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Citations sur La Rivière Espérance, Tome 2 : Le royaume du fleuve (12)

Elle s'en était plusieurs fois ouverte à Elina qui avait tenté de la dissuader de se confier à Benjamin. Pour elle, le monde des hommes ne pourrait jamais devenir celui des femmes. C'était ainsi. Il ne fallait pas vouloir briser l'équilibre réalisé depuis des siècles dans la vallée sous peine de rompre également celui des familles. Marie, elle, savait que l'on pouvait vivre différemment, ne pas se contenter d'attendre (espérer, disait Elina), briser ses chaines, exister vraiment. Aussi avait-elle parlé à Benjamin de son désir d'embarquer avec lui, de le suivre partout. Ç’avait été leur première dispute. Selon lui, une femme ne pouvait pas naviguer. C'était contraire à tous les usages, à toutes les lois de la rivière.
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Dès qu'elles sortirent du couvert des arbres, elles furent aveuglées par la lumière et durent fermer les yeux un instant. C'était un exercice que l'une et l'autre connaissaient bien et qui revêtait ce matin un charme indéfinissable. Le jeu consistait à rouvrir les yeux très lentement, de manière à provoquer un mélange de couleurs toutes aussi magnifiques les unes que les autres. Combien de fois n'avaient-elles pas joué, enfants, à essayer de les compter, de les décrire, mais bien souvent les mots manquaient. Aujourd'hui, il semblait à Marie qu'elle aurait su en parler indéfiniment.
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Empêcher un homme de se battre pour ses idées, c'est le plus sûr moyen de le perdre.
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Allons ! Il fallait oublier les chimères, les voyages, et se contenter de mettre au monde des enfants, les aimer, les élever, puisqu'il était dans la nature des femmes qu'il en fût ainsi.
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Un parfum de sureau, d'avoines folles, fusa vers elle, et elle inspira profondément, jusqu'au vertige. C'était chaque année à la même époque le même éblouissement, le même miracle, qui lui faisaient ressentir intensément la présence des plantes autour d'elle. Comment tant de force, de patience, d'obstination eussent-elles pu être inutiles ? Marie se sentit tout à coup feuille, herbe et fleur. Naître et renaître malgré les obstacles, les difficultés, étaient le lot des plantes, mais aussi celui des hommes et des femmes. Sans doute l'aventure était-elle la même. Dans quel but, quelle mystérieuse nécessité ? Elle ne le discernait pas clairement, mais elle prenait vaguement conscience d'un accomplissement qui, en la dépassant, la grandissait.
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Mourir ne serait pas si grave si l'on pouvait conserver un peu de ce qu'on a aimé : un brin d'herbe, un rayon de soleil, une caresse du vent, une lampée d'eau fraîche...
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C'était une lumière de premier jour du monde. Elle déferlait en vagues sur le fleuve qui miroitait comme une mer polaire. Depuis deux jours, le vent lustrait le ciel qui semblait sur le point de se briser. Debout à l'arrière du bateau, Benjamin Donadieu se tourna vers tribord. Le soleil venait de surgir au-dessus des collines où le printemps allumait ça et là des îlots de verdure. Il faisait froid. La gabare, que le jusant entraînait à vive allure, arrivait sous le tertre de Fronsac, un coteau aux lignes douces dominé par un château en ruine. Sous le tertre, le fleuve mesurait plus d'un kilomètre de large. Ses eaux de mica palpitaient avec un clapotis régulier où de grands oiseaux blancs s'abattaient violemment, comme foudroyés par la lumière.
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L'eau, dans cet après-midi sonore, était tout en muscles et en roulement d'épaules. Elle portait les gabares avec cette force qu'elle conserve longtemps après les crues, quand son cœur bat encore d'avoir charrié tant de terre et tant d'arbres jusqu'au bout du voyage.
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L'un des gabarriers qui avait été repêché par La Capitane se leva et prononça un couplet à son honneur :
Sur la verte Dordogne
Depuis le haut pays
Jusqu'à bordeaux encore
Il n'y a qu'une Marie
La Belle Du Périgord
Elle s'enfuit sous les acclamations et se réfugia dans la chambre où, ivre d'émotion et de fatigue, elle put enfin partager sa victoire avec benjamin.
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Rassuré par la certitude de ne pas mourir d'épuisement ou de malnutrition, Benjamin faisait en sorte de ne pas se faire remarquer. Il pensait à Marie et à ses enfants à chaque instant, tandis qu'il cassait des pierres ou portait des barriques d'eau sur le chemin enfariné de poussière.
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