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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Yasha Mazur tient plus de David Copperfield que de Garcimore.
Le magicien de Lublin illusionne son monde et séduit toutes les femmes pendant ses tournées à travers la Pologne de la fin du 19ème siècle.
Accompagné de son assistante Magda, d'un perroquet et d'un singe, il se produit dans les salles de province, hypnotise, avale des épées, crache du feu et rêve de gloire dans les capitales européennes.
Entre deux tours de passe-passe, l'artiste passe partout et se permet quelques détours pour s'offrir quelques passes. Epris de liberté, aucune serrure ne lui résiste et il est obsédé par l'idée de trouver le moyen de voler comme un oiseau. Un sacré numéro.
Pris en étau entre son épouse fidèle et docile, sa jeune assistante fougueuse et jalouse, la femme d'un prisonnier et surtout par Emilia, jeune veuve avec laquelle il imagine partir pour l'Italie, il étouffe et fuit sans cesse ses responsabilités, peu avare de promesses qu'il honore moins que celles qui veulent bien les croire.
Juif polonais, Yasha fuit également les synagogues. Mais son athéisme de façade ne l'absout pas de cas de conscience sur le prix à payer sur le chemin de la fortune et de révélations mystiques. Il va peu à peu perdre la magie de sa baguette.
Cette histoire, écrite avec des mots simples, pourrait passer aujourd'hui pour un conte folklorique un peu désuet, mais l'auteur, Isaac Bashevis Singer est le véritable prestidigitateur de Lublin. Dans son chapeau, ne sort pas une colombe mais une quête identitaire qui révèle que personne n'échappe vraiment à ses racines.
Prix Nobel en 1978, Isaac Bashevis Singer a toujours écrit en Yiddish malgré son exil aux Etats Unis en 1935 pour fuir l'antisémitisme et il répéta souvent qu'il ne parlait que de lui dans ses livres, car, pour résumé, c'était le sujet qu'il connaissait le mieux. Comme son personnage, l'auteur était parait-il trigame et collectionnait les garçonnières.
Si par son indécision chronique, l'envie de découper à la scie Yasha Mazur dans un numéro raté m'a traversé l'esprit, cette histoire divertissante se singularise à mes yeux par une morale non binaire qui touille tentation et pénitence.
En ses temps difficiles, un peu de magie ne fait pas de mal et il est bon de se souvenir du rire célèbre, communicatif et enfantin de Garcimore. Il marche encore. Mieux que ses tours.
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Que d'interrogations pendant cette lecture, de difficultés avec les idées religieuses qui tiraillent le protagoniste principal Yasha... et puis l'idée toute simple est apparue : « Quel nom donner à cette puissance, sinon celui de Dieu ? Et quelle différence si on l'appelle la Nature ? » et oui, c'est ça ! C'est Yasha qui m'a apporté la solution et c'est tout bête.

Ça permettrait à tout le monde de se parler si chacun comprenait et acceptait qu'un même concept puisse porter différents noms selon sa culture. On pourrait communiquer. Mon Dieu est Nature, Homme, mais pour autant je me pose les mêmes questions que Yasha : pourquoi les flocons de neige sont si beaux, si harmonieux et ont cette forme et pas une autre ? Finalement je m'aperçois que j'ai beaucoup de points communs avec Yasha. Mon Dieu est Nature. Si un jour on m'avait dit que j'écrirais ça !

J'aime j'aimerai.

Un leitmotiv pour cet homme. Comment ne pas résister à l'envie de voir, de tester, de comprendre, de se comprendre aussi. Et pourtant « ses passions l'écorchaient comme des fouets » car elles l'angoissaient, tant de questions irrésolues lui nouaient le coeur.

C'est peut-être aussi pour cela qu'il veut tant plaire et séduire car dans la démarche de séduction, seul le présent compte, et ces femmes le rassurent, lui permettent d'oublier un instant sa grande question : pourquoi existe-t-il.

Et c'est aussi pour cette raison qu'il est magicien, qu'il marche sur un fil... dans tous les sens. Il repousse les limites en ouvrant toutes les serrures. On ne sait jamais ce qu'il peut se cacher derrière une porte...

