Une surprise que ce "Suisen"... notre récit sera sous le signe du "Narcisse";
une très belle fleur lumineuse... le symbole est déjà moins rayonnant...
Narcisse qui regarde son reflet dans l'eau.. Son obsession... Eh bien, le
personnage central, et narrateur, Gorô en est la représentation la plus
caricaturale qui soit. Devenu président de l'entreprise de Whisky créée
par son grand-père, puissant, riche, il a fait un mariage arrangé,
entretient des maîtresses, trouvant absurde que les filles aillent
à l'université, que les femmes aient le droit à la parole !...en un mot,
un "arrogant infréquentable" respirant l'autosuffisance, la prétention,
l'esprit de classe !...
Il trouve sa vie réussie, se glorifie à longueur de journée...mais ce
monument d'autosatisfaction et de tyran domestique va commencer
à se fendiller !...;
Dialogue entre Jun et Gorô, son père...?!!!
"-Désolé, mais je ne m'intéresse pas beaucoup ni au commerce ni à l'économie.
-Qu'est-ce que tu racontes ? Ces matières sont essentielles pour toi. Tu es mon héritier. Dès que tu auras terminé l'université, tu prendras immédiatement tes fonctions comme mon bras droit.
Jun proteste :
-Ton père a étudié la physique, ton grand-père n'est même pas allé à l'université. D'après toi, ton père n'a jamais insisté pour que tu entres en commerce. Et tu as laissé ma soeur libre de choisir la musique. Pourquoi veux-tu décider de mon avenir ?" (p. 49)
L'arrogance de Gorô va être progressivement mis à mal; l'une des ses maîtresses,
actrice célèbre, l'affronte, en lui apprenant qu'elle est amoureuse, et ne souhaite plus poursuivre leur relation...Son fils, Jun, à son tour, refuse de prendre la succession de l'entreprise familiale, et persiste au gran dam de son père, à choisir de faire des études de psychologie
Gorô ne comprend pas ces désaveux successifs, étant englué dans l'auto-satifaction. Il se croit séduisant généreux envers les siens, alors que sa position sociale, son argent ne lui servent qu'à contraindre et contrôler son entourage, emprisonner ses proches dans une vraie toile d'araignée !!
Sa belle-mère, seconde femme de son père, qui au décès de ce dernier, dirige l'entreprise avec énergie et succès, à 80 ans souhaite passer le relais; Gorô, déjà président est totalement convaincu qu'il deviendra son successeur; il déteste, jalouse sa demi-soeur...Mais la nomination sera une surprise totale, aux antipodes de ce qu'aurait pu imaginer notre "Narcisse", Gorô ! de là...sa vie si confortable, roulant dans les rails depuis plus de vingt-ans, juste pour satisfaire ses propres caprices et son confort va s'écrouler comme un château de cartes. !!..
On peut ressentir quelque pitié envers lui... j'avoue que je n'y suis pas parvenue, tant l'homme n'a pas la capacité de se remettre en cause, d'analyser ses erreurs de comportements envers sa femme, ses enfants... L'homme est englué dans ses certitudes... Il se souvient de Sayoko...avec nostalgie, un amour de jeunesse, mais hors de question de l'épouser car elle ne fait pas partie de son milieu social,et en plus de sa pauvreté "honteuse" , elle a l'outrecuidance de faire des études, d'aller à l'université...
"Sayoko était différente de celles que j'avais rencontrées . Lorsque je lui ai dit que toutes les filles rêvent de se marier avec un prince charmant, elle m'a répondu :
-Une vie de Cendrillon, ce n'est pas mon rêve. J'adore apprendre en général. J'aime les défis : je veux exploiter mes propres possibilités. Je suis pauvre, mais je n'en ai pas honte. Je suis fière d'être occupée par mes études et mon travail.
Il m'était impossible d'imaginer sa vie. Je ne comprenais pas sa mentalité- pauvre mais fière de ses études et même de son emploi minable. Je croyais qu'elle faisait la brave. Pour moi, la pauvreté, c'est la honte. (p. 136)"
Aki Shimazaki par ce personnage pas franchement sympathique... nous parle du poids et des aberrations de certaines traditions et usages nippons... qui ne favorisent guère les femmes et les personnes de classes populaires !!!
Un portrait très réussi, et un excellent moment de lecture...toujours , ...qui nous sensibilisent er familiarisent, avec l'estrit japonais !!
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Troisième volume de la pentalogie "L'ombre du chardon" Cette fois, le personnage consacré est Goro. Un personnage antipathique. Sûr de lui, pédant, ne respectant ni sa famille, ni ses amantes. C'est quelqu'un qui se croit au dessus de tout le monde et pense faire le bien autour de lui. Doucement mais sûrement, l'autrice dresse un portrait sans concession de Goro, et l'on comprend, même si on approuve pas sa façon de fonctionner. Tout son entourage le fuit et il est bien obligé à un moment donné de se poser des questions.
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Gôro est directeur d'une société d'importation d'alcool hérité en partie à la mort de son père.
Marié, père d'une fille pour qui il cherchera bientôt un mari et d'un fils qu'il oriente dans ses études pour le préparer à prendre sa suite, il a aussi deux maîtresses.
Très imbu de sa personne, il met le monde autour de lui à ses pieds.
Mais un jour, il va être obligé de se regarder différemment.
Toujours une écriture, claire, concise.
Un livre qui percute.
Une très bonne lecture.
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