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4,01

sur 207 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Ce deuxième opus des aventures de l'inspecteur Sadorski n'a d'égal que le premier.
Rappelons que le personnage principal est un abominable policier parisien exerçant pendant l'occupation : profiteur, antisémite, violent, obsédé sexuel, arrogant, bref toutes les qualités pour plaire à l'esprit du moment.
Même s'il n'est pas le narrateur, tout est présenté de son point de vue, et en préface, on peut lire ceci : « Ni l'auteur, ni l'éditeur ne cautionnent les propos tenus par le personnage principal de ce livre. Mais ils sont le reflet de son époque (…) ».
Nous sommes au printemps 1942 et le sujet historique principal du roman est la rafle du Vel d'Hiv survenue le 16 juillet. L'auteur ne nous épargne aucun détail des horreurs commises par la police française et celles subies par les familles juives (ou non du reste) à l'occasion de cet événement de grande envergure.
Même si l'on connaît le sujet par coeur, certains passages sont très difficiles. Ils l'ont été d'autant plus que certains se déroulent dans des lieux dont je connais très bien la topographie pour y avoir vécu. Dans ces moments-là, l'auteur fait preuve d'un grand talent car on sent bien qu'il reprend la direction du récit, que l'exposé des faits n'est pas filtré par le prisme de l'inspecteur Sadorski mais est malheureusement une suite factuelle de comportements indignes.
A ce titre, le dernier chapitre est glaçant.
Ce roman reste très intéressant à lire car il incorpore des documents authentiques (comme la liste absurde et incohérente des règles concernant les personnes à arrêter) et est illustré par une série d'anecdotes de la vie parisienne au temps de l'occupation.
Ce roman est donc riche sur le plan du style et représente également un document historique. La personnalité du personnage principal permet de rappeler à chaque instant combien dans cette période troublée, il était difficile de faire la part entre les bons et les méchants.
J'attends la suite avec impatience.
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Partant du principe que l'on est jamais mieux servi que par soi même, l'inspecteur Léon Sadorski a décidé de forcer le destin. Pour mettre plus rapidement dans son lit sa voisine juive de quinze ans Julie, il a dénoncé sa mère en ajoutant la mention "communiste" à sa fiche. Raïssa Odwak n'est pas prête de sortir de la prison des Tourelles. Jacques Odwak étant déjà interné à Pithiviers, la voie est libre.
Pour l'inspecteur Sadorski, la vie suit donc son cours. Remis de ses blessures (voir L'affaire Léon Sadorski), le chef de brigade de voie publique à la 3e section de la direction générale des Renseignements généraux et des Jeux alias "Le Caïd du Rayon juif " enquête sur un attentat survenu Boulevard du Palais Il a bon espoir de résoudre l'affaire, de passer Inspecteur principal et de gâter son épouse Yvette qu'il aime tendrement. Dégainant à tout bout de champ sa carte de police pour obtenir des passe-droits, de la nourriture, violer des femmes, et susciter la terreur, il n'a que deux buts dans la vie. Purifier la France et être bien noté par ses supérieurs. Soignant son réseau d'informateurs, Sadorski a toujours les sens en éveil. Véritable chien de chasse à l'affût des comportements suspects, des mots lâchés à la va-vite contre la politique du maréchal et les forces de l'ordre il remplit sans scrupule ses fiches, et ne dédaigne pas à l'occasion rédiger des lettres de dénonciation pour faire avancer ses petites affaires. La découverte fortuite du cadavre d'une femme à Sucy-en-Brie au cours d'une promenade champêtre va faire saliver Sadorski et lui permettre de faire ce qu'il maîtrise le mieux, secouer l'arbre pour voir ce qu'il en tombe, dénoncer, arrêter, torturer et obtenir la promotion tant convoitée. Qui plus est, nous sommes au printemps 42 et le « vent printanier » s'apprête à souffler sur la France.

Romain Slocombe a donné naissance à une des pires ordures de papier de la littérature française, même s'il s'inspire très largement des parcours de Louis Sadosky et d'autres policiers des Brigades spéciales. Difficile de trouver la moindre étincelle d'humanité chez l'inspecteur qui, dans L'Affaire, comme dans L'Etoile jaune, agit en roue libre en plein bourbier. Pas besoin d'aller chez Ellroy pour trouver des ordures fascinantes et mettre le nez dans la fange. Slocombe est toujours aussi efficace, et travaille la matière historique au corps pour nous offrir un nouveau grand roman noir, une brillante et sordide variation sur la France occupée, le rôle de la police française, les attentats perpétrés contre l'occupant, l'abnégation des résistants, ainsi que les exécutions commises par les communistes sur les traîtres au parti.
ll y a chez Slocombe une clairvoyance qui fait froid dans le dos, un refus du manichéisme, un don pour dépeintre les nuances et les subtilités qui font les individus. Ses romans sont des miroirs désagréables de la vie, qui heureusement nous présentent des portraits de femmes extraordinaires par leur courage et leur obstination. Le plus difficile finalement pour le lecteur est de constater que dans cette Etoile jaune de l'inspecteur Sadorski, tout se joue sans la présence des Allemands. Les boches ne sont que des uniformes qui passent. Il n'y a que des Français comme si cette Occupation était en fait un chèque en blanc pour concrétiser toutes les bassesses et les desseins les plus déguelasses de l'humanité. Un blanc- seing pour se débarrasser d'une ex-femme, d'un rival en affaire, ou d'un voisin. Il suffit d'investir dans une feuille, une enveloppe et un timbre.
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Avis de Grybouille (Chroniqueur sur le blog Léa Touch Book) :

Vous parler de ce livre est une grande responsabilité. J'espère trouver les mots, en serais-je capable ?

