Monsieur Serge s'est installé depuis quelques mois dans une petite auberge du col de la Schlucht dans le massif des Vosges. Il passe sont temps à flâner dans la forêt et à rendre visite à une veuve et sa fille qui vivent dans un chalet proche. Si les deux jeunes servantes du Relais d'Alsace l'ont pris en affection, le couple d'aubergistes s'inquiète plutôt de voir l'ardoise de Monsieur Serge prendre de l'importance, car malgré ses bonnes manières et son maintien aristocratique, l'homme a du mal à payer ce qu'il doit.
Aussi quand un vol est commis au Grand Hôtel, luxueux établissement en face du relais d'Alsace, et dont est victime un couple de riches Hollandais en villégiature, au moment même où Monsieur Serge paye enfin sa dette, celui-ci devient rapidement un solide suspect, d'autant qu'un commissaire des Renseignements Généraux de Paris, débarqué pour prêter main forte à l'inspecteur strasbourgeois en charge de l'affaire, semble reconnaitre en Monsieur Serge un escroc international de haut vol qu'il a jadis traqué. Les soupçons se trouvent encore renforcés par les étranges relations qu'entretiennent Monsieur Serge et la femme du banquier néerlandais dépouillé de 60000 francs et qui sont plus qu'ambigües. Cependant l'affaire prend rapidement une tournure nouvelle quand l'escroc dénommé "le Commodore" est repéré par la police vénitienne dans la Cité des Doges et que l'argent volé réapparait. Mais cela disculpe-t-il pour autant Monsieur Serge, qui plutôt que de se réjouir des événements, semble meurtri par le rachat du chalet de ses amies à bas prix par un riche brasseur du coin, qui, de plus a le projet d'épouser la veuve ?
Ecrit durant l'été 1931 à bord de l'Ostrogoth, un cotre de 10 mètres que le père de
Maigret a fait construire à Fécamp,
le Relais d'Alsace est paru la même année chez Fayard. C'est l'un des 117 "romans durs" comme
Simenon se plaisait à les dénommer et sans doute même le premier si l'on s'en fie aux dates de rédaction et de parution. On y trouve déjà sa marque de fabrique : une intrigue assez simple somme toute mais des décors et des personnages qui en imposent avec une humanité profonde. La force des descriptions qui font souvent appel à nos cinq sens, et la psychologie des protagonistes qui sous des aspects respectables, sont bien souvent sombres comme l'atmosphère qui se dégage de l'oeuvre, nous entraîne dans une lecture qui nous emmène loin même si c'est lentement.
En fait quand j'ouvre un
Simenon, j'ai toujours l'impression que je sais où je vais, que mon état d'esprit du moment est toujours en accord avec l'histoire que le prolifique écrivain me raconte et ça fait un bien fou.