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Gisèle Bernier (Traducteur)Jacques Robert (Éditeur scientifique)
EAN : 9782234060678
281 pages
Stock (19/09/2007)
3.95/5   96 notes
Résumé :
Yasha Mazur est magicien :

il avale des épées ou du feu, sait marcher sur une corde raide, forcer des serrures compliquées.

Il passe donc la majorité de son temps sur les routes pour gagner sa vie, délaissant Esther, sa fidèle épouse depuis plus de vingt ans.

Yasha se fait remarquer dans son village, Lublin, mais non grâce à ses talents.

Il ne s'inquiète guère de sa barbe longue ou de suivre les rites e... >Voir plus
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Yasha Mazur tient plus de David Copperfield que de Garcimore.
Le magicien de Lublin illusionne son monde et séduit toutes les femmes pendant ses tournées à travers la Pologne de la fin du 19ème siècle.
Accompagné de son assistante Magda, d'un perroquet et d'un singe, il se produit dans les salles de province, hypnotise, avale des épées, crache du feu et rêve de gloire dans les capitales européennes.
Entre deux tours de passe-passe, l'artiste passe partout et se permet quelques détours pour s'offrir quelques passes. Epris de liberté, aucune serrure ne lui résiste et il est obsédé par l'idée de trouver le moyen de voler comme un oiseau. Un sacré numéro.
Pris en étau entre son épouse fidèle et docile, sa jeune assistante fougueuse et jalouse, la femme d'un prisonnier et surtout par Emilia, jeune veuve avec laquelle il imagine partir pour l'Italie, il étouffe et fuit sans cesse ses responsabilités, peu avare de promesses qu'il honore moins que celles qui veulent bien les croire.
Juif polonais, Yasha fuit également les synagogues. Mais son athéisme de façade ne l'absout pas de cas de conscience sur le prix à payer sur le chemin de la fortune et de révélations mystiques. Il va peu à peu perdre la magie de sa baguette.
Cette histoire, écrite avec des mots simples, pourrait passer aujourd'hui pour un conte folklorique un peu désuet, mais l'auteur, Isaac Bashevis Singer est le véritable prestidigitateur de Lublin. Dans son chapeau, ne sort pas une colombe mais une quête identitaire qui révèle que personne n'échappe vraiment à ses racines.
Prix Nobel en 1978, Isaac Bashevis Singer a toujours écrit en Yiddish malgré son exil aux Etats Unis en 1935 pour fuir l'antisémitisme et il répéta souvent qu'il ne parlait que de lui dans ses livres, car, pour résumé, c'était le sujet qu'il connaissait le mieux. Comme son personnage, l'auteur était parait-il trigame et collectionnait les garçonnières.
Si par son indécision chronique, l'envie de découper à la scie Yasha Mazur dans un numéro raté m'a traversé l'esprit, cette histoire divertissante se singularise à mes yeux par une morale non binaire qui touille tentation et pénitence.
En ses temps difficiles, un peu de magie ne fait pas de mal et il est bon de se souvenir du rire célèbre, communicatif et enfantin de Garcimore. Il marche encore. Mieux que ses tours.
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Que d'interrogations pendant cette lecture, de difficultés avec les idées religieuses qui tiraillent le protagoniste principal Yasha... et puis l'idée toute simple est apparue : « Quel nom donner à cette puissance, sinon celui de Dieu ? Et quelle différence si on l'appelle la Nature ? » et oui, c'est ça ! C'est Yasha qui m'a apporté la solution et c'est tout bête.

Ça permettrait à tout le monde de se parler si chacun comprenait et acceptait qu'un même concept puisse porter différents noms selon sa culture. On pourrait communiquer. Mon Dieu est Nature, Homme, mais pour autant je me pose les mêmes questions que Yasha : pourquoi les flocons de neige sont si beaux, si harmonieux et ont cette forme et pas une autre ? Finalement je m'aperçois que j'ai beaucoup de points communs avec Yasha. Mon Dieu est Nature. Si un jour on m'avait dit que j'écrirais ça !

J'aime j'aimerai.

Un leitmotiv pour cet homme. Comment ne pas résister à l'envie de voir, de tester, de comprendre, de se comprendre aussi. Et pourtant « ses passions l'écorchaient comme des fouets » car elles l'angoissaient, tant de questions irrésolues lui nouaient le coeur.

C'est peut-être aussi pour cela qu'il veut tant plaire et séduire car dans la démarche de séduction, seul le présent compte, et ces femmes le rassurent, lui permettent d'oublier un instant sa grande question : pourquoi existe-t-il.

