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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
“La spiritualité reconnaît la lumière divine qui brille en chacun d'entre nous. Elle n'appartient à aucune religion en particulier, mais à tout le monde. ”( Mohamed Ali )
Quelle meilleure citation que celle de cette figure légendaire pour introduire le livre réflexion de Christiane Singer ?
Christiane Singer pour ceux qui ne la connaissent pas est une écrivaine, enseignante et conférencière française, dont les racines juives hongroises ont influencé son parcours de vie et sa vision du monde.
En effet, les références au Talmud ( recueil des enseignements des grands rabbins ) sont récurrentes dans son oeuvre et dans ce livre en particulier, comme le sont celles au christianisme et au bouddhisme... pour qualifier ses attaches spirituelles orientées vers la chaîne himalayenne.
Pour caractériser cet ouvrage, je dirais qu'il s'agit d'un livre de méditations... en donnant volontairement à ce mot un caractère polysémique...
À commencer par son titre : "n'oublie pas les chevaux écumants du passé ", titre sublime et poétique, adage japonais, qui est une invite à la réhabilitation du passé dans ce monde du "je-suis-pressé", de l'injonction à vivre le présent "ici et maintenant", et où tout ce qui nous occupe, nous obsède est ce futur, pourtant promis à personne.
Ce récit s'ouvre donc sur cette incitation à reconsidérer le passé.
"Le passé fait halte à l'auberge d'aujourd'hui.
Ignorer sa présence, fermer les auvents et les volets serait barbare.
La piété envers le passé n'est pas de mode - et nous le devons en partie à un triste malentendu.
Les guerres mondiales et les dérives totalitaires ont détruit la confiance dans une civilisation aux fruits empoisonnés. Cette vue est courte et cette logique est funèbre qui consiste vouloir guérir la gangrène en laissant mourir le malade...
Tuer la mémoire, c'est tuer l'homme.
Lorsque nous confondons le passé avec ses désastres et ses faillites, sa poussière et ses ruines, nous perdons accès à ce qui se dissimule derrière - à l'abri des regards : le trésor inépuisable, le patrimoine fertile.
Nous agissons comme des enfants hargneux qui, sous prétexte d'une mésentente, refuseraient d'adopter la langue de leurs parents, sa syntaxe, son vocabulaire et ses phonèmes et se condamneraient eux-mêmes à aboyer et à gargouiller."
Le ton est donné, l'esprit est clair, enclin à la didactique, à la réflexion, au méditatif... mais aussi à la critique... n'est-ce pas là une des raisons d'être de la lecture ?
D'ailleurs l'auteure, dont ce n'est pas le premier bouquin, qui est rodée aux conférences, aux congrès, aux interventions dans des écoles... diverses, fait d'emblée preuve d'une pédagogie bienveillante à l'égard de ses lecteurs.
Ayant utilisé l'adage japonais, le titre du récit... "les chevaux écumants du passé ", elle nous interpelle et nous suggère : " un instant, un long instant, jouir du choc de cette phrase. Les métaphores t'atteignent dans une part de l'être où tu n'es pas protégé... Entre les choses connues respire l'innommé. L'innommable. Avant même qu'un sens n'ait rejoint les mots, voilà qu'ils t'ont atteint et troublé."
Ainsi est séquencée cette conversation intime avec le lecteur.
Séquences toutes "nourries de souvenirs, d'anecdotes, de contes, de récits mystiques" ainsi que de références littéraires, philosophiques, religieuses, historiques et même politiques... bref, pour faire court : culturelles.
Dans l'ordre d'apparition, les séquences en question abordent des thèmes tels :
-La transmission.
-Le monde moderne ( j'ai adoré )
-Mais où est la mer ? ( un vrai régal )
-L'autre.
-Le féminin.
-Le retour à l'essentiel.
-Vieillir (sensible, touchant )
Puisque dans la parenthèse qui introduit "le monde moderne", j'ai écrit " j'ai adoré"... que je vous "montre" un peu le pourquoi de cet enthousiasme.
-" D'éminents biologistes évaluent à vingt mille le nombre de processus parallèles qui sont en cours dans une cellule de notre foie en un instant...
À pareil degré de pluridimensionnalité hallucinante - une seule cellule ! -, la probabilité pour chacun d'entre nous d'être encore en vie dans la minute qui suit tient du miracle ! cette nouvelle devrait entraîner des avalanches de conversions et d'illuminations. Quoi ! cette vie qui danse sa danse entre les abîmes est aussi MA vie ! Je réussis donc en cet instant l'époustouflante gageure d'un funambule qui, non content de rouler à bicyclette sur un fil tendu entre le clocher et la préfecture, porte encore deux douzaines d'assiettes empilées sur sa tête, tient un verre de cristal dans la main droite, une bouteille de vin dans la main gauche et se verse à boire tout en récitant le chant XVII de L'Iliade relatant la mort de Patrocle, tandis qu'il sourit à la jeune fille du sixième étage qui le contemple ébahie...
