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Elle court, elle court l'infirmière - Eva Silvio - Éditions La boîte à Pandore - lu en février 2020 -

Hello Eva,
J'ai lu ton livre, un fameux boulot que tu as accompli durant de longues années dans plusieurs EHPAD, c'est même plus qu'un travail, c'est un sacerdoce.
Chez nous en Belgique on dit Maison de repos ou Home ou Séniorie, Séniorie, ça fait plus chic.
Il faut sacrément aimer son prochain pour s'investir comme tu l'as fait, et puis, tu racontes si bien ton quotidien, tes doutes, tes joies, ta fatigue tes collègues et... les patients. Certains drôles, d'autres agressifs, d'autres encore perdus dans un ailleurs qui leur appartient, mais tous ces aînés ont tellement besoin d'écoute et de patience, et malgré votre envie, à vous les soignants, de leur apporter un peu de réconfort, le temps vous manquait pour vous arrêter plus de quelques minutes auprès d'eux. Entre la paperasserie, les soins, les médicaments, c'était la course et à l'heure d'aujourd'hui, cela n'a pas changé, et même empiré je crois.
Entre tes enfants, ton mari, tes horaires infernaux, tes gardes, difficile de te réserver du temps pour toi.
Et après avoir donné tant de ta personne, après avoir pesé le pour et le contre, après avoir réfléchi, tu as décidé de mettre fin à ta carrière et de te mettre à l'écriture et tu t'es lancée. Elle court, elle court l'infirmière est le constat que les choses doivent changer, qu'il faut plus de personnel, du matériel adéquat, afin que ces personnes âgées bénéficient de plus de douceurs dans leur fin de vie, elles y ont droit, elles aussi ont travaillé, eu des enfants, ont souffert, ont été utiles.
Et malgré le sujet plutôt grave et triste, tout au long de ma lecture, j'ai remarqué que l'humour était toujours de la partie. Les pensionnaires dont tu t'es occupée ont eu de la chance de croiser ta route.
Alors je termine par une ovation pour les infirmier-es, les aide-soignants-tes, les cuisinier-es, le personnel de surface, tous ceux et celles qui de près ou de loin contribuent à essayer de rendre un peu plus jolie la dernière route de nos aînés.
Bonne chance et beaucoup de satisfactions dans ta nouvelle vie Eva (jmlyr),
c'est ce que je te souhaite.

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Éva Silvio c'est le pseudonyme de…, d'une très chère amie babéliote. Pas une raison pour faire du copinage mais bien sûr que j'ai voulu lire son premier livre, je me suis même jetée dessus !

C'est un témoignage édifiant, un morceau de vie d'une femme pleine de bonne volonté et désireuse de se mettre au service des autres. de l'empathie et de l'énergie à revendre, elle décide de devenir infirmière. Sur le papier, c'est un beau métier, l'un des plus beau peut-être. Mais dans la pratique, c'est devenu une toute autre histoire, un vrai sacerdoce, il faut y croire pour le pratiquer.

C'est un constat, jamais amer et bourré d'autodérision, sur ce métier et sur ceux qui le pratiquent. le constat d'une profession soumise aux règles du marché, où les patients deviennent des numéros, où les horaires s'étendent bien plus que le salaire, où l'on doit produire du soin à la chaîne et savoir être multitâche pour pallier au manque de personnel et aux absences. L'absence qui survient quand les soignants à bout de forces, à force de lutter, cassent la corde sur laquelle ils tirent depuis trop longtemps.

Éva Silvio nous dit tout, nous montre tout avec une grande sincérité et beaucoup d'anecdotes rigolotes qui aident à faire passer la pilule que doit avaler chaque jour le personnel de santé. Il en faut du courage pour résister à ce rythme, quand on aime ses patients et qu'on n'a pas de temps à leur consacrer, quand on aime son métier mais qu'on a pas les moyens de l'exercer correctement, quand les contraintes deviennent tellement grandes que la seule issue pour ne pas se perdre soi-même est de raccrocher la blouse.

Je comprends mieux à présent pourquoi cette amie me paraît toujours être branchée sur secteur, pourquoi elle cavale encore et toujours comme le petit lapin aux piles Varta – cherchez pas les jeunes, il n'existe plus ;-). Elle court, elle court l'infirmière, elle court tellement vite pour moi, que j'avoue m'être un peu perdue parfois entre les noms des collègues, celui des patients, les spécialités exercées, les tensions, les transmissions, les démissions et les rémissions. Mais je ne suis pas infirmière moi, jamais je n'ai eu à exercer un métier aussi exigeant, qui demande d'être toujours à cent pour cent, toujours à cent à l'heure. Déformation professionnelle oblige comme le dit Éva, quand on est infirmière, quoiqu'il arrive, on le reste pour toujours.

