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Citations sur Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes (132)

Je n’adorais pas courir. Voilà un tuyau pour toi : personne n’aime courir. Les gens font semblant, mais ils mentent. La seule satisfaction, c’est d’avoir couru. Sur le moment, c’est ennuyeux et pénible, dans le sens où il faut fournir un effort et non parce que c’est difficile de savoir le faire. C’est répétitif. N’espère pas y trouver la révélation de quoi que ce soit.
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Franchement, dit Deacon en allumant sa roulée avec un plaisir qui fit envie à Serenata, pourquoi ne pas laisser tomber? Tu as passé la soixantaine, non ? Quoi que tu fasses, tout ton machin physique va partir en sucette - ou plutôt dans ton cercueil. Arrête d'essayer de te mesurer à des minettes de vingt ans qui peuvent te battre à plate couture juste en marchant dans la rue vêtues d'un sac à patates. Lève le pied et jette-toi dans les bras de l'inévitable. Il doit bien y avoir des avantages à devenir une vieille peau gâteuse.
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J'aime l'homme que j'ai épousé. Mais je ne suis pas sûre qu'il soit encore l'homme que j'ai épousé. C'est le problème.
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Car la clé de la bucket list n'était pas de cocher les choses à faire, mais d'arriver à balancer la liste à la poubelle. C'était excitant d'envoyer balader tout ce bazar - avec réticence d'abord, puis avec joie.

C'était excitant de mourir graduellement. Elle avançait vers l'apathie les bras grands ouverts. Elle n'allait pas le crier sur les toits - ça ne valait pas la peine de se disputer pour si peu - mais Serenata ne se sentait pas obligée d'être concernée par le changement climatique, les espèces en voie de disparition ou la prolifération nucléaire. Elle gardait un œil sur la porte de sortie et avait bon espoir d'échapper au jour prochain où l'humanité devrait certainement rendre des comptes. La fois précédente où c'était arrivé datait vraiment, et la nouvelle mise au point n'avait que trop tardé. Toutes les civilisations produisaient les graines de leur propre effondrement et l'espoir d'esquiver les ravages meurtriers qui se profilaient au coin de la rue, juste parce qu'on était née un peu plus tôt que les malheureux petits nouveaux, était sans doute un peu sournois.
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— Tu as remarqué dans ces émissions culturelles, nota Remington au mitan de l'été alors qu'ils faisaient la vaisselle du déjeuner en écoutant en fond sonore NPR, la radio de service public, le nombre de fois où tu entends : « On ne pourrait plus dire ça aujourd'hui » ? Alors qu'on parle généralement d'un film ou d’un spectacle de stand up qui n’a pas plus de trois ou quatre ans.

« On ne pourrait plus dire ça aujourd'hui. » Bientôt, on ne pourra même plus dire ce qu'on n’a plus le droit de dire. On sera persuadés que s'exprimer est extrêmement risqué et l'espèce deviendra muette.
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- On pourrait penser que les transports ne sont qu'une histoire de mécanique, alors qu'il s'agit d'émotions. Aucun autre aspect de la vie urbaine ne suscite de sentiments aussi forts. Dans certaines rues, si on supprime une voie de circulation pour la transformer en piste cydable, cela peut soulever une émeute. Il suffît d'un feu piéton mal réglé qui dure deux bonnes minutes pour qu'on entende les automobilistes tambouriner sur leur volant, toutes vitres fermées. Le bus qui met une heure à arriver quand la température est négative... Le métro coincé indéfiniment sous le tunnel de l’East River sans qu'aucune explication soit fournie... Une rampe d'accès à une autoroute conçue de manière aberrante parce qu'un virage empêche de voir les voitures arriver... Une signalisation pas très claire qui vous expédie sur l'autoroute à péage du New Jersey pendant 32 kilomètres sans possibilité de sortir alors qu'on voulait prendre la direction du nord et qu'on est déjà en retard.
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Avec constance et de plus en plus vite au cours des vingt dernières années, le conformisme avait envahi l’activité physique sous toutes ses formes. Elle l'entendait presque, ce grondement à l'intérieur de son crâne, semblable à la cavalcade migratoire de gnous fonçant dans sa direction, la poussière s'accrochant à ses narines, le martèlement de leurs sabots tambourinant depuis l'horizon. Cette fois, les masses ne se contentaient plus d'imiter ses goûts musicaux et littéraires dans l'intimité de leurs foyers. Cette fois, on les repérait en agrégats, en foules piétinant les creux et les bosses des parcs publics, barbotant de concert dans les quatre couloirs de la piscine de son quartier, vociférant avec les fanatiques, pédalant tête baissée en nuées de cyclistes, chacun voulant à tout prix dépasser le vélo qui le précédait, pour mieux s'arrêter au prochain feu rouge - où la meute s'ébrouait, chacun de ses membres prêt à sauter sur son coreligipnnaire telle une hyène chargeant une proie. Cette fois, l'incursion dans son territoire n'était pas métaphorique mais pouvait se mesurer en mètres carrés. Son cher mari avait rejoint le gros du troupeau des clones décérébrés.
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Une bucket list, a-t-elle répété en reculant sa chaise. Où j'ai été pêcher ça ?

Le fait d'utiliser une expression à la mode était l'illustration même de ce manque d'originalité, de ce comportement moutonnier qui la mettait en rage. (Et ce n'était vraiment pas rendre justice aux moutons. Comment ces pauvres bêtes étaient-elles devenues la métaphore du conformisme ?) D'accord, il n'y avait pas de mal à adopter une nouvelle expression. Ce qui était horripilant, c'était cette façon dont tout le monde évoquait soudain sa bucket list, ses cent choses à faire avant de passer l'arme à gauche, sur un ton à la fois léger et entendu, pour bien montrer que l'usage de cette expression lui était parfaitement familier.
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Il commanda un tapis de course .
Et pas n’importe lequel. Une monstruosité dernier cri en acier brossé avec son surround et écran 32 pouces qui permettait de suivre ses progrès en réalité virtuelle dans un décor de vallons et de collines verdoyantes, bêlements de moutons compris. À moins de choisir la forêt de conifères dont les aiguilles vous caressaient les joues tandis que vous serpentiez sur des chemins montagneux boisés ; elle n’aurait pas été surprise si la machine avait diffusé un parfum de résine avec une note acide de feu de forêt porté par le vent. D’un clic au menu, on pouvait opter pour un horizon aquatique et trotter dans le clapotis des eaux d’une plage au coucher de soleil. Sur la bande audio du programme océanique, d’énormes vagues roulaient et se brisaient dans le fond tandis que, au premier plan, un pied nu claquait sur le sable au milieu des éclaboussures chaque fois que votre pied touchait le sol ; pour ce qu’elle en savait, la machine vous giflait les joues avec une brise tonique et vous piquait la bouche avec du sel.
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La douleur vous isole, car si on ne la ressent pas, on y pense pas et si on la ressent, on ne peut pas penser à autre chose. Cet état vous sépare à ce point des autres qu'on peut l'assimiler à une forme de confinement solitaire.
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