Et c'est aussi pour cette raison qu'il est magicien, qu'il marche sur un fil... dans tous les sens. Il repousse les limites en ouvrant toutes les serrures. On ne sait jamais ce qu'il peut se cacher derrière une porte...

Et les femmes dans tout ça ? me direz-vous... Une réponse : j'aime j'aimerai. Pour toujours. Yasha.
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En cette deuxième moitié du XIX ème siècle, à Lublin, en Pologne sous domination russe, Yasha, un artiste magicien et acrobate, laisse sa femme Esther au village pour une tournée, et une série de numéros qu'il doit préparer et présenter à Varsovie. Il est accompagné de Magda son assistante, une jeune fille efflanquée et disgracieuse, qui est néanmoins sa maitresse. Mais la route jusqu'à la capitale est longue et il a le temps de rester quelque jours chez Zeftel, une autre de ses maîtresses, dont les frères sont peu fréquentables, connus comme voleurs et detrousseurs. le périple se poursuit et, plus Yasha se rapproche de sa destination, plus ses pensées volent vers sa maîtresse de Varsovie, Emilia, jeune veuve et mère d'Halina. Émilia fait partie de Gentils (chrétiens), ce qui déclenche chez Yasha (juif), toute une méditation sur la religion, se convertir ou pas, abandonner ou pas sa femme sa femme, reconstruire une nouvelle vie avec la veuve en Italie...

”Le chef-d'oeuvre de Singer” selon Bernard Clavel....et une lecture qui fut pour moi plus que pénible, avec un héros antipathique, veûle et lâche, d'un egocentrisme à toute épreuve, il ne fait qu'échafauder des plans avec ses maîtresses et se rassurer en se posant des questions sur la religion, uniquement destinées à l'exonérer de quelconque et souvent inexistants scrupules...Le style ou la traduction ne sont pas plus intéressants et j'ai fini la lecture de ce pourtant court roman, en survolant les chapitres...
Bref, les tribulations de ce looser antipathique ne m'ont pas intéressée plus que ça et m'ont vraiment lassée sur la fin.
A fuir.
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Le magicien de Lublin, habile en tours et passe-passes de toutes sortes, capable de faire céder les serrures les plus coriaces, bel homme et ardent séducteur, a cru que la vie était aussi simple que l'un de ses spectacles.
Tiraillé entre son épouse fidèle, Esther la juive religieuse, Magda une gentille de rencontre, Amelia la veuve de Varsovie pour laquelle il doit renier sa religion, il s'apercevra vite que ces femmes ne sont pas aussi facile à manier que ses cartes, faites à sa main, son sabre qu'il avale volontiers ou aussi dociles que son singe Yoktan, son perroquet ou Kara et Shiva, ses deux juments lui obéissant au doigt et à l'oeil.
Certes Esther le reçoit, le nourrit le sert après chaque tournée, lorsqu'il rentre s'affaler pour un jour ou deux dans le lit conjugal ; soigne les juments et cultive le jardin, mais elle ne peut lui donner d'enfants.
Yasha est libre comme le vent, son métier de magicien le conduit de ville en ville et aussi de femme en femme, Esther le sait mais ne lui en veut pas, mais lui éternel insatisfait en proie aux critiques de la communauté, (il boit, ne fréquente guère la synagogue ou la maison d'études) et depuis quelque temps, il ne cesse de penser à la belle Emilia qui lui demande de partir avec elle, de changer de vie.
Un jour après shavouot (la pentecôte des hébreux) il prend la route pour de bon, il avertit sa femme, à sa façon :
"Qu'éprouverais-tu si je ne revenais pas ? Que ferai-tu si je mourais sur la route ?"
Il part, fait une première escale chez la veuve du forgeron Elzbieta Zbarski, une de ses maîtresse, dont la fille Magda est son assistante magicienne.
Ils partent vers Varsovie, via Piask, peine à se dépatouiller des bras de Zefetl, une autre femme de rencontre, et reprend sa route, la tête pleine d'Emilia et de leurs projets de fuite en Italie.
Yasha cherche des réponses, il enrage de ne pas maîtriser sa vie comme il le fait de son métier de magicien. Il y a là une parabole entre l'homme social, sûr de lui, à l'aise dans sa fonction, et l'homme profond, celui qui doute, qui cherche dans la religion, les femmes, l'alcool ou tout autre passion, des réponses que son rôle social ne lui donne pas, ou lui donne de façon épisodique et jamais assez longtemps pour chasser ses doutes.
la force de Singer est de montrer que le religion peut ou ne peut pas nous apporter de réponses, mais qu'elle ne saurait être réduite à une prothèse extérieure à l'humain ; une pratique religieuse qui se contente de l'observance aveugle de règles, de cérémonies, de rites.



