Comme si l’essentiel,précisément,trouvait sa juste mesure dans ce que l’heure présente offrait de menus plaisirs, une satisfaction adaptée à l’existence étroite mais parfaitement maîtrisée qu’il menait
Mes enfants, ce sont les agnelles et les agneaux. Pour être heureux, il faut savoir se contenter de ce qu'on a.
Il ne faut pas accepter la douleur sinon comment profiter de la vie qui nous reste ?
- Je te remercie.
Qu'aurait-il pu dire d'autre, cet homme qui n'avait rien à donner que sa présence, sa droiture et sa fidélité à un monde en train de mourir ? Il ne savait pas à quel point elles m'étaient précieuses,, et quel chemin, grâce à lui, j'avais pu parcourir. Grâce à lui, mais aussi, en y réfléchissant bien, grâce à cette fuite d'une année qui m'avait sauvé d'une vie sans autre trésor que Julie. Sauvé du monde des chiffres, des bilans, d'une agitation aigüe, de la brutalité des rues ; le monde de l'égoïsme, de l'entassement dans les villes de millions d'êtres humains, de leur narcissisme maladif, de leur incapacité à lever la tête vers le ciel, de leurs passions bavardes, de leur goût pour tout ce qui détruit, tout ce qui noircit ; loin des beautés de l'autre monde, celui des territoires désertés où la vie délivre encore gratuitement ses splendeurs, ses parfums, ses mystères et ses secrets.
C’était comme des retrouvailles, une rencontre avec un pays oublié, revenu à moi d’un temps lointain mais précieusement ressurgi et qui me faisait signe : une proximité essentielle peut-être issue du plus profond des âges, mais négligée, perdue, sacrifiée à des préoccupations dérisoires.