AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lamifranz


Christian Signol (né en 1947) est un de nos plus grands « écrivains de terroir ». Avec d'autres auteurs comme Claude Michelet, Gilbert Bordes ou Michel Peyramaure, il a dépeint, tout au long de nombreux ouvrages la vie paysanne dans les provinces, telle qu'elle se déroulait au XIXème siècle et dans les premières années du XXème. Ces « romans de terroir », décriés par certains critiques (malgré le patronage de grands anciens comme Colette, Genevoix ou Giono) ont d'emblée reçu l'assentiment et l'enthousiasme de lecteurs qui, avides d'évasion et en même temps ravis de retrouver leurs origines paysannes, ont adoré se replonger dans l'atmosphère rude et profondément émouvante de ces époques révolues…
Christian Signol a écrit plusieurs sagas qui ont toutes été très appréciées : « Les Cailloux bleus » (« Les cailloux bleus » – 1984, « Les Menthes sauvages » – 1985), « Les Vignes de Sainte-Colombe » (« Les Vignes de Sainte-Colombe » – 1996, « La Lumière des collines » – 1997, « La Promesse des sources » – 1998), « Ce que vivent les hommes » (« Les Noëls blancs » – 2000, « le Printemps de ce monde » – 2001) ou encore « Les Messieurs de Grandval » (« Les Messieurs de Grandval » – 2005, « Les Dames de la Ferrière » – 2006), ainsi qu'un grand nombre de romans isolés, eux aussi couronnés par la critique et le public. La trilogie de « La Rivière Espérance » est à la fois son chef-d'oeuvre son plus grand succès.
Trois romans composent cette saga inoubliable : « La Rivière Espérance » (1990), « le Royaume du fleuve » (1991) et « L'âme de la vallée » (1993). Point commun entre ces trois romans, la Dordogne, « la rivière Espérance », est le personnage principal de l'histoire : voie de communication incontournable, de transport fluvial particulièrement florissant (il faut dire qu'en ce milieu de XIXème siècle, les routes étaient peu nombreuses et souvent mal entretenues, le chemin de fer était encore en projet, restait donc la rivière et ses bateliers, Souillac, Bergerac et Libourne étaient de grands ports fluviaux, plates-formes économiques et commerciales).
Les Donnadieu sont bateliers, ils naviguent sur le fleuve sur des « gabares » (le mot s'écrit aussi bien avec deux r, ce qui est plus proche de l'occitan dont il est issu), sortes de bateaux plats destinés au transport des marchandises. Benjamin, le fils, embarque le jour de ses treize ans avec son père Victorien, réalisant le rêve de toute son enfance. C'est le début d'une grande aventure : il devra traverser nombre de péripéties parfois douloureuses, la concurrence des autres bateliers, la guerre des grands marchands, la dénonciation calomnieuse qui l'enverra en exil en Algérie, l'installation du chemin de fer qui signe la fin du transport fluvial… Il sera aussi l'enjeu de l'amour de deux femmes, la douce Marie qui lui est promise depuis son plus jeune âge, et la fière Emeline, fille de riche marchand…
Roman de terroir, « La Rivière Espérance » est également un roman historique, en ce sens qu'il évoque tout un pan de l'histoire d'un pays où le commerce fluvial était la première réalité économique, et le travail assuré pour toute une population. le tour de force de Christian Signol est d'insérer cette réalité dans un roman fort et émouvant, où les sentiments entre les protagonistes se doublent d'un amour profond pour la terre où ils sont nés, et pour le fleuve qui la parcourt, nourricier, mais capable aussi de terribles colères. Dans un style parfaitement évocateur (notamment quand il évoque la rivière), Christian Signol fait bien plus que dessiner devant nous une carte postale, il l'anime et la fait vivre, et il nous fait même pénétrer à l'intérieur. Et c'est d'autant plus émouvant que c'est un monde qui n'existe plus….
L'adaptation télévisée de Josée Dayan (1995) avec Jean-Claude Drouot, Manuel Blanc, Carole Richert et Claire Nebout, est en tous points remarquable.
.

Commenter  J’apprécie          41



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}