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Le film germano-israelien, de 1979, signé Menahem Golan, avec Shelley Winters dans le rôle de Elzbieta, Louise Fletcher en Amelia, Alan Arkin dans le rôle de Yasha le magicien, n'a pas connu le succès attendu
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Le Tarot de Marseille prédisant la destinée du Magicien de Lublin :

Yasha est (un) fou (carte sans numéro du tarot). Il est magicien, illusionniste, hypnotiseur, magnétiseur, artisan, il est le bateleur (I) , un véritable saltimbanque cheminant sur les routes, tel le Mat. Il trimballe tout son attirail de magicien et son acolyte Magda sur un Chariot (VII) et il se laisse prendre par la roue de la fortune (X), allant de femme en femme comme l'Amoureux (VI). Il est autant attiré par les femmes que par le gouffre, et le funambule qu'il est ne se satisfait jamais si bien qu'il prévoit de tenter un saut périlleux sur le fil. Et fatalement, il tombe de haut notamment d'une fenêtre comme dans la carte de la Maison Dieu (XVI), et il finit claudiquant sur un seul pied comme le Pendu (XII) lui qui s'amuse à frôler la mort, l'arcane sans nom (XIII). En même temps, il a outre ses moments de perdition des éclairs de lucidité qui lui confèrent force (XI) tempérance (XIIII), et il retrouvera si Dieu le veut le sens de la justice (VIII) divine, à l'heure du Jugement (XX) si bien qu'il se pourrait qu'il se fasse (h)ermite (VIIII), rabbin, à défaut d'être Pape ([Pie] V).
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
À la taverne, Yasha faisait profession d'athéisme ; mais en réalité il croyait en Dieu. La main de Dieu était évidente partout. Chaque bouton de fleur, chaque caillou, chaque grain de sable proclamait sa présence. Les feuilles de pommiers, humides de rosée, étincelaient comme de minuscules cierges dans la lumière du matin. La maison se trouvait à la sortie de la ville et Yasha pouvait apercevoir d'immenses champs de blé, encore verts ; dans six semaines, ils seraient jaune d'or, prêts pour la moisson. Qui créait tout ceci? Sasha s'interrogeait. Était-ce le soleil? Dans ce cas, peut-être le soleil était-il Dieu. Sasha avait lu dans un livre sacré qu'Abraham avait idolâtré le soleil avant de reconnaitre l'existence de Jéhovah.
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Mais en quoi consistait le Mal ? Cela faisait trois ans que Yasha avait étudié, avec ses maîtres, les livres de la kabbale : il était conscient que le Mal n'était rien d'autre que le consentement de Dieu à se diminuer Lui-même, afin de créer le monde, de sorte qu'Il pût être appelé le Créateur et avoir pitié de Ses créatures. De même qu'un roi doit avoir ses sujets, un créateur doit avoir ses créatures, et un bienfaiteur ses obligés.
(page 304)
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Ici, à Piask, les habitants vivaient accroupis comme des crapauds sur une souche d'arbre ; mais au-dehors dans le monde, les choses allaient vite. La Prusse était devenue une puissante nation. Les Francais avaient annexés en Afrique des territoires peuplés de Noirs. En Angleterre, on construisait des navires capables de traverser l'océan en dix jours. En Amérique, des trains passaient juste au-dessus des toits ; on avait édifié un immeuble haut de trente étages. Même Varsovie s'étendait et embellissait d'année en année.
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Des juifs - une communauté entière - s’adressaient à un dieu que nul ne voyait. Malgré les calamités, les famines, la pauvreté et les pogroms qu’Il leur réservait, ils exaltaient sa miséricorde et sa compassion et proclamaient qu’ils constituaient son peuple élu. Yasha enviait souvent leur foi inébranlable.
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Il était à moitié juif, à moitié gentil - ni juif ni gentil. Il s'était forgé sa propre religion. Il existait un Créateur, mais qui ne se révélait à personne, ne donnait pas d'indications sur ce qui était permis ou défendu. Ceux qui parlaient en son nom étaient des menteurs.
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