Bon et ben donc, même si c'est ma copine qui l'a écrit, j'ai beaucoup apprécié ce livre et c'est avec plaisir que j'ai lu ce témoignage bourré de tendresse et d'humour ; j'en admire d'autant plus son auteure. Ceux qui la connaissent retrouveront son style inimitable, jamais à cours de bonne humeur et de jeux de mots, elle qui après avoir soigné tant de maux retrouve enfin sa sérénité dans l'amour des mots. J'espère que beaucoup d'autres la découvriront et sauront l'apprécier. En tout cas après cette lecture, plus question d'oublier de dire merci à tous les soignants avant de quitter sa chambre d'hôpital.

Merci Jmlyr, merci "la fermière", merci l'infirmière !
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Après avoir appris qu'une amie babeliote avait écrit ce livre , après avoir pris connaissance du résumé du contenu , après m'être souvenu que j'avais 70 ans ( à quelques mois près ) , que notre petite - fille de 15 ans caressait le projet de devenir infirmière pour " aider les autres " ...je n'ai pas résisté et je me suis procuré le volume en question . La lecture n'est pas difficile , même si , contrairement à ce que dit l'autrice, il ne s'agit pas d'une " écriture si naïve " que ça. Mon point de vue est que lorsqu'une personne est capable , par son talent , de dissimuler la difficulté du sujet par le biais de l'humour , alors on est forcément séduit et ...embarqué. Via les situations , les anecdotes , la sincérité du propos nous fait tourner les pages à toute vapeur .Ce roman n'est pas une fiction , c'est le témoignage d'une personne enthousiaste qui voit peu à peu se " craqueler" l'amour du métier, cédant peu à peu sous les coups de boutoir de l'inhumaine pression budgétaire , de l'égoïste pression d'une hiérarchie avide de " profits et promotions " , du poids moral de la " marchandisation de la vieillesse " , de l'exigence de plus en plus marquée de patients devenus " consommateurs " et , à ce titre , plus exigeants et véhéments à l'égard du personnel de " la ligne de front " .
La pression est telle que les échines se courbent , ploient , s'adaptent ou ...craquent .
Vous me direz, ce n'est pas un " scoop " . Oui , d'accord , mais pourquoi rien ne change ? le scandale des EHPAD récemment dénoncé prouve bien que l'omerta a encore de beaux jours devant elle .
Alors , des livres comme ça , pour moi , c'est de " l'or en barre ", des témoignages irréfutables portés à notre connaissance , non pas pour salir une profession mais lui rendre toutes ses lettres de noblesse et le respect qui lui est dû. Ne nous trompons pas , il y a beaucoup d'amertume , certes , mais jamais de haine .Eva Silvio ne peut pas " exercer " d'autre profession que celle d'infirmière. Non par incompétence mais par amour et vocation . Elle est bien présente mais la " plus belle fleur " s'étiole , lutte mais finit par dépérir puisque personne ou presque ne songe à l'arroser ....
Eva Silvio ne parle jamais de salaire , rarement de sa famille mais , par des phrases bien assenées , nous exprime toute cette douleur de tout donner au monde ingrat du " plus , plus , plus " au détriment du micocosme familial qui finit par " l'exclure " peu à peu ....
Il y a de l'humain , rien que de l'humain en elle .Hélas, autour d'elle ne gravitent que des satellites terriblement agressifs , sorte de cancers sournois mais impitoyables et ravageurs .
La partie consacrée à son expérience face aux malades atteints de cancers du sein est un hymne à l'amour du métier, un métier de soins , bien entendu , mais qu'il serait bien injuste de concentrer sur cette seule activité .Un beau métier avec , aussi , des interrogations permanentes ...
Il faudra se souvenir de toutes ces alertes , ces cris d'amour si nous voulons conserver l'excellence de nos services de soin portés à bout de bras par la vocation de personnels excédés parce qu'épuisés.
La réussite passera par eux mais , aussi et surtout par nous tous .Aidons les à nous aider .
J'ai vraiment été touché par ce livre " sincère, plaisant , drôle comme un " clown triste " . Je remercie vraiment Eva Silvio , et je passe , je prête, je fais circuler ce livre .
Pour toutes les raisons évoquées, je lui attribue 5 étoiles .
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Je ne me permettrais pas de faire la critique de mon livre, mais je rapporte un billet trouvé sur le site de Rakuten ( Priceminister) ainsi que les étoiles !

