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Citations sur Dans le Jardin de l'Ogre (234)

Le vertige, c'est autre chose que la peur de tomber. C'est la voix du vide au-dessous de nous qui nous attire et nous envoûte, le désir de chute dont nous nous défendons ensuite avec effroi. Avoir le vertige c'est être ivre de sa propre faiblesse et on ne veut pas lui résister, mais s'y abandonner. On se soûle de sa propre faiblesse, on veut être plus faible encore, on veut s'écrouler en pleine rue aux yeux de tous, on veut être à terre, encore plus bas que terre.
(Milan Kundera "L'insoutenable légèreté de l'être")
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Non ce n'est pas moi. C'est quelqu'un d'autre qui souffre.
Moi, je n'aurais pas pu souffrir autant.
(Anna Akhmatova - Requiem)
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Elle ne se souvient de rien de précis mais les hommes sont les uniques repères de son existence.
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Parce qu'elle requiert des mensonges, sa vie demande une épuisante organisation, qui lui occupe l'esprit tout entier.
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Pour l'instant, elle repose dans sa crasse, suspendue entre deux mondes, maîtresse du tems présent. Le danger est passé. Il n'y a plus rien à craindre.
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Adèle a fait un enfant pour la même raison qu'elle s'est mariée. Pour appartenir au monde et se protéger de toute différence avec les autres. En devenant épouse et mère, elle s'est nimbée d'une aura de respectabilité que personne ne peut lui enlever. Elle s'est construit un refuge pour les soirs d'angoisse et un repli confortable pour les jours de débauche.
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Quand le printemps est arrivé, son médecin a insisté pour qu'elle passe ses journées au grand air. Il lui a conseillé de se mettre au jardinage et de planter des fleurs qu'elle regarderait pousser. Emile l'a aidée à installer un potager au fond du jardin. Elle y passe beaucoup de temps avec Lucien. Son fils aime patauger dans la boue, arroser les plants de fèves, mâcher les feuilles maculées de terre. Juillet est à peine entamé mais elle ne peut s'empêcher de constater que les jours diminuent. Elle guette le ciel, qui s'assombrit toujours plus tôt et elle attend avec angoisse le retour de l'hiver. La succession ininterrompue de journées pluvieuses. Les tilleuls qu'il faudra tailler et qui exhiberont leurs moignons noirs, comme des cadavres géants. En quittant Paris, elle s'est délestée de tout. Elle n'a plus de travail, plus d'amis, plus d'argent. Plus rien que cette maison où l'hiver la tient captive et où l'été fait illusion. Parfois, elle a l'air d'un oiseau affolé, cognant son bec contre les baies vitrées, brisant ses ailes sur les poignées de porte.
(pp. 194-195)
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C'est une maison pour vieillir, pense Adèle. Une maison pour les cœurs tendres. Elle est faite pour les souvenirs, pour les copains qui passent et ceux qui partent à la dérive. C'est une arche, un dispensaire, un refuge, un sarcophage. Une aubaine pour les fantômes. Un décor de théâtre.
Ont-ils vieilli à ce point ? Leurs rêves peuvent-ils s'arrêter ici ?
Est-il déjà l'heure de mourir ?
(p. 81)
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Adèle n'arrive pas à savoir où se niche l'amour pour son fils au milieu de ses sentiments confus : panique de devoir le confier, agacement de l'habiller, épuisement de monter une pente avec sa poussette rétive. L'amour est là, elle n'en doute pas. Un amour mal dégrossi, victime du quotidien. Un amour qui n'a pas de temps pour lui-même. Adèle a fait un enfant pour la même raison qu'elle s'est mariée. Pour appartenir au monde et se protéger de toute différence avec les autres. En devenant épouse et mère, elle s'est nimbée d'une aura de respectabilité que personne ne peut lui enlever. Elle s'est construit un refuge pour les soirs d'angoisse et un repli confortable pour les jours de débauche.

Se sentir fléchir, chavirer, entendre son ventre se creuser et puis vaincre, ne plus avoir envie, être au-dessus de ça. Elle a cultivé la maigreur comme un art de vivre.

Ta voix m'écœure. Ton odeur m'écœure. Tu es un animal, un monstre. Je sais tout. J'ai tout lu. Ces messages immondes. J'ai trouvé les mails, j'ai tout reconstitué. Tout défile dans ma tête, je n'ai plus un souvenir qui ne soit associé à un de tes mensonges.

Tu sais ce qui me dégoûte le plus ? C'est de dépendre de toi. C'est de ne même pas pouvoir te dire de dégager, de ne même pas pouvoir me lever pour te frapper, pour te jeter tes affaires à la gueule, pour te pousser dehors comme la chienne que tu es. Tu pleures ? Tu peux pleurer, je n'en ai plus rien à faire. Moi qui n'ai jamais supporté tes larmes, j'ai envie de t'arracher les yeux. Mais qu'est-ce que tu as fait de moi ? Qu'est-ce que cette histoire a fait de moi ? Un idiot, un cocu, un pauvre type. Tu sais ce qui m'a fait le plus de peine ? C'est ce carnet noir. Oui, le carnet noir dans ton bureau. J'ai lu ce que tu écrivais, sur ton ennui, sur cette vie de bourgeoise merdique. Non seulement tu te fais baiser par une armée mais en plus tu méprises tout ce qu'on a construit. Tout ce que j'ai construit, moi, en travaillant comme un chien pour que tu aies tout ce qu'il te faut. Pour que tu n'aies à t'inquiéter de rien. Tu crois que je ne rêve pas, moi, d'un au-delà à cette vie ? Tu crois que je n'ai pas de rêves, pas d'envie de fuite ? Que je ne suis pas, moi aussi, romantique, comme tu dis ? Oui, pleure. Pleure jusqu'à en crever. On aura beau dire, tu pourras trouver toutes les explications du monde, tu es une salope, Adèle. Une vraie raclure.

Mais il en crevait, lui, l'étudiant de province, timide et sans conversation, de tenir cette femme dans ses bras. Ce n'était pas seulement sa beauté mais son attitude qui envoûtait Richard. Quand il la regardait, il était obligé de prendre de grandes inspirations. Sa présence le remplissait au point que c'en était douloureux.

Il lui avait promis qu'elle n'aurait à s'occuper de rien et qu'il prendrait soin d'elle, comme personne d'autre avant lui. Elle était sa névrose, sa folie, son rêve d'idéal. Son autre vie.
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L’index et le majeur. Il ne s’agit que de ça. Un mouvement vif, chaud, comme une danse. Une caresse régulière, toute naturelle et infiniment avilissante. Elle n’y arrive pas. Elle s’arrête puis reprend. Elle remue la tête comme un cheval cherche à chasser les mouches qui lui agacent les naseaux. Il faut être un animal pour réussir de telles choses. Peut-être que si elle crie, si elle se met à gémir, elle sentira mieux venir le spasme, la libération, la douleur, la colère. Elle murmure de petits « ah ». Ça n’est pas de la bouche, c’est du ventre qu’il faudrait gémir. Non, il faut être une bête pour s’abandonner ainsi.
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