Citations sur Le Livre de saphir (65)
La vie est une immense tragédie, mon ami. L'auteur en est Dieu, les acteurs vous et moi. Le souffleur, hélas, s'appelle Satan.
Il faut garder en mémoire nos rêves, avec la rigueur du marin qui garde l’œil rivé sur les étoiles. Ensuite, il faut consacrer chaque heure de sa vie à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour s'en approcher; car rien n'est pire que la résignation.
(...) lorsque l'indulgence doit se rendre au chevet de la bêtise humaine, l'effort est ardu.
On est toujours le juif de quelqu'un. Aujourd'hui ce sont les gens de ma race. Demain, ce seront les Arabes. Après-demain, ce seront les Gitans. Et qui sait, dans un autre avenir, les malades et les vieillards.
Elle ferma les paupières, comme si elle voulait tendre un voile entre elle et l'horreur. quand elle rouvrit les yeux, deux condamnés étaient déjà la proie des flammes. Le premier agonisait sans un cri. Le second hurlait, suppliait et se débattait, tant et si bien que ses liens, déjà consumés, se détachèrent. Il jeta du haut du quemadero, torche vivante. Les bourreaux se précipitèrent sur lui. On réussit à lui entraver les pieds, on le replongea dans le feu. Il y demeura l'espace d'un credo et se précipita à nouveau hors du bûcher. Cette fois, un des soldats l'assomma du canon de son arme avant de le rejeter définitivement dans le brasier.
Une odeur âcre avait submergé l'air du couchant. Une odeur de suint, de sueur, fondue dans la pestilence des chairs brûlée.
Je trouve assez chagrin qu'une femme sacrifie son destin pour des babioles qui scintillent, quatre murs ou quelques marmots, si adorables fussent-ils, mais qu'elle seule aura portés, enfantés, élevés sous l'oeil condescendant d'un mari.
Les hommes sont fous. Les hommes sont malades. À l'instant précis où ils quittent l'adolescence, la démence les gagne. Ils se mettent à gesticuler, à déplacer du vent, à courir derrière les nuages, espérant dans leur folie pouvoir les emprisonner.
Si seulement elle pouvait le mépriser…
Malgré son inexpérience des choses de l’amour, une voix lui soufflait que ce sentiment devait être la seule arme qui permit de brûler ceux qu’on avait adorés.
L’amour est un sentiment dangereux. On pourrait comparer l’homme qu’il habite à un voyageur qui regarde le soleil en face. Que voit-il ? Une lumière diffuse, des contours incertains, et très vite la perception du monde qui l’entoure se brouille totalement. Si malgré tout il persiste, et il persiste, c’est la voie ouverte à tous les maux. En vérité je n’ai aucune attirance pour les combats inégaux ; et l’amour est de ceux-là.
-Un combat inégal, fray Vargas ?
-Bien sûr. Vous regardez le soleil, mais le soleil ne vous voit jamais, lui. Il se contente de vous brûler.
-Quelle importance ? Quand bien même votre cœur serait réduit en cendres : vous auriez vécu, au lieu de ne faire que survivre.
Tant de gens rêvent à un idéal, bien rares sont ceux qui tentent de l'atteindre. Moi-même, par exemple, combien de fois n'ai-je pas imaginé que j'accomplissais de grandes choses, belles et nobles, que je prenais mon envol, que je me hissais vers des cimes superbes. Et me voilà toujours ne voyageant qu'au travers de mes lectures et vivant au ras du sol.