La réalité d'une vocation
par avenio1 (Voir ses avis) le 26/01/2020
Avec talent, sincérité et humour, Eva Silvio revient sur ces années d'exercice en tant qu'infirmière, elle nous expose simplement ce qu'est le quotidien harassant d'une personne qui exerce ce métier avec une certaine conscience. Mener de front métier et vie de famille, faire preuve de psychologie et d'un certain esprit d'organisation, c'est beaucoup ! Autant le métier est difficile et exigeant, autant il peut aussi être vecteur de rencontres intéressantes. le manque de moyen, la motivation qu'il faut sans cesse régénérer, quel mérite faut-il avoir ! Et ce mérite n'est pas forcément toujours reconnu à sa juste valeur. Il y a beaucoup d'humanité dans ce livre, car derrière la dureté du métier, il y a la relation et l'abnégation, la compréhension dont il faut faire preuve parfois, sans être forcément compétent(e) pour agir au mieux, mais le coeur agit. Un témoignage très fort que je recommande vivement !
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Nous recevons chaque jour un tel flot d'informations. L'une n'est pas sitôt transmise que déjà on nous en assène une autre, et toutes vont se perdre dans les méandres de notre mémoire.
Quoi de mieux que le silence de sa chambre, et un aparté de quelques heures avec un auteur, pour entendre la souffrance ; l'entendre, et surtout disposer du temps nécessaire pour "entrer en empathie".
Dans ce roman, "Elle court, elle court l'infirmière", Eva Silvio, Jmlyr sur babelio, évoque les souffrances qu'elle a ressenties en tant qu'infirmière en EHPAD. La souffrance physique, mais pire encore, la souffrance morale. Elle évoque cet état d'épuisement qui ne peut que s'installer lorsqu'un métier devient un chemin de croix. Lorsque chaque tâche, toilette, prise de tension, médication, transmission et j'en passe, doit être exécutée au pas de charge...Et que dire de la souffrance morale, celle qui insidieusement la ronge, et à juste titre, car comment composer avec un sentiment d'inutilité, lorsque l'on est déjà allé bien au-delà de ses forces... douze minutes et pas une de plus lui sont imparties pour la toilette d'une personne âgée. Douze minutes pour un corps déjà meurtri par les années. On voudrait ne pas y croire. Et puis, pas le temps de parler, de réconforter, de briser un instant le mur de solitude, la faute au personnel en sous effectif, Il faut faire au plus vite, ainsi en a décidé l'ARS. Alors Eva l'infirmière, pétrie de conscience et d'humanité, a mal à l'âme, et le lecteur aussi... Mais Eva l'écrivaine n'ignore pas qu'elle soumet à son lecteur une lecture difficile. Alors elle l'allège, évoque les souvenirs du passé, et d'une plume infiniment tendre, nous parle de son grand-père, de ses deux grand-mères, "ces deux petites grand-mères au bidou gélatineux", et aussi de son amie Dorothéa, "cette autre moi d'un autre pays". Comme c'est joliment dit...
Mais les choses doivent être dites. Alors l'auteure revient sur toutes ces personnes âgées qui ne sont plus que des numéros, elle revient sur le manque d'égard dont elles font l'objet, sur leur fin de vie si triste et tellement déshumanisée... Et comme nul ne peut ni ne doit supporter l'insupportable, l'infirmière s'en ira. Non, elle ne changera pas les conditions de vie de nos ainés. Elle a compris que le combat est perdu. Elle a compris qu'elle s'escrimait à lutter contre des moulins à vent. Alors, que faire. Leur dire adieu, bien malgré elle :

"Au revoir, les résidents, ou plutôt adieu ! Demain vous aurez sûrement oublié qui je suis, et c'est tant mieux. Bonne année à tous, et gardez la santé, gardez-la bien serrée dans vos petits bras fatigués, et tant pis si vos pensées ont foutu le camp. Moi aussi, je fous le camp, même si, comme votre mémoire, j'aurais bien aimé rester"

Mon Dieu quelle impuissance ! Quelle impuissance face à l'indifférence et à l'inertie de nos dirigeants ! N'aies aucun regret. Eva. Tu as fais tout ce qui était en ton pouvoir...
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Quand j'ai appris la sortie du livre Eva Silvio, j'ai couru à Cultura me le procurer, enfin le commander…

Deux jours plus tard, un petit SMS, et je me précipite à nouveau pour prendre mon paquet. Je l'ouvre au volant de ma voiture à l'arrêt, volumineux pour un ouvrage de taille normale….

