffle, lorsque des hommes, des femmes, des enfants, ceux qui n'ont pas été déchiquetés, brûlés, écrasés, soufflés, se retrouvent hébétés face à l'impensable, l'inimaginable. Pourquoi ? Etait-il nécessaire de faire tomber les bombes atomiques sur Hiroshima et sur Nagasaki ?

Aki Shimazaki, aussi québécoise que japonaise, aussi tabarnak que tsubaki. Des fleurs qui côtoient des morts. La poésie au milieu d'un carnage humain. Des moments de grâce dans ce court roman, premier volet d'une pentalogie, se mêlent à la violence de la guerre. Chaleur des sens, chaleur du souffle. Brûler de passion pour aboutir à brûler son corps. Comme une pénitence. Une histoire d'adultère et de mort. Rédemption, souffrance. A se demander si la bombe n'a pas atterri à cet endroit précis du globe, non pas pour ses civils qui y vivaient, mais pour ce père, ce mari, cet infâme adultérin. Il est coupable, ce traitre. Il ne mérite que la mort. Coupable d'aimer une autre femme en dehors des conventions du mariage. Coupable d'avoir eu un autre enfant, illégitime celui-là. Coupable de manigance et d'arrangement. Il mérite la bombe, la bombe atomique. Triste et sombre univers que ce petit roman qui mêle la grande histoire, celle d'un grand crime, avec la petite histoire, celle d'un petit crime.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Tsubaki, c'est 115 pages concises et édifiantes qui explosent à Nagasaki avec l'une des plus grosses bombes jamais larguée au monde. Son nom : Fat man.
Le 09 aout 1945, entre 21 et 23 mégatonnes de haine et de destruction anéantirent immédiatement 40.000 personnes et 80.000 personnes supplémentaires moururent de blessures et de maladies jusqu'à la fin du vingtième siècle.

« Dans la rue, je vis un homme sous un toit effondré. Quand on essaya de le secourir en le tirant par la main, son bras se détacha. »

Comme pour un train, une bombe peut en cacher une autre, plus intime, sournoise, perfide, aux répercussions absolument inoffensives pour la population mais extrêmement dangereuse pour une famille. Son poids n'est pas en mégatonnes qui éclatent les chairs mais en méga secrets qui font imploser les coeurs.

Ce roman raconte Yukiko, une jeune fille et Yukio, un jeune homme. Tous deux ne pourront rester maitre de leur destin, dénaturé et souillé par les pratiques d'un proche.

« le destin ? tu parles comme grand-mère maintenant. »

Initialement Yukiko et Yukio ne devaient pas vivre à Nagasaki, ils y demeurent par égoïsme et manipulation d'un père sans scrupule.
Initialement, Nagasaki n'était pas la cible des américains, c'était Kokura, une ville ou il y avait des arsenaux. le mauvais temps, la malchance, les aléas…

La fatalité a dévoré l'existence de milliers d'individus.

Par ce court et habile récit, Aki Shimazaki crée un redoutable parallèle entre la frivolité et l'égocentrisme d'un homme et l'avidité et la barbarie des hommes.

Les unes ont dévasté un foyer. Les autres finiront-elles par détruire la planète toute entière ?


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C'est délicat comme ces tsubaki, ces fleurs rouges au coeur jaune, flottant sur l'eau, ou comme un amour naissant entre deux adolescents solitaires, et c'est terrible aussi comme la bombe atomique qui s'abat sur Nagasaki, ou comme la violence d'un drame familial.
Tsubaki est un livre que j'ai aimé avec ma tête, mais pas un plaisir de lecture intense. Peut-être que pour moi c'est un peu trop tout en retenue, sans doute il y a de l'élégance et même une certaine grâce dans ce style épuré, mais Aki Shimazaki tient un peu trop à distance les émotions pour complètement me combler dans mon plaisir de lecture. La brièveté du récit permet néanmoins d'apprécier les belles qualités de ce premier tome du Poids des secrets sans trop être frustré par sa grande sobriété stylistique et émotionnelle.
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Tsubaki ou camélia évoque une beauté sereine et solitaire. Ses fleurs rouges mêlées au blanc de la neige et au vert des bambous, comme les décrit si bien Aki Shimazaki, sont au coeur du roman. Symbole de pureté, d'amour; rouges sur le blanc de la neige ils rappellent aussi le sang de la guerre, l'horreur de la bombe atomique.

Des secrets de famille qui se dévoilent peu à peu, pudiquement. Petit à petit on entre dans l'intimité de cette famille japonaise. Une grand-mère qui finit par s'alléger du poids d'un lourd fardeau.
Deux sujets se mêlent ; le poids des secrets qui empoisonnent la vie d'une famille, et l'absurdité de la guerre. Tous deux ont pour origine la cruauté des hommes, leur égoïsme, leur lâcheté.

Connaître la vérité, une vérité plus forte que la justice. Comprendre les motivations des gestes, plutôt que d'y trouver une nécessité. Les massacres ne sont pas nécessaires, ils sont seulement motivés par la cruauté humaine, la soif de pouvoir, de puissance.

