« Car ce qui excitait l’âme, c’était justement d’être trahie par le corps qui agissait contre sa volonté, et d’assister à cette trahison »
Adèle a fait un enfant pour la même raison qu’elle s’est mariée. Pour appartenir au monde et se protéger de toute différence avec les autres. En devenant épouse et mère, elle s’est nimbée d’une aura de respectabilité que personne ne peut lui enlever. Elle s’est construit un refuge pour les soirs d’angoisse et un repli confortable pour les jours de débauche.
Ils l’ont vue tapiner derrière le bar avec le jeune garçon. Ils l’ont vue et ils ne la jugent pas. C’est bien pire. Ils vont croire à présent qu’une complicité est possible, que la familiarité est de mise. Ils vont vouloir en rire avec elle. Les hommes vont croire qu’elle est coquine, leste, facile. Les femmes la traiteront de prédatrice, les plus indulgentes diront d’elle qu’elle est fragile. Ils auront tous tort.
Avoir envie, c’est déjà céder.
Les gens insatisfaits détruisent tout autour d'eux
Adèle lui en veut de sa naïveté, qui la persécute, qui alourdit sa faute et la rend plus méprisable encore
Les hommes l'ont tirée de l'enfance. Ils l'ont extirpée de cet âge boueux et elle a troqué la passivité enfantine contre la lascivité des geishas.
Adèle a fait un enfant pour la même raison qu’elle s’est mariée. Pour appartenir au monde et se protéger de toute différence avec les autres. En devenant épouse et mère, elle s’est nimbée d’une aura de respectabilité que personne ne peut lui enlever.
L’amour, ça n’est que de la patience. Une patiente dévote, forcenée, tyrannique. Une patience déraisonnablement optimiste.