Une heure seulement de pause, alors j'ai décidé de manger ses mots.

C'est hier que j'ai refermé ce livre, un pur bonheur, un agréable moment de lecture. Pourtant le sujet…n'est pas de toute gaieté. Pour travailler en EHPAD, il faut être remplie de convictions…car le public n'est pas facile et les moyens restreints.

Eva nous raconte donc son quotidien en forme de marathon. Elle a de l'énergie à revendre, de la dissuasion, elle est authentique, magnanime et essaie de donner de son humanité aux personnes qui ont croisé sa route, avec l'aide de son équipe.

Elle est une force de proposition auprès de la direction pour faire évoluer quelques pratiques tout en collaborant avec les familles.

Le sujet, résident est une personne et non un numéro de chambre, c'est cela qui fait toute la différence. Eva est réaliste, bienveillante malgré toute l'énergie qu'elle déploie, elle se rend à l'évidence, elle ne tiendra pas longtemps.

Elle nous raconte son parcours fait de rencontres toutes inédites et uniques, de situations professionnelles cocasses, de moments douloureux aussi.

Et puis il y a cette trajectoire qui va s'imposer à elle.
Je ne vous en dirai pas plus….

J'ai aimé son évocation à Elisabeth Klubber Ross, auteur pionnière dans sa façon d'appréhender le sujet.

La plume d'Eva est sincère, dynamique, pleine d'humour ce qui fait passer plus aisément les sujets délicatement abordés : la fin de la vie, la prise en charge de la dépendance, la solitude, la démence, parfois avec des éclairs de lucidité… l'annonce d'un diagnostic, la maladie, le soin, et des victoires heureusement…
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«  Elle court, elle court, l'infirmière .Elle tue le temps, et même quand elle en a , elle court encore .Son métier l'a trop habituée .Elle ne pourra plus jamais s'arrêter .... »

«  Je ne veux plus entendre crier toute la journée les mêmes mots, les mêmes paroles, qui me rappellent que demain je serai peut - être ainsi . »
Deux extraits de ce récit que chacun devrait lire ....

Lu d'une traite avec attention, ce « récit - témoignage »vivant, complet , vibrant, pétri d'humanité , ne cache rien des hésitations , de la force de volonté , de la longue expérience enrichissante, en de multiples domaines : (chirurgie orthopédique , pneumologie , cancérologie , EHPAD .)...et j'en oublie, de la lucidité , de la fatigue, de l'usure, du découragement , du désir de lisse, de l'épuisement , du mal de dos, de C ....Pseudo Eva, mon amie littéraire qui a eu la grande gentillesse de me l'envoyer.

Personne n'imagine le quotidien aberrant de ces infirmières patientes , souriantes, à toute épreuve , taillables et corvéables à merci , ces aides- soignantes accueillantes , sérieuses et consciencieuses, ces coordinatrices que l'auteure n'oublie surtout pas de valoriser .....

Elles courent , elles courent , ces soignantes exemplaires en EHPAD affrontant jour après jour: insultes au quotidien , coups de pieds , pression insupportable, infinie , fin de vie , agressivité , éclairs lumineux de lucidité ...parfois,...
On fait connaissance avec monsieur Boulon, madame Oh, la la , Oh, la la , madame F..... et bien d'autres...
On apprend beaucoup au fil des pages : procédures de formation, recrutement, partage d'expériences professionnelles difficiles , Incompréhensions d'une administration tatillonne , méfiance , engagements de ne rien divulguer, comparaison entre services, manque d'effectif récurrent , solitude du week- end , conditions d'exercice limites,
détails des soins parfois barbares , toilettes du matin et pansements ,riches et enrichissantes allusions à Elisabeth Kübler- Ross , psychiatre renommée qui accompagna des centaines de mourants et pensait qu'il existait une vie après la mort ...

L'écriture n'est pas enfantine , non, pas du tout, spontanée, réaliste , touchante et agréable .

Dans sa sincérité absolue, Eva ne nous cache rien même ses promenades aux côtés de son grand - père ( décédé trop tôt) dans les hauteurs Du Mont - Ventoux , il n'était que « douceur et bonhommie enveloppé de cent - vingt kilos de gentillesse » .

