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Les éditions de L'Archipel m'ont permis de piocher dans leur catalogue. Quand j'ai vu ce titre, j'ai craqué. En effet, May Sinclair est présentée comme la digne héritière des soeurs Brontë! Avec une telle accroche, je ne pouvais que me précipiter sur ce roman à la couverture tellement belle!

May Sinclair place son intrigue en Angleterre dans la petite ville de Garth. le pasteur Casteret s'y est nouvellement installé avec ses trois filles: Gwendolen (dite Gweda), Mary et la dernière Alice. Mais dans cette petite ville, les trois filles s'ennuient. Leur seul espoir est de séduire le médecin, Steven Rowcliffe, et tout est bon pour se faire remarquer de lui…

Sous couvert d'une intrigue plutôt banale, May Sinclair fait de la vie des trois soeurs Carteret une histoire passionnante. Et je peux l'affirmer aussi: elle se place dans la même lignée que les soeurs Brontë. Elle place d'abord ses personnages dans une petite ville de province dans laquelle il ne se passe rien. Alice est à l'origine du déménagement. Qu'a-t-elle donc fait pour être ainsi punie? Les trois soeurs sont sous la garde de leur père, le pasteur Carteret. C'est un homme froid, imbu de lui-même, tellement ennuyant! Il tente de tenir tête à ses filles mais finit par se tourner en ridicule. Il m'a beaucoup fait penser au personnage de Collins dans Orgueil et Préjugés.

Les trois soeurs sont ensuite très différentes. Ma préférée reste Gwenda qui voit en Garth la possibilité d'échapper à son père et de trouver une certaine liberté. Elle parcourt sans cesse la campagne, traversant les champs et les landes désertes. C'est celle qui fait le plus preuve d'indépendance et d'intelligence.

L'intrigue va rapidement tourner autour du Docteur Rowcliffe, seul bon parti de la région, représentant pour les filles l'opportunité de s'extraire de leur condition. May Sinclair traite son histoire avec beaucoup d'intelligence. Elle entraîne son lecteur dans une intrigue qui finit de manière bien cruelle et à laquelle on ne s'attendait pas du tout. J'ai tout simplement adoré! Dès les premières pages, j'ai été happée par ce récit qui montre une fois de plus les destins brisés de trois soeurs, qui subissent leur condition, car nées femmes. A aucun moment, on ne tombe dans la romance mièvre. A l'instar d'une Jane Austen ou d'une soeur Brontë, May Sinclair nous entraîne dans les méandres du coeur humain et de la passion avec beaucoup de talent.

Les Trois soeurs est un magnifique roman qui saura ravir les lecteurs des Brontë. A découvrir de toute urgence!
Lien : https://carolivre.wordpress...
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je regrette que May Sinclair ne soit pas plus connue (et ses romans édités en français !) car j'ai adoré Les Trois soeurs !

J'ai tout d'abord été surprise par le côté victorien de ce roman, alors qu'il a été publié en 1914 : on a vraiment l'impression de lire du Thomas Hardy par moments, pour la description de la campagne du Yorkshire, de ses traditions, ses modes de vie... Pour l'histoire aussi, qui prend très vite la tournure d'un drame amoureux mais très finement écrit : on voit progressivement tous les ressorts du drame se mettre en place et on a envie de savoir comment tout cela va finir.
Les Trois soeurs nous propose également en toute logique trois beaux portraits de femmes à travers les personnages de Mary, Gwenda et Alice. J'ai eu une petite préférence pour Gwenda (qui m'a semblé la plus mature et la plus réfléchie des trois) mais elles sont toutes trois attachantes.
J'ai enfin aimé la modernité de l'intrigue, ce qu'elle dit de la place des femmes dans la société, de leurs aspirations et des rôles dans lesquels elles sont malheureusement enfermées. Mais aussi la critique de l'éducation, à travers la figure du père très dur et intransigeant (pas étonnant que ses 3 mariages aient échoués !).

Une très belle découverte !
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Comment un homme fait son malheur et celui des siens.