Voilà un bref résumé de ce dont une seule de mes cellules est capable - et moi qui suis composée de milliards de cellules, je serais là à traîner des savates, à maugréer et commenter aigrement les nouvelles du jour !"
Étonnant, non ? aurait questionné un "certain".
J'ajoute "merveilleux".
Car c'est là ce qui fait l'intérêt de ce livre : cette capacité à nous émerveiller à nouveau que nous insuffle Christiane Singer.
Christiane Singer qui, comme Olivier de Kersauson dans sa -Promenade en bord de mer et étonnements heureux - ( présenté il n'y a pas longtemps ), nous entraîne dans son sillage en nous invitant à redécouvrir le monde, à le repenser et qui sait à nous redécouvrir et à nous repenser.
La lecture garde son intérêt du début à la fin.
Le style est celui d'une femme de lettres à la psychologie affûtée, qui a le goût des êtres et des choses.
Une amoureuse de la vie qui a un sens "inné" du partage.
Je ne saurais trop vous recommander la lecture du passage où l'auteure nous parle de -"l'explosion démographique" et l'un de ses corollaires la peur ou et la haine de "l'autre"...
"-Je hais les miroirs et la fornication car ils multiplient le nombre des hommes"...
Un passage sur lequel devraient réfléchir des Zemmour, le Pen, Pécresse et autres futurs "bâtisseurs de "murs".
Et en point d'orgue goûtez les mots de Christiane Singer sur ce qu'est vieillir...
-"La vieillesse est un produit de "l'institution imaginaire de la société" avant d'être une donnée biologique.
Ainsi que le très beau haïku de Marguerite Yourcenar :
" Sa mort prochaine
rien ne la laisse présager
dans le chant de la cigale."
Pour conclure, ce voyage intérieur riche a comme socle l'amour, et j'ai été frappé de l'emploi répété du verbe "frôler" dans cet écrit... vous comprendrez à sa lecture.
"Le meilleur et le pire ne sont que le recto et le verso du même", disait Christiane Singer... je vous laisse méditer...
Un livre que je garde à portée de main... pour y revenir.

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Qu'il est facile d'aimer un tel guide. Sur tant de points, je vous rejoins, Madame. (Merci de votre passage sur terre.) Ce livre est rempli de mots merveilleux, qui font sens, donnent sens, donnent espoir, soulagent, rassurent, motivent. A votre reprise des bons mots de je ne sais quel autre sage : "Un livre s'est ouvert à la bonne page. Comme souvent.", je peux, moi, hic et nunc, le complèter et le paraphraser par : "Je peux ouvrir ce livre à n'importe laquelle de ses pages."
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Déjà tant de "critiques" élogieuses.... et je ne peux résister à m'unir au concert de ces voix enthousiastes !
*
Ce livre de Christiane Singer est en effet une "perle", un grand "rendez-vous" pour le lecteur avec une écriture à la fois passionnée et compétente, un style chaleureux, humain, sonore, imagé, vrai, alerte, vivant... mais à la fois étayé d'une multitude de références littéraires, philosophiques, bibliques, mystiques... et d'exemples vécus (par l'auteur, par l'un(e) ou l'autre de ses ami(e)s, l'une ou l'autre de ses rencontres...
*
L'auteur nous livre ici une très belle et profonde et courageuse pensée sur l'accès au monde, à l'éducation, à la curiosité, à la différence, à l'autre, au féminin, à l'accueil, au bonheur, à tout ce qui peut nous éloigner des pièges qui nous habitent (avant d'habiter le monde...) et qui nous mènent vers la mort (consumérisme, égoïsme, etc...) ; ce livre est une véritable "rencontre" avec toutes les questions que l'on se pose, tous les bilans, les constats (personnels, individuels, sociétaux, mondiaux...) ; il 'donne' à vivre, à se 'rouvrir' sur la vie, il nous donne l'élan (l'élan du coeur, du corps et de la pensée) pour que nous revenions à l'essentiel, consultions certaines balises indispensables, pour poursuivre la route.
*
Oui, on ne peut pas rester indemne au sortir de cette lecture riche en sagesse et en humanité...
Un livre urgent à découvrir et à vivre !
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