Il y a la grande Histoire et la petite histoire qui s'entrecroisent. La vie suit son cours malgré tout, elle prend un autre chemin, elle s'adapte en léchant ses blessures. Mais les enfants et les petits-enfants sont là pour poser des questions. Le mutisme de leurs parents ne leur convient pas. Il faut bien se retourner de temps en temps sur ce chemin, savoir d'où l'on vient, soulever les pierres où sont enfouis les secrets, les larmes.

Un roman à l'écriture simple qui nous invite à lire la suite. Une belle découverte.
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Depuis le temps que j'entends parler de cette auteure et de ses livres, ça y est je me suis lancée....
Je découvre le concept du livre ou plutôt des livres puisque ce "Poids des secrets" est décliné en 5 tomes, que je peux lire dans le désordre si je le souhaite (enfin.... si j'ai bien compris). J'ai commencé avec ce tome 1 qui permet de placer l'histoire et ses personnages. Ici on va découvrir Yukio, son histoire et surtout son secret.
.
Yukio est Japonaise, vit à Nagasaki quand explose la bombe. Dans ce tome, elle vient de mourir (au Canada) et livre à sa fille un récit de sa vie dans une longue lettre qui est la trame du roman.
J'ai aimé, c'est léger, très léger, trop ?
On s'attache au personnage central. de ce côté-là c'est réussi vu que le livre dépasse à peine les 100 pages. Mais c'est un peu court. J'attends la suite pour voir....
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Je louchais vers ce roman depuis longtemps et grâce à Lydia j'ai pu lire toute la série. Loucher est vraiment le terme qui s'impose car la couverture du livre est sublime. Comme chacun le sait j'apprécie beaucoup les romans abordant les secrets de famille, et le Japon m'attire, donc ce livre était pour moi et j'ai littéralement dévoré …

Aki Shimazaki raconte avec beaucoup de pudeur, de réserve l'histoire de cette femme Yukiko, de ses parents et de Yukio, le garçon avec qui elle jouait et qu'elle voulait épouser plus tard et du destin qui bascule lorsque la bombe explose sur Nagasaki.

Elle qui refusait de parler de cette tragédie, et refusait qu'on la traite de rescapée, s'est mise à parler avec son petit-fils, quelques temps avant de mourir. « Quant à la guerre et à la bombe atomique tombée sur Nagasaki, ma mère refusait d'en parler. de plus, elle me défendait de dire à l'extérieur qu'elle était une survivante de la bombe ».

J'ai aimé la façon dont l'auteure parle du Japon et de ses coutumes difficiles, le poids des familles dans le choix de l'épouse, la nécessité de ne pas faire une mésalliance qui déshonore la famille, presque des castes, et également du désir de domination et d'extension du pays et du rejet des étrangers.

Aki Shimazaki nous livre au passage une réflexion sur le rôle de la femme, la manipulation, la guerre et l'état d'esprit de l'époque : le code de l'honneur, il vaut mieux mourir qu'être fait prisonnier « On dit qu'être fait prisonnier, c'est assez honteux ; mais être tué par eux, c'est le pire affront pour un soldat. Mon père dit qu'il ne sait comment s'en excuser auprès de l'empereur ».

J'aime beaucoup la sonorité particulière des mots japonais, Tsubaki, titre de ce tome 1 signifie camélia et cette fleur, qui est la préférée de Yukiko, illumine et embaume le texte.

J'ai beaucoup aimé cette histoire pleine de poésie, et la fluidité, la sobriété de l'écriture et j'ai hâte de lire la suite.

Note : 8/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Terrible ironie du Destin, ce matin du 9 août 1945 à Nagasaki, qui fit en sorte qu'un meurtre, commis en parfaite connaissance de cause par une adolescente, se transforma en crime parfait au moment où la deuxième bombe atomique de l'Histoire tombait sur la ville, désintégrant les traces du forfait en même temps que des milliers d'innocents.

Si le crime est resté inconnu de la justice des hommes, Yukiko, la meurtrière, en porte toujours le poids, cinquante ans plus tard. Elle n'emporte cependant pas son lourd secret dans la tombe, et laisse une longue lettre à sa fille, dans laquelle elle lui raconte son enfance, son adolescence, son premier amour, et les circonstances qui l'ont amenée à commettre ce meurtre.

Tsubaki signifie « camélia » en japonais, et cette fleur symbolise la violence de la vie. Comment quelque chose d'aussi beau qu'une fleur peut représenter la violence ? Et comment l'écriture d'A. Shimazaki, si belle et pudique, peut-elle restituer, tout en délicatesse, tant de cruauté et de noirceur ? Parce qu'à côté de la guerre et de la sale bombe, il y a la violence du quotidien, sournoise mais ravageuse, celle des mensonges, des manipulations et des lâchetés qui scellent des vies, la violence subie par une enfant qui idéalise les adultes et qui soudain comprend que certains d'entre eux, parmi les plus proches, trahissent sa confiance depuis toujours.

110 pages et tant de choses en si peu d'espace, c'est la marque de fabrique d'A. Shimazaki. Un style tout « japonais », épuré voire minimaliste mais profond, une écriture juste mais qui ne porte pas de jugement. Attachant et interpellant. Un peu de douceur dans un monde de brutes ?
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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