Le poids des secrets, tome 4 : Wasurenagusa

Mariko et Yukio sont arrivés dans ma vie pour me sauver de la dépression et de la solitude. J’avais besoin d’une motivation déterminante pour quitter l’endroit où je ne me sentais jamais à l’aise.

Je n'ai pas changé d'opinion depuis cette époque. Pourtant, quand je pense aux catholiques qui ont défendu leur foi, quoi qu'il arrive, je ne peux m'empêcher de reconnaître mon point faible. Le mot "résistance" me pique le cœur.

Je suis allongé sur l'engawa. Je vois des hirondelles voltiger dans le ciel bleu. Cette année aussi un couple s'est installé chez nous et elles ont eu plusieurs œufs. Selon ma femme, ces oiseaux élèvent les petits ensemble. Ils couvent les œufs tour à tour, cherchent des insectes pour nourrir les oisillons, nettoient le nid en jetant les fientes. Cela m'émerveille.

Mariko ajoute :
On n’oublie jamais les paroles gentilles de quiconque.
…
Je regarde de nouveau les fleurs et me dis : « On n’oublie jamais les paroles méchantes de quiconque non plus. »

Les rayons de soleil sont de plus en plus forts. Ce sera bientôt l'été. Je ferme les yeux. Un moment, je me demande si la stérilité et l'adoption existent chez les animaux. (p. 117)

Je n'ai jamais regretté mon mariage avec Mariko. Pourtant, je me sens encore coupable envers mes parents. J'ai failli à mes obligations comme héritier d'une famille qui avait plus de trois siècles de tradition. (p. 86)

Ma mère était tout le temps frustrée. Elle m'aimait comme si elle avait tenté de compenser l'amour qui lui manquait. Cela me suffoquait, mais je ne pouvais que le supporter. (p. 29)

Je lave la vaisselle alors qu'elle s'occupe de son fils. En se frottant les yeux, Yukio me demande :
- Monsieur Takahashi, pouvez-vous venir chez nous demain aussi ?
Je regarde Mariko, qui lui répond :
- Bien sûr !
Mariko et Yukio entrent dans leur chambre. J'entends Mariko chanter, d'une voix douce. Je m'immobilise et l'écoute. Cela me rappelle Sono, qui chantait tous les soirs pour m'endormir. J'ai le coeur serré.
Mariko sort de la chambre et me dit :
- Yukio s'endort. Merci, monsieur Takahashi, pour cette soirée très agréable.
Je mets mes mains sur ses épaules :
- Nous sommes fiancés, Mariko. Ne me remercie pas comme les autres. Appelle-moi Kenji et tutoyons-nous, à partir de maintenant.
Elle se couvre le visage de ses mains et se met à pleurer. Je la serre contre moi et nous restons ainsi longtemps.

J'ouvre toutes les vitres coulissantes. Le ciel est limpide. Je sens l'odeur du renouveau printanier. (...) Un couple d'hirondelles passe au-dessus de l'arbre. La brise souffle. Rin... rin... rin... Le 'fûrin' tinte.

Être homosexuel ou bisexuel est inné, tout comme être hétérosexuel.