une femme très grosse, très digne, toute en soie, toute en fards et, sans doute, en parfums.
Maigret se hâta d’ouvrir la fenêtre, pour chasser de la pièce l’odeur de moisi et de renfermé : on ne devait l’aérer que le 14 Juillet, en même temps qu’on sortait les drapeaux et les chaises.
— On n’en a pas le droit.
— On n’a pas le droit non plus d’escroquer une pauvre femme qui ne sait plus ce qu’elle fait.
À l’école, nous avions un condisciple qui vous ressemblait. Comme vous, c’était un cafard. De temps en temps, il avait besoin d’une correction et, quand nous la lui donnions, notre instituteur avait soin de tourner le dos ou de quitter la cour.
Cela me revient parce que j’ai remarqué qu’elle se laissait aller dans ses bras comme une poupée de chiffons.
— Ici, c’est toujours aussi calme ?
— Cela dépend. Attendez. Cela peut venir d’un moment à l’autre. Il suffit d’un rien, d’une phrase en l’air, d’une tournée offerte par l’un ou par l’autre, et tout le monde se groupe, se met à parler à la fois.
Quand il se passe du vilain, cesont toujours les gens d’un certain milieu qu’on soupçonne.
— Le mordu ?
— Les mordus sont des vers à tête très dure qu’on trouve dans le sable, au bord de la mer. Les pêcheurs s’en servent de préférence aux autres esches parce que ça tient l’hameçon. Cela se vend très cher.
Les palmiers, autour de la gare, étaient immobiles, figés dans un soleil saharien.
Maigret ne la regardait pas, mais fixait Philippe, qui parut avaler sa salive et dont le regard devint d’une immobilité totale.