Les anecdotes amusantes et le surf , la couse à pied , les tartes du grand - père allègent la partie médicale même si le passage à propos des cancers du sein ( pour des raisons personnelles et familiales) m'ont à la fois sincèrement interpellée , émue , ( Terrible) , par la merveilleuse empathie et compréhension dégagée par Eva .

Ah, «  ce n'est pas un métier très sucré » nous dit elle , mais on reste infirmière à vie... N'est ce - pas!
Le lecteur curieux , ébahi, enchanté , emporté par tant de sincérité , de courage, de dynamisme de bel humour se laisse entraîner par cette énergie créatrice , cet allant toujours généreux, ce besoin de faire bouger un peu les choses , si vivifiant comme l'air et les vagues de l'océan , Eva .

Bravo, bravo, Un pur moment de bonheur , je souhaite que chacun puisse lire ce livre émouvant, riche d'humanité et d'enseignements .....
Ah !«  La salle des plaisirs du palais » et «  le monte- escalier . »

L' oeuvre aboutie d'une « Belle »personne qui a vécu moult péripéties....En vivra encore énormément grâce à son nouveau métier ouvert aux autres ,...
peut- être de plus légères ....
Encore merci pour l'envoi et ta confiance , Eva !
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Elle court, elle court l'infirmière. Doux euphémisme... pour rendre compte d' une course contre la montre, inexorable, éreintante qui permet pourtant de répondre uniquement à l'urgence. Car il faudrait s'appeler Shiva ou Parvati pour parvenir à concilier tout ce qui incombe à une infirmière chaque jour dans un EHPAD et son désir d'humaniser davantage les soins . Quelques paires de bras supplémentaires que l'on grefferait à ces "soldats"du secteur médical ne serait pas un luxe, à défaut de pouvoir les cloner. Embaucher davantage ? Soyons sérieux, et le budget alors? Vous savez ce que ça coûte d'embaucher une infirmière "in situ" le soir dans un EHPAD ?
Comme dans tous les secteurs de services (que ce récit lucide fait écho à ma propre expérience !), la règle d'or est E-CO-NO-MIE. le service ne produit rien qui ait une valeur marchande, il produit "juste" du bien-être, de la santé, de l'éducation, de la sécurité. Alors on rogne ici , jusqu'à l'os, un système de santé où les acteurs médicaux courent toujours après le temps, après leur désir fébrile de faire autrement. Une douche dans un EHPAD ? 12 minutes, montre en main. Dans ces conditions, quid de "l'humanitude", cette si belle philosophie, développée il y a un peu plus de trente ans, qui a à coeur d'améliorer les soins prodigués aux personnes âgées? Comment la faire entrer dans l'équation? Car pour individualiser les soins, prendre le temps de vrais regards, ceux qui humanisent et vous rappellent que vous êtes encore un être en vie, pour prendre le temps de la parole, des échanges qui nourrissent et pansent les effets de la solitude, de la dégradation physique ou mentale, il faut arrêter de courir. A défaut de pouvoir le faire, on perd le sens de son activité et l'on se prend à cauchemarder que l'on est devenu soi-même une simple machine à distribuer les médicaments, donner la becquée, changer les pansements, les couches, poser des perfs... comme un automate dans une affreuse dystopie.
Cruel et amer constat. Car les infirmières donnent, sans compter. Elles n'économisent pas leur fatigue, leur empathie, leur savoir-faire, leur humanité et tirent sur la corde tous les jours, jusqu'à ce que les fils cèdent...
Un récit autobiographique écrit avec beaucoup de fluidité, de générosité, d'acuité et d'humour. Un humour très présent, salvateur, qui agit comme une soupape de sécurité.

A titre personnel, j'ai été très touchée par l'évocation des patientes atteintes d'un cancer du sein lorsqu'Eva change de service. Un magnifique et troublant passage du roman, qui interroge, émeut, renvoie à soi-même et rend un hommage vibrant à la sororité.
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Éva Silvio nous raconte son métier d'infirmière comme si on y était. On imagine très bien les scènes avec les patients ou les résidents de l'EPHAD. On la voit courir à travers les couloirs, se perdre dans les labyrinthes, réprimander les impatients avec délicatesse.

Ce qui m'a le plus touchée dans ce récit de vie, ce sont les résidents de l'EPHAD.
Ils ont tout leur temps alors que temps manque au personnel soignant. Ils sont dépendants, devenus enfants, indociles, déraisonnables. Les infirmières et aides-soignantes débordées.
Elles débordent cependant d'inventivité et de volonté. Il ne manque que davantage de personnel, de matériel, pour rendre la fin de vie décente. Pourtant ces personnes âgées paient assez cher leur séjour en résidence...

