Ma mère voulait rester avec mon père en Mandchourie, mais il l’a persuadé de partir en expliquant qu’il serait très difficile de sortir de cette colonie japonaise si le Japon était défait.
En effet, tout s’est passé comme mon père l’avait pressenti. Après la guerre, les soldats japonais ont été envoyés dans des camps de travaux forcés en Union soviétique. Le reste des Japonais de Mandchourie, les vieux, les femmes et les enfants, ont connu un sort épouvantable. Les soldats russes se permettaient tout : brigandages, meurtres, violences. Beaucoup de Japonaises ont été violées, certaines se sont suicidées ou sont devenues folles.
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Je sais que beaucoup de livres ont été publiés à ce sujet par des rapatriés de la Sibérie, mais j'ignorais que cette histoire précise n'était pas évoquée dans les manuels scolaires. le Japon a pourtant été une victime directe des politiques de l'Union Soviétique. Satoshi me dit : - On parle beaucoup des victimes des bombes atomiques larguées sur Nagasaki et Hiroshima. Pourquoi ignore-t-on les victimes des travaux forcés en Sibérie ?
En fait, c'est une vieille photo de mes parents, qui date de l'époque où ils se sont rencontrés. La photo est en noir et blanc. Naturellement, elle a jauni avec le temps, mais l'image est assez claire. Ma mère est vêtue d'une chemise et d'une longue jupe. Mon père porte un complet d'été. C'est une photo que mam mère me montrait souvent quand j'étais jeune. Elle me disait que tous leurs vêtements étaient blancs.