Et les femmes dans tout ça ? me direz-vous... Une réponse : j'aime j'aimerai. Pour toujours. Yasha.
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Yasha Mazur est magicien ou plutôt artiste de spectacle, il court les villes et villages de cette Pologne du 19ème siècle pour se produire. Il sait aussi marcher sur un câble, et aucune serrure ne lui résiste. Aucune femme non plus. Toutes tombent son charme, son coté hâbleur. Pour lui "les femmes sont comme les fleurs pour l'abeille. Il en faut toujours une nouvelle."
Marie avec Esther, qui ne peut avoir d'enfant, il la quitte régulièrement pour plusieurs mois afin d'aller de salle en salle, accompagné par Magda son assistante et maîtresse et des trois animaux partenaires de son spectacle : le singe, la corneille, le perroquet .
A quelques jours d'un nouveau spectacle Emilia, jeune veuve mère d'Halima lui fait tourner la tête et lui demande de se convertir à la religion catholique, s'il veut l'aimer charnellement et l'épouser. Avec elle il envisage de fuir en Italie, où le climat est meilleur pour la jeune Halima...Elle veut porter l'enfant qu'il n'a pu avoir avec son épouse. En quittant la Pologne il ne serait plus un " artiste de troisième ordre"
Mais pour fuir, il faut de l'argent, beaucoup d'argent. Ses cachets d'artistes sont insuffisants ...seule possibilité forcer des coffres forts en utilisant ses dons...Pour lui, "Une serrure c'est comme une femme, tôt ou tard il faut qu'elle cède ."
Isaac Bashevis Singer nous décrit un homme cédant à toutes ses pulsions, instable menant une vie dissolue, tourmenté parfois par le doute. Il est le seul personnage masculin du roman, mené par les femmes qu'il rencontre. Des portraits tous différents
Cet homme enfant affronte la vie sans prendre aucune responsabilité. Pour lui, tout n'est qu'artifice et jeu. Entre la scène et la vie, pas de différence. Un homme finalement fragile et plein de contradictions
Une blessure bouleversera complètement sa vie, le transformera en mystique et l'amènera à se poser des questions sur la vie, la religion...
En décrivant la vie et les aventures de Yasha l'auteur s'interroge et nous interroge: Pouvons-nous suivre nos pulsions,avec insouciance, sans se soucier des conséquences sur notre vie, sur la vie des autres ?
Je ne connaissais pas Isaac Bashevis Singer, prix Nobel de littérature.
J'avoue que j'ai été un peu déstabilisé par ce roman profond, par ces portraits mystiques, par ces descriptions des bas-fonds, par ces interrogations religieuses sur le bien, le mal. Les réflexions sur le judaïsme sont cependant instructives
Je suis certain qu'une deuxième lecture m'apporterait un éclairage nouveau. Mais auparavant je poursuivrai la découverte de cet auteur par la lecture de quelques autres de ses ouvrages.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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L'histoire se passe en Pologne, à Lublin puis à Varsovie dans les années 1860. Yasha Mazur, « le magicien de Lublin » est marié à Esther qu'il voit de temps à autre entre deux tournées de ses spectacles. Femme modeste et compréhensive, elle supporte tant bien que mal les longues absences et les incartades à la vie conjugale de son mari en tenant un petit atelier de confection. Yasha a des talents exceptionnels qui ne lui semblent pas reconnus à leur juste valeur dans son pays, mais il doit se contenter des offres qui lui sont faites. Sa vie itinérante, insouciante et volage le rapproche de trois femmes, Magda, son assistante des spectacles, Zeftel et surtout Emilia qui compte beaucoup pour lui. Enferré dans des contradictions existentielles, il souhaite partir en Italie avec Emilia et sa fille en abandonnant sa vie actuelle. Tout bascule alors, Yasha, rêveur patenté devient Monsieur catastrophe dès qu'il côtoie les réalités de la vie. de Juif non pratiquant qu'il était, il se réfugie dans sa religion pour reconquérir une identité perdue. Ce récit simple s'apparentant à un conte décrit très bien les difficultés de la quête de sens à sa vie que recherche yasha et sa qualité d'écriture ne peut que m'inciter à en conseiller la lecture.
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On se retrouve dans une ambiance de conte. Ambiance renforcée par la disparition du monde qui a nourrit l'oeuvre d'Isaac Bashevis Singer, celui de l'Europe centrale d'avant Auschwitz, riche de la présence d'une culture juive ancestrale. Ambiance renforcée par le personnage, Yasha, amateur de jeux (il exerce la profession de magicien), de voyages, de femmes, et de rêves.
Récit surprenant qui ne cesse de tracer un chemin aux multiples revirements, témoignage de liberté et refus de l'écrasant déterminisme.
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Yasha, le magicien de Lublin a réussi plus d'un tours de magie dans son livre.

Tout d'abord, la préparation du tour qui nous plonge rapidement et avec fascination dans l'univers de ce magicien.
Ensuite le développement du tour où l'on suit ce personnage atypique athée, déïste, juif, polonais, apatride,... quittant son foyer pour débuter sa saison d'artiste à Varsovie.
Comme tout magicien, il est accompagné d'une assistante, en réalité de plusieurs assistantes. C'est un homme à femmes, un homme qui aime les femmes et qui est fidèle dans son infidélité. Il aime sa femme, il aime sa jeune et naïve assistante, il aime une désoeuvrée, il aime une dame du monde désargentée. Il les aime toutes et l'idée de les faire souffrir, de les trahir le plonge dans des dilemmes insolubles qui auront de lourdes conséquences pour Yasha.

Alors qu'il peut faire parler des animaux, hypnotiser à volonté, faire le saut périlleux sur une corde tendue, il est incapable de lire sa propre volonté et de la transformer en acte.

Arrive alors le prestige que je ne peux dévoiler ici si ce n'est sous forme d'énigme: le célèbre prestidigitateur disparaît à la vue du monde tout en demeurant omniprésent.

Mais ce roman fut aussi celui de la description d'une Pologne fin 19ème siècle, de la transformation de Varsovie et de la présence russe.

Une très belle découverte bien que la fin m'ait laissé sur ma faim.




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Un homme pétri de dons de la nature mène une carrière de magicien saltimbanque. Comme un oiseau sur la branche, il vogue d'aventures en aventures et entretient des liaisons suivies avec quatre femmes dont une légitime, Esther, stérile. Au moment de prendre la décision de partir avec une de ses maitresses vivre en Italie, se convertir au catholicisme, tout bascule. Il rate un cambriolage, son assistante et maîtresse se suicide par pendaison. En plein désarroi, il s'emmure et se plie aux plus dures lois du judaïsme. La vision du monde de la religion est certes erronée mais ses références morales et sa pratique sont les seules voies à suivre. Magnifique.
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