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Citations sur L'évadé (2)

[...] ... Alors, J. P. G. poussa un soupir de délivrance. Il pouvait remuer, faire du bruit ! Il ouvrit toutes les portes. Il prit sa meilleure valise au-dessus d'une garde-robe et y entassa du linge, un complet, une paire de chaussures.

La question de son pied se posait toujours. Il essaya de retirer le pansement sans rouvrir la plaie, mais le sang jaillit aussitôt.

- "Tant pis !" grogna-t-il.

Il mit sa chaussette ainsi, puis son soulier, grimaça un peu, ne sentit plus rien après quelques minutes.

Les deux femmes avaient dormi dans le même lit, qui était un lit de jeune fille, et J. P. G. regarda avec un sourire la chemise de nuit de sa femme pendue à la boule de cuivre.

Il avait rarement été si léger. Il vivait au rythme des cloches qui sonnaient à nouveau la grand-messe. C'était peut-être un jour de fête ? Le ciel était assez beau pour ça, l'air assez pétillant.

Et dans le cerveau de J. P. G., dans ses sens mêmes, deux époques se confondaient ; celle qu'il avait vécue avec Mado, celle de l'Exposition de Liège, du water-chut, de la nouvelle auto de Polti.

Après tant d'années, il retrouvait une atmosphère de la même qualité.

- "Il faudra que j'achète d'autres complets," songea-t-il en ajustant son noeud de cravate devant la glace.

Il n'avait que des complets impossibles, trop longs, trop droits, trop sombres. Il achèterait aussi un chapeau souple d'un gris bleuté comme les jeunes gens en portaient.

Un seul point restait sombre : il fallait trouver l'argent. L'avant-veille, il avait fait la bêtise de rendre les deux mille francs à sa femme. Il descendit dans la salle à manger, ouvrit le tiroir où l'on avait l'habitude d'enfermer les billets dans la boîte à biscuits.

La boîte était vide ! Il s'impatienta, fouilla les autres tiroirs, chercha en vain dans le salon.

Puis il regagna sa chambre et chercha dans la commode, dans la garde-robe. C'était une manie de sa femme de mettre les choses précieuses dans les endroits les plus inattendus, sous ses chemises, voire au-dessus des armoires.

Qu'avait-elle pu faire des deux mille francs ? Elle n'était pas sortie et, par conséquent, elle n'avait pu les reporter à la banque. ... [...]
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[...] ... Vial rampa. On vit ses mains émerger de dessus les pupitres et s'élever lentement vers le dos de J. P. G. Le pantin en papier découpé était attaché à un fil, le bout de fil noué à l'épingle et, tandis que toute la classe retenait son souffle, l'épingle s'enfonça dans le dos du professeur d'allemand.

Il faillit bien, à ce moment précis, y avoir un cri collectif. Alors qu'on s'y attendait le moins en effet, J. P. G. s'était retourné, un J. P. G. encore plus inconnu que celui qu'on avait vu un peu auparavant. Ce n'était plus un professeur devant ses élèves. Ce n'était même plus un homme face à face avec des enfants.

Il y avait quelque chose de traqué, de malheureux dans son regard qu'alluma une soudaine colère. Ses mains blanches eurent un mouvement preste, happèrent la veste de Vial et celui-ci tenta de se dégager.

A cause de la vivacité du mouvement, une couture craqua. Vial, pris de panique, donna des coups de pieds et son talon rencontra le tibia du professeur.

Pouquoi J. P. G. était-il aussi effrayant ? On n'en avait jamais eu peur et voilà que les rires s'éteignaient. On regardait Vial que les deux mains pâles saisissaient aux épaules.

Si encore J. P. G. eût dit quelque chose ! Mais non. Il regardait le petit bonhomme comme sans le voir, ou plutôt comme sans voir que c'était un simple élève de quatrième B !

Il le secouait. Quelqu'un prétendit par la suite qu'il y avait eu du mouillé sur les joues du professeur. En tous cas, ses moustaches étaient de travers comme de fausses moustaches et quand il lâcha enfin le gamin, il ferma un instant les yeux.

Vial, lui, resta par terre en poussant des gémissements. Il n'était pas blessé. Il n'avait peut-être pas mal. Mais il avait heurté le banc. Son veston était décousu à l'épaule.

J. P. G. le regardait avec embarras, avec confusion, partagé peut-être entre le désir de l'achever et celui de lui demander pardon. ... [...]

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