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Jérôme Leroy (Autre)
EAN : 9782757883594
256 pages
Points (04/02/2021)
3.81/5   254 notes
Résumé :
Illustre figure des arts et des lettres du Paris d’avant-guerre, Jean-Paul Husson, désormais retiré des mondanités, coule des jours paisibles dans sa demeure normande où il se consacre à l’écriture de son œuvre. Jusqu’à l’arrivée de son fils Olivier venu présenter sa jeune épouse Ilse, juive allemande, dont le charme subjugue l’académicien et que ses sentiments conduiront au mal absolu.
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Critiques, Analyses et Avis (71) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 254 notes
Ce roman a pour sujet central la dénonciation des Juifs durant la Deuxième guerre Mondiale et comme cadre la débâcle française et l'occupation de la patrie par les Nazis. Si les sujets traités peuvent paraitre un peu classiques, la forme de ce roman est assez inattendue, il s'agit d'une très longue lettre écrite par le personnage principal Pierre-Jean Husson aux autorités allemandes.

Il faut une fois encore saluer le style de Romain Slocombe. Son écriture soignée, ses personnages très travaillés, son intrigue sans faille font de ce roman une petite pépite.

J'ai particulièrement aimé le personnage de Pierre-Jean Husson, Slocombe nous offre ici le portrait d'un homme issu de la bourgeoisie normande, mutilé en 14-18, cultivant une haine viscérale envers les Juifs et totalement épris de sa belle-fille. Bref, on a un héros antisémite qui finit par se dégoûter de lui-même au point de commettre une terrible erreur…

Ce qui est également plaisant dans cette longue confession rédigée par Pierre-Jean, c'est de ressentir, de vivre quasiment aux cotés des personnages l'angoisse quotidienne de l'occupation mais également celle des bombardements. C'est extrêmement bien fait, on a l'impression d'être avec eux lorsqu'ils aperçoivent une division de Panzers sur la route normande ou lorsqu'ils fuient le petit bourg normand pour tenter de se mettre à l'abri.

Le roman est assez court, il fait un peu plus de deux cent pages mais il est rempli d'émotion. On sent une fois encore la maitrise qu'a Romain Slocombe de la période de la débâcle et de l'occupation.

Une très bonne lecture que je conseille notamment aux passionné(e)s de roman historique et de la Seconde guerre Mondiale ! C'est un coup de coeur pour ma part et je me dis que j'ai bien fait d'acheter la suite des aventures de Léon Sadorski car je vais me régaler !!!
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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http://fattorius.over-blog.com/article-ce-vieux-fasciste-de-monsieur-le-commandant-vous-salue-86864568.html

Reçu en partenariat grâce aux éditions NiL et à Babelio (que je remercie ici), cet ouvrage m'a passablement intrigué, de façon positive; il peut aussi susciter un certain malaise chez plus d'un lecteur. Porté qu'il est par un style aux apparences classiques et travaillées, il invite en effet chacun à se glisser dans la peau d'un homme distingué, Académicien, écrivain à succès, blessé de guerre donc a priori respectable... mis à part qu'il est pétainiste, catholique fervent et collabo par conviction. En jetant dans ses pattes Ilse, sa belle-fille juive, dont il va tomber éperdument amoureux, l'auteur va pousser le fragile écosystème qui entoure l'antisémite Paul-Jean Husson jusqu'à l'irréparable, mettant progressivement en évidence les contradictions de son narrateur. Et ce n'est qu'au bout du récit, qui endosse la forme d'une lettre, que le lecteur comprend le caractère à la fois terrible et naïf de la demande de Paul-Jean Husson à son destinataire, le Sturmbannführer Schöllenhammer.



Apparemment, ce livre constitue la résultante de l'exercice délicat du rôle de composition. Il n'y a en effet plus grand-monde aujourd'hui pour se réclamer très ouvertement de l'idéologie pétainiste, antisémite et favorable au nazisme, alors que sous l'Occupation, chacun était contraint de composer, voire de choisir son camp sans trop savoir ce qu'il adviendrait ensuite. On pourrait dès lors se dire que tout cela, c'est de l'histoire, un rien poussiéreuse. Mais l'auteur parvient, par quelques situations et mentions bien placées, à rendre toute son actualité à son propos. Un seul exemple, en page 40, rappelle de façon troublante un discours qu'on entend encore aujourd'hui: "Sous couleur du droit d'asile, on laissait entrer pêle-mêle et sans la moindre précaution réfugiés politiques et condamnés de droit commun - tous d'accord au moins sur un point: le droit qu'ils s'arrogeaient de nous traiter en pays conquis." Et d'une manière plus générale, par-delà l'exposition d'une situation historique donnée, ce sont des sentiments de toujours que l'auteur donne à lire.