Romain Slocombe est un auteur qui ne peut être classé ou cantonné dans un style. Sa plume est en capacité de voyager dans des mondes très divers, j'en veux pour preuve la réécriture des « Des petites filles modèles », les nouvelles de « Route 40 », les polars, les thrillers et … Je vous laisse découvrir.

Nous nous retrouvons aujourd'hui pour découvrir le deuxième volet des aventures de l'inspecteur Sadorski, après « L'affaire Léon Sadorski », dans lequel nous suivons l'inspecteur principal adjoint Léon Sadorski, personnage bien dans son époque, à un poste « à responsabilités »……

Voilà nous y sommes un voyage au milieu de la nuit par temps de brouillard.

L'histoire,

Nous retrouvons Léon Sadorski, fils de fermiers jadis établis en Afrique du nord. Cet inspecteur est fasciné par les grands décideurs qui se sont élevés de rien.
Policier, Léon est vu comme le caïd de la section des renseignements généraux, un bouffeur de juifs.

Son « voyage » en Allemagne lors de « L'affaire Léon Sadorski » n'a rien arrangé. Il est en guerre contre les communistes, les juifs. Il est servile avec les boches mais les déteste...
C'est un homme entier qui profite de sa position professionnelle pour s'accaparer les biens d'autrui et profiter des plus faibles. Malheureusement il n'est pas le seul… Il est aussi capable d'une certaine générosité (intéressée).

le 16 juillet 1942, un phénomène météo étrange, L'air se rafraîchit brutalement, le soleil brille et il pleut, « …c'est Dieu lui-même qui pleure. », la seconde rafle des Juifs a débuté. Elle portera pour l'histoire celle du Vel d'Hiv… « Neuf mille courageux policiers, gendarmes armés et équipés pour faire la guerre à des femmes, des vieillards, des adolescentes, des alités, de enfants et des nourrissons. »

En parallèle, les attentats par les résistants communistes qui visent les troupes d'occupation et les forces de l'ordre à la botte du gouvernement de Vichy. Une ombre dans le dispositif communiste, le groupe Valmy, des tueurs qui éliminent les « traitres » à la cause bolchevique.

Une bonne nouvelle dans ce monde de brutes ? La bourse va bien, la guerre est passée par là ! « L'occupation n'est pas un malheur pour tout le monde. »

Bienvenue dans la France de 1942…

Les personnages,

Léon Sadorski, « Je suis fonctionnaire d'état français. Je dois veiller à la sécurité de mes concitoyens. J'obéis aux ordres, je n'ai pas à discuter leur bien-fondé. D'ailleurs, je suis généralement d'accord avec ce que mes chefs de service exigent de moi… »
Yvette Sadorski, toujours vêtue à la dernière mode, amoureuse de son mari de flic, prête à héberger la petite voisine juive, Julie.
Julie Odwak, jeune juive de 15 ans qui a vue ses parents arrêtés par la police française, « On raconte qu'il y a des gens pour piller les maisons des juifs qui sont partis en Amérique ou qui ont été arrêtés ! »
Mme Raissa Odwak, la mère de Julie ; Raymonde Bonnet, un témoin ; Gisèle Rollin, communiste manipulée par Léon ; l'équipe des Renseignements Généraux ; La famille Pitzvogel….

Le style,

La construction et la crédibilité de ce roman repose sur des recherches « fouillées » réalisées par l'auteur, voir les notes bibliographiques, du solide le p'tit Duc vous dit.

L'écriture est comme à l'accoutumée avec Romain Slocombe d'une grande qualité. Ici on ne se moque pas du lecteur, on est chouchouté.

Un style efficace qui nous fait vivre, si cela est possible, cette période bien noire où l'humanité avait perdu ses repères.

Un récit poignant sans concession qui vous prend aux tripes.

« V'z'allez pas tirer sur des mômes ! » un fort des halles
« … j'accepte de l'argent pour laisser tranquille certaines personnes…Et… il m'est arrivé de voler… je suis parfois obligé d'être sévère lorsque j'accomplis mon devoir. Pour la France, pour le Maréchal… », confesse Sadorski.

« Mon coeur est un cimetière. » Danielle Casanova, paroles prononcées à Auschwitz

A bientôt de vous lire Monsieur Romain Slocombe puisque mon petit doigt m'a dit qu'une suite est en cours de rédaction.
Lien : https://leatouchbook.blogspo..
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