Éva lève le voile sur la réalité du métier d'infirmière. Les horaires, la surcharge de travail, la violence aussi. Mais elle le fait avec une pointe d'humour. Et surtout elle partage avec le lecteur des moments de complicité attachants avec les malades, les résidents et les collègues de travail.

Éva a lâché la blouse blanche pour ne plus courir que dans la nature, épargner son dos, et sa peine devant tant de souffrance et de décadence. Pour souffler et profiter de sa vie de famille.

À découvrir. C'est friand d'anecdotes et de leçons de vie.

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Eva Silvio, pseudo choisit par une lectrice active sur Babelio qui conserve l'anonymat pour obéir à son devoir de réserve puisque tout ce qui est écrit dans ce livre est vrai.

D'emblée j'ai repéré des petites étoiles entre les lignes tant elle aime son métier Eva. Infirmière dans un EHPAD. Infirmière dans un lieu où il vaut mieux savoir gérer son stress , s'adapter à un rythme soutenu, ne pas avoir peur de prendre des risques. Un véritable engagement.

Elle le résume très bien : « Je sais qu'il n'y a rien à comprendre, ni à juger, juste essayer d'accompagner, d'amener chaque jour du bien être dans le respect de la dignité. Ceux qui arrivent à la fin de leur histoire il faut juste essayer de les apaiser, d'être parfois enveloppante dans les paroles et même dans le geste. »

Accompagner certes mais surveiller les médicaments, soulager, anticiper, accompagner les familles, les comprendre, gérer les absences de personnel, prendre des responsabilités .
Je lis Eva et je suis en immersion totale dans cette maison. le mot inconfort prend toute sa dimension : inconfort des personnes très âgées, inconfort du personnel face aux dérapages, face aux insultes de certains résidents, à leur violence, à leurs reproches, face aux heures de concentration, de rigueur, d'organisation, à l'épuisement parfois. « A mon petit dos qui a du souci, qui n'aime pas trop tout ce que je fais ici » .
Et puis lire Eva c'est aussi et avant tout être témoin de scènes touchantes, d'affection, d'attentions et de compréhension de part et d'autre.
Etre une bonne infirmière c'est être une infirmière qui sait donner. Alors je n'ai pas été étonnée quand Eva a signalé qu'elle « avait la batterie à plat et la jauge dans le rouge » . Qu'elle était « plus crevée que le pneu de la Renault 5 pourrie de ses 25 ans ».

Ce récit de vies m'a rappelé aussi s'il en était besoin qu'une personne âgée a été avant tout une personne active, jeune, au profil parfois redoutable. Tel « ce pépé bien habillé, qui toutes les nuits se levait pour tripoter sous la chemise de nuit de sa petite……….il l'a brisée » ou cette dame « toute frêle et frippée comme une coquille de noix qui battait tellement ses enfants que le petit dernier a fini aux urgences ».

C'est cela un EHPAD. La vraie vie transportée quelques années plus tard. La vraie vie avec ses drames, ses bourreaux, ses victimes. La vraie vie avec des résidents courtois ou non, soucieux des autres ou pas, respectueux ou pas.
Eva le décrit avec parfois beaucoup d'humour, de la poésie quand le coeur lui en dit, mais toujours avec une plume alerte, aussi alerte que les tâches successives qu'elle a réalisé avec passion, aussi vive que les décisions qu'elle devait prendre.

Je conseille fortement cette lecture à tous ceux qui ont des proches dans un EHPAD et je sais qu'ils sont nombreux. Elle permet de mieux comprendre ce que vivent les résidents, ce qu'ils projettent, leurs états d'âme en dehors de leur famille. Certaines explications m'ont éclairée sur telle ou telle organisation. (Par exemple le choix des places à table. )

Eva a quitté ce métier. Dommage pour ma conclusion. J'avais envie d'écrire : Allez Eva on y va ? Donner, communiquer, comprendre, écouter, consoler, panser, valoriser, aimer, gérer, comprendre, écouter, soigner, communiquer..... Allez Eva on reprend : Soigner, regarder, consoler, gérer, communiquer, comprendre, anticiper, assumer, soulager….. Allez on ne faiblit pas Eva : Gérer, attendre, comprendre, soigner, recevoir, donner, s'organiser, sourire, pleurer, soigner……..

Au revoir Eva et merci d'avoir tant donné et de l'avoir tellement bien écrit.
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