Le pasteur Garth est un homme austère et intransigeant. Cette inflexibilité a coûté la vie à sa première épouse, qui est morte en donnant naissance à sa troisième fille, alors qu'on lui avait signifié le danger que sa femme encourait à enfanter de nouveau. L'homme est désormais célibataire - après avoir éreinter sa troisième épouse, qui, de guerre lasse, a quitté le domicile familial, à sa grande honte, et habite le modeste presbytère de Garth dans le Yorkshire, chassé par la rumeur publique de l'inconduite très relative de sa puînée Alice, qui suffocant sous la férule paternelle se serait laissée conter fleurette dans leur ville d'origine. L'homme est donc un despote domestique, d'un rigorisme qui n'est que la manifestation de son égoïsme, qui l'aveugle singulièrement, et dont il est finalement, par un juste retour des choses, l'une des victimes. Ses filles, les trois soeurs, au sein de cette atmosphère pesante, par leur comportement et en adoptant des politiques différentes, composent à leur manière avec leur sort guère enviable. Mary l'aînée et la mieux aimée, toujours sage et douce, s'adonne aux travaux d'aiguille et supervise les activité domestiques ; l'indomptable et opiniâtre Gwendolen, que le pasteur redoute secrètement, sillonne la lande vallonée à marche forcée ; Alice, objet de l'ire paternelle pour la disgrâce dont il se sent l'objet, se laisse gagnée par l'hystérie, passant ses journées allongée sur le canapé, quand elle ne martèle pas avec rage les touches d'un piano qui ne lui a rien demandé. Rentre en scène le médecin de campagne, chéri de ces dames, qui se voit l'objet des manoeuvres des trois soeurs. La cadette fidèle à son tempérament, se fait porter pâle et refuse toute nourriture, approche la plus à même, de prime abord, à attirer les soins de l'homme de l'art. Tactique beaucoup plus éprouvée et diamétralement opposée de la part de Gwenda qui ignore et évite à toute force le serviteur d'Esculape, en faisant feu des deux fuseaux à son approche, ce qui semble porter ses fruits. Tranquille et inexorable comme une Parque, Molly, en retrait, tricote et prend son mal en patience...

On a qualifié May Sinclair, dont les Trois soeurs est paru en 1914, de "Victorienne moderne". C'est fort justement dit, tant l'univers de la romancière tient des grandes oeuvres de ses devancières : des personnages vivant sous le fardeau des conventions d'une société puritaine, une forme maîtrisée recouvrant de clair-obscur la vérité des passions humaines. Mais c'est surtout un formidable roman d'analyse psychologique, pénétrant la vertigineuse psyché féminine, exsudant un freudisme torride, qui est proposé à la curiosité du lecteur aux excellentes éditions Archipoche.
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Comment expliquer ce coup de coeur ?
Parce que la dramatique mélancolie qui imprègne tout ce récit m'a marquée et émue profondément.
Parce que le rythme lent et propice à l'introspection des personnages m'a littéralement absorbée.
Parce que la puissance descriptive est fabuleuse et que j'ai ressenti son extrême justesse et sa grande sensibilité. La nature, la luminosité, l'atmosphère lourde, pesante et parfois un peu mystique qui s'étend sur les lieux et les êtres, la rudesse de cette région rurale, la monotonie, l'ennui même, sont dépeints avec un réalisme et une précision si forts que j'ai eu le sentiment de les vivre et les palper.
Parce qu'à travers la vie de ces trois soeurs, ces jeunes femmes aux tempéraments opposés mais aux aspirations communes au bonheur et à la liberté, entravées par une autorité paternelle dominatrice, égoïste et aigrie, et par le carcan d'une société archaïque et puritaine, j'ai goûté l'amertume, les frustrations et l'injustice de la condition féminine dans cette société anglaise du début du 20ème siècle.
Parce que j'ai vibré à leurs quêtes les plus intimes, que j'ai détesté l'une pour son égoïsme, son hypocrisie et son arrivisme, que j'ai admiré et aimé l'autre pour son esprit libre, sa loyauté, sa droiture et son sens du sacrifice, que j'ai eu pitié de la dernière si tourmentée et incomprise, et que j'ai perçu en chaque personnage les diverses facettes qui l'animaient.
Parce que j'ai aimé le style de la traduction, le vocabulaire employé, l'usage du passé simple et de l'imparfait du subjonctif, qui ont participé à mon immersion totale dans cette chronique douce amère, parfois sombre et violente, et parfois tendre et poétique, à l'image de la complexité de la nature humaine.
Chronique d'un autre siècle, mais à la fois tellement actuelle ... quand il y est question de choix et de la façon dont ils déterminent le reste de nos existences ... selon notre sens de l'engagement, du respect, du devoir et du sacrifice, et selon que ces derniers sont ou pas suivis de reconnaissance...
Difficile donc de faire bref pour un roman qui m'a tant emportée, peinée, questionnée et remuée.





