La jonquille est une
suisen. Dans le roman, elle définit aussi une couleur, elle est le nom d'un chaton, le thème d'une chanson, elle évoque Narcisse, fils d'une nymphe de la mythologie, image même du narrateur, Gorô Kida, rencontré dans le premier tome.
Gorô Kida est président d'une société d'alcools qu'il a héritée et qu'il partage avec sa belle-mère, la deuxième femme de son père, à présent décédé. A cinquante ans, il donne au monde la représentation de la prospérité et de la famille parfaite, une femme qu'il a épousée il y a plus de vingt ans et ses deux enfants, beaux et intelligents. Fier de ce paraître à qui il accorde une grande importance, il est confiant de son charme et de son pouvoir. Mais les apparences ne sont que le décor de la scène qu'il joue car son mariage se meurt à chaque adultère, ses enfants s'en méfient, et sa place de président est menacée par des personnes plus capables.
Suivant les préceptes recommandés dans le manuel des gestes qui plaisent aux femmes, il séduit ses proies pour avancer, que ce soit dans sa carrière professionnelle ou sa carrière de Casanova. Narcissique, prétentieux, plein de préjugés, autoritaire, noceur, et finalement incompétent, il devient pour ses proches un être insupportable et inintéressant.
En tant que narrateur, il nous raconte les choses de son point de vue ; une vision tronquée par son égo. Il se flatte en se décrivant riche, gentil et généreux, il s'encourage, il est tellement sûr de lui ! Quant au lecteur, n'étant pas dupe de la trame à l'approche insidieuse, il voit se fissurer le caractère du personnage qui laisse entrevoir petit à petit les blessures de son enfance.
La suite de «
Azami « et «
Hôzuki » retrace le portrait peu flatteur de Gorô Kida, un ami d'école de Mitsuo Kawano et Mitsuko Kitô. L'auteur développe crescendo le prélude de son introspection, les évènements malheureux qui vont changer le cours de sa vie et qui vont l'amener à une psychanalyse. Orphelin de mère à l'âge de trois ans, il a été « un enfant blessé » et il est devenu cet « adulte raté ». L'écriture a perdu la sensualité du premier tome et la beauté et la douceur du second. Dans cette troisième histoire, elle donne au récit une touche froide et sévère qui nous enlève toute compassion pour lui.
Si les précédents romans pouvaient se lire indépendamment l'un de l'autre, celui-ci prend plus de sens et d'intérêt dans la chronologie qui lui est donnée.
Une pièce écrite en cinq actes, que je vous recommande... le prochain se nomme "fuki-no-tô", une petasites japonicus.