En librairie depuis le 15 janvier dernier, "
Violette Nozière Vilaine Chérie" est un album illustré par
Camille Benyamina et écrit par
Eddy Simon.
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Violette Nozière Vilaine Chérie" retrace le parcours de la jeune Violette, condamnée à mort (puis finalement grâciée en 1945) pour l'empoisonnement de ses parents dont son père ne se relèvera pas.
Y avait-il quelque circonstance atténuante pouvant expliquer son geste ?
Enfant unique couvée par ses deux parents, la jeune fille ne manquait de rien, si ce n'est peut-être de distraction.
Délaissant les études pour leur préférer les virées dans le Quartier Latin, la jeune femme n'hésite pas à s'inventer des vies et à faire payer ses charmes aux hommes pour financer son train de vie.
Lorsqu'elle tombe amoureuse d'un jeune étudiant en droit désargenté, elle se retrouve vite à court d'argent et commence à dérober de l'argent à ses parents.
Alors que son père lui passe tout, sa mère voit ses mensonges d'un mauvais oeil et refuse de contribuer plus longtemps à sa vie frivole.
Comment ne pas céder à ce regard, à la fois dur et intriguant qui domine la couverture ?
Comme le laisse transparaître l'album, difficile de poser un jugement sur cette jeune fille tant il se dégage d'elle, malgré son crime indéniablement prémédité, une certaine insouciance.
Eprise de liberté qu'elle pense pouvoir obtenir grâce à l'argent, elle s'enfonce dans des mensonges plus mauvais les uns que les autres et grâce à un pharmacien (pas très regardant), se procure des barbituriques. Elle s'y prendra à deux fois avant d'arriver, à moitié (puisque sa mère survivra) à ses fins.
Aucun remords entre la première et la seconde tentative. Ce n'est que plus tard que Violette réalisera la gravité de son geste et demandera pardon à sa mère.
Durant ma lecture, j'ai beaucoup pensé à
Madame Bovary et à Thérèse Desqueyroux, des femmes dont les actes extrêmes trahissent ce besoin impérieux de pouvoir choisir leurs vies, sans toutefois n'avoir aucune idée de la direction à prendre.
Le crime de Violette semble extrême en regard de ses revendications : on pense volontiers à un caprice d'enfant mais la jeune femme devait sans doute ressentir très intensément l'injustice qui régnait dans sa vie.
J'ai trouvé que "
Violette Nozière Vilaine Chérie" présentait pas mal de points communs avec "Mauvais genre", lu il y a peu : les deux albums évoquent un fait divers médiatisé ayant le même cadre (Paris), la même époque (années folles), le même début (les deux albums s'ouvrent sur un procès avant de remonter le fil de l'histoire) et dont les personnages principaux sont prêts à tout pour assouvir leur soif de liberté.
J'ai beaucoup aimé ces dessins brumeux, patinés aux tons sépias et ces bouches rouges de femmes façon carte postale d'époque. Et surtout cette ambivalence psychologique ange/démon qui règne d'un bout à l'autre de l'album.
Petit plus non négligeable : l'album s'achève sur une notice biographique qui révèle la vie de Violette après sa libération.
Un album à ne pas manquer !
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