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C'est l'automne. L'arbre du zakuro resplendit, l'arbre de la grenade, fruit rouge, rouge sang.

Sang des japonais versé pendant la deuxième guerre mondiale.
Sang des familles dispersées, avec la déportation en Sibérie de nombreux hommes à la fin de la guerre, et de leur retour problématique des années plus tard.

Zakuro, fil rouge qui nous guide du présent au passé, d'une génération à une autre, du fils à son père, du mari à sa femme.

Dans la mémoire blessée de Yoshiko, éclate comme une grenade le souvenir de son mari, Bânzo Toda. Dans l'esprit délabré de Yoshiko, brûlent encore les braises de l'amour.
Elle l'a attendu, son mari, soi-disant disparu après la guerre ! Las… il n'est jamais revenu. le fils ainé, Tsuyoshi, a dû prendre en charge l'éducation de ses frère et soeurs, et puis endurer la blessure douloureuse de voir sa mère diminuée par l'Alzheimer.
Quand soudain, des dizaines d'années après, explose la vérité, c'est encore Tsuyoshi qui va tenter de relier passé et présent, sans blesser ni sa mère, ni son père.

Ce roman sobre est dominé par la figure du père, par la frêle silhouette de la mère, et par la force tranquille du fils.

Dans le jardin, l'arbre du zakuro tient bon, malgré la neige, malgré le froid.
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Encore un récit magnifique , touchant , pudique, pétri d'amour et de retenue , riche de réflexion à propos d'un épisode méconnu de l'après - guerre au Japon,(on ne l'enseigne pas dans les programmes scolaires ) .
Ou le destin tragique d'une famille désunie et séparée.
Banzo Toda est parti travailler en Mandchourie en1942, d'où il a été déporté en Sibérie après la fin de la guerre, disparu sans laisser de trace ....malgré le retour des prisonniers de guerre ....

A l'époque les soldats russes se permettaient tout: brigandages, meurtres, viols de japonaises ....

Les enfants de Banzo Toda sont persuadés qu'il est mort .
Son épouse égarée, à l'esprit perdu , vingt - cinq ans après croit---- grâce à son amour intact --- à sa survie : "Le souvenir de sa jeunesse est toujours vivant, elle vit dans son passé " .
Il va revenir dit- elle.

Son fils Tsuyoshi Toda, a envie de pleurer , son coeur se serre lorsqu'il apprend à la suite de circonstances inattendues que je ne révélerai pas....qu'il est toujours en vie....il ne l'a pas vu depuis vingt- huit ans ...
Ce récit est relié à la nature par le "Zakuro " : petit arbre ornemental qui donne un fruit rouge , à la saveur aigre que tient la mére, le blanc de sa jupe contrastant avec le rouge du fruit : symbole de la sottise dans l'imagerie populaire japonaise ....le fruit des enfers selon la mythologie grecque ...

Ce roman sans lourdeur, à l'écriture simple, belle et tendre exhale pas seulement des souffrances humaines , exodes, destructions, prisonniers , guerre et après - guerre .
Cette histoire déchirante montre que l'amour filial, conjugal, demeure intact au sein d'un chaos économique et social malgré les normes sociales de ce pays où la politesse empêche toute émotion---- lourd de secrets dissimulés ---de dignité à rebâtir .

Un régal de lecture , juste et délicate , simple et pudique , lumineuse et sobre, poétique et agréable .....où l'espoir et la lumière ----l'amour triompheront et relieront les âmes humaines ....
L'exploration de destins individuels que l'Histoire brasse dans les volutes de ses silences honteux .....

Quelle chance de lire ces romans japonais !

Des petits bijoux à lire et à relire ....
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Zakuro s'organise autour du rond rouge et pulpeux de la grenade sur fond de neige : le drapeau japonais...

Après Mitsuba  le premier livre , consacré au Japon des grandes compagnies, Zakuro nous emmène, sur les pas de Tsuyoshi Toda,  dans le passé de sa jeunesse,  une triste jeunesse sans père, vers une page sombre de l'histoire japonaise, celle de la guerre de Mandchourie.

L'ogre stalinien a retenu de longues annees dans ses camps nombre de soldats japonais, les derniers perdants de la guerre. le père de Tsuyoshi Toda , Bânzo Toda, était l'un d'eux , et il n'est jamais revenu.

Seule, la mère de Tsuyoshi croit encore à son retour, mais elle perd la mémoire et a été placée dans une maison de retraite.

Sa jupe de soie blanche et la tache sanglante d'une grenade déclinent le motif récurrent  d'un récit raffiné qui mêle Histoire nationale et histoire personnelle, secrets d'Etat et secrets de famille, crimes de masse et vengeance privée.  

La grenade est le symbole ambivalent de la maturité de l'intelligence et de la violence de la bêtise.

La guerre et le crime de sang sont des blessures irréparables,  des taches qui ne s'effacent ni sur la neige, ni sur la soie, ni dans la mémoire,  fût-elle fracassée, de ceux ou celles qui ont aimé. 

Encore un pas dans la galerie des glaces du Yamato.

