Quelqu'un a dit un jour : « Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous qu'on ne sait pas lire ».
Pour ce troisième rendez-vous avec
Sire Cédric, j'avais mis mes plus beaux atours. Je m'étais installée confortablement et lascivement, son roman posé avec soin sur mes genoux, mes cheveux s'étalant sur l'oreiller… Les deux premières rencontres avec l'auteur n'avaient pas enflammé mes sens. Je l'avais trouvé plus que sympathique mais ses oeuvres ne semblaient pas correspondre à mes attentes.
Le processus de séduction était cependant enclenché. Passé le stress des premiers rencards, je me sentais plus décontractée et apte à ouvrir mon esprit à de nouvelles sensations ou tout du moins, à laisser une chance au Sieur Cédric de toucher une de mes cordes sensibles. Les conditions étaient donc idéales pour une nouvelle approche et je partais, le coeur malgré tout alourdi de quelques craintes, vers la découverte d'un univers nouveau.
L'homme s'exprimait bien. On sentait, dans ses phrases concises, une maîtrise de la langue et du style. Les chapitres étaient courts et assurément, le temps passait vite en sa compagnie. La soirée s'annonçait rythmée et les premières pages s'engageaient sur un terrain de violence que l'auteur dominait avec aisance.
Malgré mon aversion pour l'excès d'hémoglobine, je me laissais embarquer dans le récit, écoutait avec attention ce qu'il avait à raconter afin de me forger une idée plus précise de sa démarche. Autant que faire se peut, je poursuivis ma lecture, tentant d'oublier le fond pour ne me concentrer que sur la forme.
Mal m'en a pris, car la matière de ce roman n'incarnait pour moi que l'essence même de tout ce que je n'arrivais pas à apprécier…je n'y voyais que lieux communs et dialogues convenus. Je ne percevais que des ficelles plus épaisses que des cordes. Je discernais déjà l'issue d'un roman presque familier tant le thème me semblait usé jusqu'à la moelle. En un mot comme en cent, je m'ennuyais ferme et étouffais tant bien que mal mes bâillements impolis. Et là, me disais-je… pourquoi ais-je donné une énième chance à un écrivain dont je ne suis définitivement pas la cible ? Pourquoi insister dans une relation que je sais condamnée d'avance ?
La réponse à cette énigme existentielle se matérialisa dans la toute dernière partie, lorsque
Sire Cédric dévoila enfin son jeu et réussit à surprendre mon esprit désenchanté. Il m'offrit ce que je lui réclamais depuis le commencement : l'étonnement, la surprise, l'originalité tant attendue.
Qu'il m'eut fallu presque 500 pages pour en arriver à un soupçon de plaisir est sans équivoque le signe d'une rupture définitive. N'est pas compatible qui veut. Néanmoins, la séparation aura eu le mérite de se faire sur un final des plus intéressant qui me laissera un souvenir séduisant, à défaut d'inoubliable.
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