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Citations sur Les enfants des justes (34)

- Et Virgile, quand va-t-il revenir ?
- Demain.
Elle aurait bien voulu en être sûre, mais une ombre noire demeurait vivante dans son esprit, bien qu'elle s'efforçât de l'oublier. Elle songea également au Dr Dujaric en se demandant s'il avait pu échapper à la rafle. Tout lui parut hostile, soudain, lourd de menaces, même dans sa maison qui n'était plus à l'abri, désormais, contrairement à ce qu'elle avait toujours cru. Elle revécut l'instant où les soldats avaient surgi dans la cuisine, cette violence soudaine, ces cris, l'impression que tout s'écroulait autour d'elle, qu'il n'existait plus le moindre refuge sûr nulle part, pas même pour les enfants qu'elle était chargée de protéger. Et c'était comme si elle avait failli à son devoir, comme si elle se sentait coupable vis-à-vis d'eux.

page 240
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- Ce qui signifie que les juifs sont menacés et qu'il va donc en passer de plus en plus. Mais on n'a pas le droit de les protéger. On risque la prison et peut-être plus encore. Je me devais de vous le dire. [...]
- Et pourquoi on leur fait tant de misères, à ces gens ?
Le médecin soupira, se versa un verre de vin, expliqua :
- Ce sont les nazis qui les pourchassent. Ils prétendent qu'ils sont la source de tous leurs maux, que ce sont des voleurs, qu'ils dénaturent la race aryenne, qu'ils sont des sous-hommes, et je ne sais quoi encore. [...]
- Comme s'ils n'avaient pas deux bras et deux jambes comme tout le monde ! soupira Victoria.
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Si la guerre avait toujours été à ses yeux lointaine, comme irréelle, il venait de comprendre qu'il n'en était rien. Elle était là, à sa porte, et menaçait tout le monde, même ceux qui ne s'en préoccupaient pas et vivaient à l'écart.
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Bien des années plus tard, un homme élégamment vêtu, à l'accent curieux, vint leur proposer d'être reconnus "Justes" pour avoir protégé des enfants juifs et, à ce titre, recevoir une médaille.
- Une médaille ? s'étonna Victoria.
- Oui, une médaille, nous savons exactement quel rôle vous avez joué pendant la guerre et comment vous avez protégé deux de nos enfants.
Victoria dévisagea l'homme un instant, se tourna vers Virgile qui lui sembla aussi stupéfait qu'elle, puis elle répondit :
- Nous vous remercions, monsieur, mais ce n'est pas la peine. Nous ne saurions pas la porter.
L'homme expliqua ce dont il s'agissait réellement, il insista puis il comprit qu'il ne parviendrait pas à ses fins. Il s'inclina plusieurs fois devant eux , remercia, et enfin s'en alla.
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La nuit de mai sentait le lilas et les feuilles nouvelles, qu’un vent léger caressait. Une lune de sucre éclairait droit le chemin qui filait vers la rivière, entre deux haies fleuries d’églantiers. Virgile n’avait pas peur : il était seulement impatient de savoir ce qu’il trouverait de l’autre côté. Mais il aimait la nuit, elle lui était familière, n’avait jamais été menaçante, au contraire : ce monde sans hommes, comme neuf, lui semblait rendu à ses origines, lavé de tout péril, immergé dans la paix d’une vie dont il s’efforçait de goûter chaque seconde.
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C’est vrai qu’il a un drôle de regard, le pauvre. On dirait que toute la neige de l’hiver y est enfermée.
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La jeune femme remarqua l’ombre de tristesse qui passait sur le visage de ses hôtes et dit :
― As-tu au moins remercié Mr et Mme Laborie ?
― Oui, dit Victoria. C’est une bonne petite.
La visiteuse sourit, attira sur la table le sac à main qu’elle avait posé, puis elle murmura :
― Moi aussi, je vous remercie très sincèrement. M. Dujaric m’a expliqué tout se que vous avez fait pour Sarah. Ses parents et moi-même, nous vous en sommes très reconnaissants.
Puis elle ouvrit son sac et sortit des billets de banque en ajoutant :
― Je vais vous payer ce qu’on vous doit.
― Ah ! vous aussi ! s’écria Victoria. J’ai déjà dit à sa mère qu’on ne voulait pas d’argent.
― Mais c’est normal, madame, notre organisation à les moyens de faire face à ces dépenses.
― Peut-être, mais pas pour nous. Nous avons été largement payés par la présence de la petite.
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Victoria pensait à la question que lui avait posée un jour le docteur :
- Pourquoi faites-vous ça ? Vous avez suffisamment pris de risques depuis des mois.
- Et vous ? avait-elle répondu.
- Aider les gens, c'est aussi une manière de les soigner. Et les soigner, c'est mon métier.
- Je sais pas si vous pouvez comprendre, avait dit Victoria, mais nous, ce qu'on veut, c'est soigner les enfants qu'on n'a pas eus et qu'on n'aura jamais.
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Poussés par les soldats, ils marchèrent vers le véhicule désigné par l’Allemand, tout en restant tourné vers Elie et Sarah qui tétanisé, les regardaient sans un appel, sans la moindre plainte. L’officier s’apprêtait à monter dans la voiture, quand Victoria fit demi-tour, s’approchant du camion où était les enfants.
― Eloignez-vous cria l’officier.
Mais Victoria continua d’avancer et dit
― Ce sont mes enfants. Je pars avec eux.
― Comme vous voulez, madame ! fit l’officier, qui ordonna aussitôt à l’un des soldats de baisser la ridelle.
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Ils commençaient à relâcher leur attention quand une traction surgit et s’arrêta dans la cour. Virgile donna l’alerte et Victoria monta à l’étage replacer le panneau derrière lequel les deux enfants s’étaient réfugiés. […]. Deux miliciens et un membre de la Gestapo ouvrirent la porte sans frapper, à l’instant où Victoria posait le pied dans la cuisine. Virgile s’était levé, très pâle, mal assuré sur ses jambes. Victoria se précipita vers lui, le prit par le bras et fit face à l’un des miliciens qui, le béret sur la tête, s’approchait d’eux.
― Où sont-ils ? demanda-t-il
― Qui ça ? fit victoria embarrassée par la colère de voir entrer chez elle des hommes en noir, porteurs de tout le malheur du monde.
― Les enfants ;
― Quels enfants ?
― Il y a des enfants ici, on nous l’a dit.
L’allemand, vêtu d’un long manteau de cuir, une croix gammée sur le bras, s’approcha à son tour et dévisagea longuement Virgile et Victoria. Il fit un signe de la main et les miliciens montèrent à l’étage ? Victoria sentait Virgile trembler contre elle, et elle aussi tremblait d’une rage de plus en plus incontrôlable, car elle compris qu’ils avaient été dénoncés. Par qui, Comment ? Elle retient son souffle tout le temps que les hommes, là-haut, inspectaient les chambres, craignant qu’un des enfants ne se trahissent par un éternuement ou un mouvement trop brusque dans un espace aussi réduit que l’était le grenier. Les miliciens finirent par redescendre sans avoir rien remarqué, en parurent furieux, et, sur l’ordre de l’homme au manteau de cuir, sortirent et se dirigèrent vers la grange.
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