Les silhouettes de second plan passent au premier plan. La bienveillance paternelle de Tsuyoshi Toda, entrevu dans le premier livre , prend tout son sens dans ce deuxième livre, dans ce voyage au coeur d'un passé difficile, d'une enfance où il a appris à faire des choix, à garder des silences, à comprendre et à protéger.

Tsuyoshi Toda, un beau personnage qu'on aura plaisir à découvrir, par facettes et ellipses, jusqu'au dernier volume.

Je commence à entrevoir  quelle délicate architecture , quelles interrogations profondes traversent cette pentalogie. le charme , le dépaysement sont toujours aussi forts, les images aussi pures et délicates que des kakemonos sur soie...

 Mais quelque chose d'autre guide mes pas. Il me semble que je tiens un fil...
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Deuxième volet de la grande fresque 'Au coeur du Yamato', 'Zakuro' évoque avec délicatesse et retenue un fait méconnu et sombre de l'histoire du Japon moderne, à savoir l'emprisonnement longtemps après la fin de la seconde guerre mondiale de soldats japonais dans les camps soviétiques.

Le narrateur est Monsieur Toda, le supérieur bienveillant de Takashi dans 'Mitsuba'. C'est son père qui a été envoyé en Sibérie et n'en est jamais revenu. Après ça, la vie a repris son cours pour Monsieur Toda et ses frère et soeurs, mais pas pour leur mère qui attend toujours le retour de son mari, alors même que 25 ans ont passé et qu'elle est désormais atteinte de démence. Monsieur Toda continue donc à chercher son père et, ce faisant, découvre de difficiles secrets sur son pays et sa famille.

Voilà pour l'histoire. Mais ce résumé ne suffit pas à montrer le talent de l'auteure Aki Shimazaki, qui parvient à garder sa même patte caractéristique que dans 'Mitsuba' : pudeur, poésie, jeu sur les mots et les symboles, tout en se renouvelant complètement, à la fois dans le thème abordé, les caractères des personnages et le ton serein du livre. C'est donc à mes yeux une très belle réussite que ce savoureux 'Zakuro'.
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Belle découverte due au pur hasard de mes flâneries en bibliothèque . Je viens de faire connaissance avec cette auteur japonaise, vivant à Montréal depuis 1991, et parallèlement, j'ai pris connaissance à travers un drame intime et familial d'un épisode méconnu et occulté de l'histoire japonaise....
Lu ce court roman très poignant et captivant, en une soirée. Cette lecture m'a donné envie de découvrir les autres textes de cette auteure.

La disparition du père du narrateur lui pose question, ainsi qu'à sa maman qui espère depuis si longtemps le retour de l'homme qu'elle aime.
Le narrateur finira par apprendre par un ami journaliste que son père est vivant, à proximité géographique de sa famille . le fils s'interroge, ne comprend pas comment ce père si droit, si attaché aux siens les a abandonnés ainsi, sans explication. Il lui téléphonera, le rencontrera, et prendra connaissance d'un évènement violent qui a fait basculer l'existence de son père, au moment où il s'apprêtait à rejoindre enfin son épouse et ses enfants...après les épreuves de la guerre, de la déportation en Sibérie..je n'en dirai pas plus... car l'intensité du récit tient à ce secret, qui aura brisé toute une famille, à cause de la barbarie de l'Histoire...

Dans ce tourbillon de cruautés dues à la guerre, l'amour demeure intact, celui d'une épouse pour un mari qu'elle persiste à rechercher; comme l'admiration d'un fils pour un père qui manque, celui-ci restant un modèle, une référence. Ce fils prend des décisions dans sa vie en imaginant toujours ce que son père aurait choisi de faire dans les mêmes circonstances .