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May Sinclair est une autrice anglaise méconnue et qui mérite d'être redécouverte. Son style est brillant et envoûtant dans la plus pure tradition romantique anglaise des Jane Austen et des soeurs Brontë. L'histoire de trois soeurs vivant dans l'isolement et l'ennui, sous le joug d'un père autoritaire et tyrannique, vicaire d'une petite bourgade. L'arrivée d'un jeune médecin de campagne va bousculer leurs vies.
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Mary, Gwenda et Alice vivent sous le joug d'un père autoritaire, puritain et frustré dans un village anglais où rien ne se passe. Alors lorsque le docteur Rowcliffe fait son apparition, chaque soeur jusque-là en sommeil, dévoile son vrai visage car cet homme est leur seule échappatoire. Un homme pour trois âmes à sauver...

Selon moi tout l'intérêt de ce roman réside dans la psychologie des personnages. L'innocence et la faiblesse de Mary et d'Alice qui semblent les desservir face à la force de caractère de Gwenda s'avèrent finalement être les meilleures armes. J'ai été tellement peinée par le sort réservé à Gwenda, la meilleure des trois. Ces trois soeurs vont se déchirer, révéler des caractères tout à fait aptes à la trahison et à la mesquinerie pour parvenir à leurs fins. Tous les aspects néfastes de leur éducation ressortent et les rendent détestables.
Dans ce roman sombre, le sort n'est pas favorable aux belles âmes, condamnées à la souffrance.

L'ambiance est lourde, de plus en plus révoltante, mais j'ai aimé cette lecture. Je me suis attachée à Gwenda et jusqu'au bout j'ai espéré pour elle.
Un roman sur les conséquences d'une éducation trop rigide dans un cadre digne de celui des soeurs Brontë.
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Dans ce roman écrit en 1904 et réédité chez Archipoche, nous suivons le quotidien de 3 soeurs, Mary, Gwenda et Alice. Elles sont les filles du vicaire de la bourgade. La vie bien trop calme, régit par leur stricte père va se trouver perturbée par le docteur Rowcliffe, qui vient de s'installer et ne laisse pas indifférent les trois soeurs.
Cette histoire m'a beaucoup fait penser aux romans des soeurs Brontë. C'est lent, brumeux, sentimental mais pas mièvre et il y a ce côté psychologique qui plane.
Ce qui pourrait passer pour une romance est en fait un récit sur la famille, le désir et l'abnégation. Les soeurs à chacune leurs manières vont attirer l'attention du docteur. Chacune vont avoir un destin différent et pas forcément celui que l'on pourrait croire au départ.
Alors ça ne vaut pas Jane Eyre ou les Brontë mais j'ai aimé retrouver l'ambiance des anciens romans anglais, les histoires de coeurs et de soeurs ainsi que les convenances.
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Le pasteur Carteret vient de s'installer à Garth, dans le Yorkshire, avec ses trois filles : Mary, Gwendolen et Alice. Ce déménagement est dû aux élans amoureux d'Alice qui causèrent un scandale dans la paroisse où la famille résidait précédemment. L'impétueuse et amoureuse Alice est donc surveillée de très près par son père autoritaire et austère. Gwenda apprécie cette nouvelle ville où elle passe des heures à marcher dans la lande. Son père a peur d'elle car il la pense capable de tout. Il a en revanche toute confiance en son aînée, disciplinée et obéissante. Les trois soeurs étouffent sous le joug de leur tyran de père. Leur respiration viendra de la présence du jeune docteur du village Steven Rowcliffe. Chacune des soeurs sera attirée par le physique et la personnalité du jeune homme.

« Les trois soeurs » a été publié en 1914 en Angleterre. May Sinclair, qui était écrivaine, critique littéraire et engagée auprès des suffragettes, est malheureusement aujourd'hui méconnue. Son roman est pourtant très plaisant et laisse la part belle aux destinées des trois jeunes femmes. May Sinclair a écrit une biographie des soeurs Brontë en 1912 et le cadre de son roman est imprégné de leur univers. Je n'ai pu m'empêcher de penser à Emily en découvrant le personnage de Gwendolen et sa passion pour la lande. L'autrice nous livre une analyse psychologique poussée des caractères de ses héroïnes. Chacune a sa manière va conquérir son indépendance vis-à-vis de l'imposante figure de leur père. L'autrice traite dans son roman du désir féminin, ce qui est moderne, et la manière dont il est réprimé, honni par la société. Un bon exemple de la modernité du roman est le personnage de la servante Essy qui devient fille-mère et se fiche du qu'en-dira-t-on et de la proposition de mariage de son amant. La place de la femme est sans cesse questionner dans « Les trois soeurs », ce qui le rend particulièrement intéressant.

