David Selig a un super-pouvoir, mais ça n'en fait pas pour autant un super-héros, bien au contraire. Pourtant capable de lire dans les pensées, il a tout au plus profité de son talent quelques années, adolescent, savourant le bonheur de partager l'esprit des animaux... ou de goûter les plaisirs de relations sexuelles par procuration. Depuis, tétanisé, ne sachant que faire de ce pouvoir, incapable d'en user utilement, il se contente de vivoter, de jouer les télépathes de façon parcimonieuse et de constater impuissant la disparition progressive de sa faculté.
Silverberg prend ici l'exact contre-pied des aventures de super-héros. Selig, coincé dans ses préoccupations éthiques, complètement à la merci du regard des autres, notamment de sa soeur, s'avère incapable de vivre pleinement et ne peut que regretter amèrement la perte d'une partie de sa personnalité, alors même qu'il n'en a jamais vraiment profité.
Roman psychologique, «
L'Oreille interne » nous plonge dans la dépression de son personnage principal, dans sa paralysie et ses regrets amers. Par son étude crédible et détaillée, Silverberg amène le lecteur aux frontières des troubles psychologiques. Car la SF n'est ici qu'un argument pour évoquer avec force, dureté et cynisme un trait tout à fait humain : celui de ne jamais se contenter de ce que l'on a et passer son temps à regretter ce que l'on a perdu.
Une lecture compliquée, qui exige de la part du lecteur un bon équilibre émotionnel !