Zakuro s'organise autour du rond rouge et pulpeux de la grenade sur fond de neige : le drapeau japonais...
Après
Mitsuba le premier livre , consacré au Japon des grandes compagnies,
Zakuro nous emmène, sur les pas de Tsuyoshi Toda, dans le passé de sa jeunesse, une triste jeunesse sans père, vers une page sombre de l'histoire japonaise, celle de la guerre de Mandchourie.
L'ogre stalinien a retenu de longues annees dans ses camps nombre de soldats japonais, les derniers perdants de la guerre. le père de Tsuyoshi Toda , Bânzo Toda, était l'un d'eux , et il n'est jamais revenu.
Seule, la mère de Tsuyoshi croit encore à son retour, mais elle perd la mémoire et a été placée dans une maison de retraite.
Sa jupe de soie blanche et la tache sanglante d'une grenade déclinent le motif récurrent d'un récit raffiné qui mêle Histoire nationale et histoire personnelle, secrets d'Etat et secrets de famille, crimes de masse et vengeance privée.
La grenade est le symbole ambivalent de la maturité de l'intelligence et de la violence de la bêtise.
La guerre et le crime de sang sont des blessures irréparables, des taches qui ne s'effacent ni sur la neige, ni sur la soie, ni dans la mémoire, fût-elle fracassée, de ceux ou celles qui ont aimé.
Encore un pas dans la galerie des glaces du Yamato.
Les silhouettes de second plan passent au premier plan. La bienveillance paternelle de Tsuyoshi Toda, entrevu dans le premier livre , prend tout son sens dans ce deuxième livre, dans ce voyage au coeur d'un passé difficile, d'une enfance où il a appris à faire des choix, à garder des silences, à comprendre et à protéger.
Tsuyoshi Toda, un beau personnage qu'on aura plaisir à découvrir, par facettes et ellipses, jusqu'au dernier volume.
Je commence à entrevoir quelle délicate architecture , quelles interrogations profondes traversent cette pentalogie. le charme , le dépaysement sont toujours aussi forts, les images aussi pures et délicates que des kakemonos sur soie...
Mais quelque chose d'autre guide mes pas. Il me semble que je tiens un fil...