De facture classique, « Les trois soeurs » nous offre de sensibles et détaillés portraits de femmes qui permettent à May Sinclair des questionnements modernes. J'ai maintenant hâte de découvrir « Vie et mort de Harriett Frean », publié prochainement par les éditions Cambourakis et que le préfacier de ce roman rapproche de « Mrs Dalloway ».
Lien : https://plaisirsacultiver.com/
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May Sinclair (1863-1946): Auteure britannique du début du XXème siècle. Elle fut très célèbre et reconnue à son époque et est une des premières romancières anglaises à s'intéresser aux recherches de la psychanalyse et à militer pour le droit des femmes.
May Sinclair a publié son premier roman en 1896, puis en 1904, elle édite le Feu Divin, un roman philosophique qui l'a rendue célèbre. Elle s'est tournée ensuite vers le réalisme social avec des oeuvres comme le Helpmate (1907) et Kitty Tailleur (1908). En 1914, May Sinclair rejoint la Société pour la Recherche Psychique, elle avait commencé à lire Freud et Jung, devenant particulièrement fascinée par les idées de la sublimation et de la répression sexuelle. En 1919, elle écrivit son roman le plus audacieux, Mary Olivier. Elle a été l'une des premières femmes à écrire selon le courant de flux de conscience. En effet, c'est elle qui introduit la psychologie du flux de conscience dans un contexte littéraire.
Les textes de May Sinclair sont souvent qualifiés de textes hybrides qui se tiendraient à mi-chemin entre les écritures victoriennes et modernistes. Ses livres suivent le destin de femmes qu'elle dépeint en leur donnant une résonance psychologique. Elle est également une essayiste prolifique, avec de nombreuses publications sur le vote féminin et la condition des femmes…
Dans son roman Les Trois soeurs, l'auteure décrit l'ennui patent de jeunes femmes soumises au joug masculin, mais dont l'esprit brûle de désirs et de rêves. J'ai été particulièrement emballée par ce livre, même si j'ai trouvé qu'il fallait un certain temps pour se mettre dans l'histoire. On y découvre la vie de renonciation de jeunes filles qui ont été emmenées de force par leur père à la campagne, suite à la faute d'une des soeurs. May Sinclair est très douée pour nous dépeindre les portraits de femme et les conflits intérieurs qui les animent.
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'ai découvert ce livre pendant le mois anglais. Dans la postface, il y est indiqué que certains critiques se sont amusés du nombre de cup of tea servi par les personnages. Perso, c'est un bon critère :D
Résumé sans spoiler:

Les trois soeurs, c'est Mary ( 27 ans), Gwenda (25 ans) & Alice (23 ans) Cartaret.
Dans une Angleterre victorienne, la vie est plutôt dure et austère pour ces 3 filles de pasteur. Condamné au célibat, depuis la fuite de sa 3 e épouse, sa colère et sa haine de la femme rejaillissent sur ses filles. Seul maître à bord pour leur éducation, il se révèle tyrannique, despote et obscurantiste.
Alors que la jeune Alice a écouté les élans de son coeur, le pasteur décide pour se simplifier la tâche de "contenir" ses filles en déménageant à Garth, un village excentré.
Mais même dans ce Yorkshire rural, Alice a dû mal à réfréner la fougue et l'enthousiasme de sa jeunesse. Et le jeune et beau Dr Rowcliffe va cristalliser malgré lui, les différents désirs des soeurs.
Cette vie sans joie sera le terreau de nombreuses frustrations. Tour à tour solidaires, solitaires ou concurrentes, la rigueur morale et l'isolement feront bien des dégâts dans la sororité....

Mon avis:
Avec un regard très moderne, May Sinclair parle de la condition féminine, des attentes de la société VS les aspirations des jeunes femmes.
Gwenda est LE personnage: indépendante, curieuse, intellectuellement plus forte que les hommes de son entourage, amoureuse de la nature.Elle est la seule a apprécié ce nouveau cadre de vie et a penser au bien être des autres. Un roman doux- amer, bien écrit et questionnant.
Lien : https://lesvoyagesinterieurs..
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