Au milieu de la barbarie, un beau portrait de femme aimante qui croit à l'encontre de tous, que son mari va revenir, même au bout de 25 années d'attente et de recherches... L'espoir, la lumière, l'Amour intacts , indestructibles...qui seront récompensés d'une certaine manière. Un roman intense, sobre et lumineux
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Après le muguet, voici la grenade et Tsuyoshi Toda, le supérieur bienveillant de Takashi Aoki. A travers son émouvante histoire personnelle, Aki Shimazaki évoque une page sombre de la grande Histoire et le sort des prisonniers japonais en Sibérie soviétique. Ces hommes abandonnés à leur sort ont finalement été rapatriés au Japon sous la pression des familles, des années après la fin de la guerre.
L'autrice en profite pour dénoncer la façon dont on enseigne l'Histoire dans les écoles japonaises, en passant sous silence certains faits peu glorieux. Ainsi, le sort des 600 000 Japonais envoyés dans les camps de travail soviétiques est tu et rien n'est dit de leurs abominables conditions d'incarcération, de leur retour chaotique, de l'indifférence de l'Etat et du nombre de morts.
Mais si le sujet est grave, Aki Shimazaki le traite avec toute la délicatesse et la poésie qu'on lui connait. Malgré les malheurs, un destin peu favorable et une séparation forcée, les Toda font passer le message que l'amour est plus fort que tout, qu'il traverse le temps et les épreuves et qu'il triomphe de tout.
Beau dans sa simplicité, ce deuxième volet de ‘'Au coeur du Yamato'' est tout aussi réussi que le premier, un moment hors du temps, dans l'intimité de cette famille meurtrie mais pudique et aimante. Encore un joyau de cette autrice qui sait toucher et émouvoir en peu de mots.
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A peine fini le tome 1 de "Au coeur du Yamato" me voici dans le tome 2.... et j'avoue que le tome 3 est déjà commencé !
J'aime la façon d'écrire de l'auteure. C'est doux, apaisant, même si les sujets ne sont pas faciles.
ici on va parler des Japonais présents en Chine pendant la guerre et envoyés dans des camps en Sibérie par les Soviétiques. Cette sanction concernait aussi les civils comme le père du personnage principal. Ce tome permet donc de découvrir une page d'Histoire.
Je pensais rester dans le milieu de l'entreprise après le tome 1, pas du tout, ici on pénètre l'intimité d'une famille, qui attend toujours le retour du père, disparu dans ces camps sibériens. Rien à dire, le plaisir de lire ces livres est toujours là...
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Histoire de famille japonaise, avec un père disparu en Mandchourie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Une femme dont le mari ne revient pas, mais qui espère malgré tout. Des enfants qui doivent changer leurs plans de carrière pour faire vivre la famille. Non seulement le pays a perdu la guerre, mais ils ont perdu un mari, un père, jusqu'à ce qu'un jour…

En plus des amours et des relations familiales, un roman qui met en lumière un élément historique peu connu, cette histoire de prisonniers Japonais exilés en Sibérie qui ont pris plusieurs années avant de pouvoir retourner dans leur pays.

Un court roman, une belle lecture, avec toujours l'écriture limpide de cette autrice québécoise d'adoption.
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Cela fait près de vingt cinq ans que Tsuyoshi n'a plus eu de nouvelles de son père Banzo Toda. Ce dernier était parti travailler en Mandchourie, mais à la fin de la seconde guerre mondiale, cette zone est passée sous domination soviétique et de nombreux japonais ont été déportés en Sibérie, soupçonnés d'espionnage. A l'époque Tsuyoshi, revenant de la guerre, a dû interrompre ses études et subvenir aux besoins de sa mère et de son frères et soeurs. Sa mère n'a jamais renoncé à l'espoir de voir revenir son mari mais, atteinte d'Alzeimer, attentes, souvenirs et fantasmes se mélangent au grand désespoir de Tsuyoshi qui ne sait pas comment gérer les obsessions de sa mère. Jusqu'au jour où, apprenant que son père serait en vie et habiterait Yokohama, il se lance dans une enquête pour connaître les évènements tragiques que son père a traversé après-guerre.

Azi Shimazaki avec Zakuro aborde les relations sombres entre l'Union soviétique et le Japon qui, après la seconde guerre mondiale, doivent régler le sort des détenus japonais exilés en Sibérie alors qu'ils étaient installés en Mandchourie. Des conditions de vie difficiles - famine, froid intense, persécutions par les gardiens, cobayes humains - et des retours négociés au coup par coup, au gré des changements d'humeur de Staline et, au final, par une absence de dédommagement de la part de l'état Japonais. Une page sombre et méconnue de l'histoire et surtout une gestion méprisant la souffrance des familles doublement victimes - par les souffrances de la détention ou de l'attente du retour des prisonniers et par l'absence d'indemnités qui montre la négation du statut de victimes.
Un récit poignant.
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J'ai d'abord été un peu rebutée par les phrases très simples et une narration monocorde, jusqu'à ce que surgisse l'histoire de ce père disparu à la fin de la guerre, déporté de Mandchourie auprès de nombreux soldats japonais pour les camps de la Sibérie. Encore un pan de l'Histoire que je ne connaissais pas...
Sa femme, la mère du narrateur, aujourd'hui atteinte d'Alzheimer, n'a jamais perdu espoir de le retrouver vivant, et l'attend avec détermination dans sa chambre en maison de retraite. Elle est étonnamment lucide lorsqu'il s'agit de la défaite du Japon et les relations entre son pays et l'Union soviétique, mais ne reconnait plus les membres de sa famille.
C'est à ce moment que le spectre du père refait surface, contre toute attente.
le roman est très court et pour cette raison je n'en dévoilerai pas plus. J'ai finalement été gagnée par le style minimaliste de la narration qui, en toute sobriété, parvient à provoquer l'émotion au fur et à mesure que l'histoire familiale se dévoile en parallèle à celle d'un Japon vaincu par les Alliés.
Je n'en resterai finalement pas là avec cette autrice qui a sans aucun doute beaucoup à m'apprendre sur l'histoire de son pays et de son peuple.
De plus, en lisant sa fiche biographique, je comprends maintenant la raison de ces phrases simples car comme Agota Kristof, Aki Shimazaki a réellement appris le français - sa langue d'écriture - tard dans sa vie, une fois adulte. Bref, chapeau!
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