Et c'est là que le lecteur est saisi par l'ambivalence du propos. Certes, il lui sera difficile de trouver vraiment sympathique l'Immortel et plutôt odieux collaborateur, auteur qui plus est de virulents articles contre les Juifs. Mais il ne pourra que se surprendre à comprendre certains des élans de son coeur, voire à lui trouver une certaine générosité quand il fuit en voiture avec sa belle-fille et sa petite-fille - alors qu'Olivier, son fils, est résistant à Londres, loin des siens, qu'il pourrait protéger d'un peu plus près. L'auteur ne manque jamais une occasion, par ailleurs, de souligner l'incroyable tension qui se fait jour dans le coeur du narrateur: celui-ci vomit les Juifs, mais aime une Juive, et qui plus est sa propre belle-fille...



Le contexte est campé de manière claire, quitte à ce que le trait paraisse parfois un peu appuyé. Les rappels historiques sont en effet nombreux, et le statut d'Académicien du narrateur permet à l'auteur de lui créer de manière crédible tout un entourage de célébrités. Entre Sacha Guitry et sa femme, Hugo Boss qui fabrique les uniformes de l'armée allemande, Robert Brasillach et quelques autres (dont Léon Blum), sans compter la citation de nombreux organes de presse collaborationnistes de ce temps (on pense à "Gringoire"), les noms sont généreusement parachutés, non sans pertinence. Cela permet au lecteur de cerner le narrateur et de trouver ses marques dans un contexte particulier.



La lecture d'un tel roman sous forme de lettre peut donner au lecteur l'impression d'être un voyeur, dans la mesure où il prend connaissance d'un courrier extrêmement personnel qui ne lui est pas adressé. L'astuce est double: si le narrateur écrit à un nazi, l'auteur écrit au lecteur. Conscient de jouer sur deux plans, l'écrivain rend en quelque sorte le lecteur complice de Paul-Jean Husson, homme complet avec ses gloires et ses zones d'ombre, en l'invitant à mieux le connaître par le biais d'une lettre qui sollicite un service de la part d'un nazi. "Aurais-tu procédé ainsi?", semble demander l'écrivain, lui aussi complice du lecteur, réunissant tout le monde en une histoire tendue, progressivement poussée aux épisodes les plus noirs et les plus durs.
Lien : http://fattorius.over-blog.c..
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ISBN : 97822662353003


Un court roman - deux-cent-trente-deux pages chez Pocket - sur un sujet grave : la dénonciation des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale. Enfin, disons que c'est là le thème central de ce livre et que s'y ajoute, tout naturellement, une description du climat de la Débâcle et de l'Occupation nationale-socialiste. le tout est présenté sous la forme d'une longue lettre - une lettre-confession, dirons-nous plutôt - écrite à un haut-gradé de la Kommandantur allemande, que complètent diverses copies de documents d'époque ou tout simplement traitant de l'époque.

Le narrateur, Paul-Jean Husson, est écrivain, académicien, Prix Renaudot, etc ... Il n'aime rien tant qu'énumérer toutes les personnalités - dont Guitry, évidemment incontournable dans le paysage alors qu'on oublie toujours de dire que Sartre par exemple fut joué lui aussi sous l'Occupation - que sa situation mondaine lui permet de côtoyer régulièrement. Question écriture, il possède ce style horriblement ampoulé qui fut très à la mode chez certains auteurs des années trente et quarante - celui-là même que les amateurs de romans sentimentaux ont vu à son apogée chez Berthe Bernage (et croyez-moi, ce n'est pas une référence. ) En d'autres termes, c'est catho bon teint, grand-messe et vêpres, "Sauvez, Sauvez la France ... et le Maréchal", vertu à la Tartufe et implorations tournées vers le Ciel et la Vierge presque à tout bout de champ. (Bon, j'exagère un peu mais dans l'ensemble, c'est ça. Alors, si l'expérience vous tente, accrochez-vous parce que je puis vous dire que si je n'avais pas promis à ma fille de lire ce "Monsieur le Commandant", j'aurai abandonné dès la dixième page. Et encore, j'étais dans mes bons jours ... )

Reconnaissons-le : Slocombe a admirablement restitué l'état d'esprit du personnage et de la petite-bourgeoisie normande qui l'a vu naître. Husson est un notable imbu de lui-même et du rang qu'il s'imagine tenir. En foi de quoi, il hurle avec les loups, méprise les Juifs et cherche à dissimuler à l'abri de la messe dominicale les ardeurs sexuelles des plus ardentes qu'il conçoit pour sa belle-fille, Ilse, que son fils, Olivier, a ramenée d'Outre-Rhin et qui, avec ses yeux bleus et ses boucles blondes, pourrait prétendre à personnifier Germania en personne. La Débâcle, qui survient sans avoir la politesse de prévenir un Etat-major français de vieilles badernes endormies sur leurs lauriers de 14/18, ne va pas arranger les choses. D'abord - oh ! horreur ! - notre Immortel apprend que sa belle-fille n'est pas seulement allemande : elle est également juive. Là-dessus, Olivier, tout secoué par la fin minable de la Drôle de guerre, rapplique chez son paternel pour lui annoncer qu'il va rejoindre De Gaulle en Angleterre - re-oh ! horreur ! . Assommé et furieux, Paul-Jean se retrouve tout seul - entretemps, il a perdu sa femme, Marguerite, d'une tumeur au cerveau - avec la charge d'Ilse, de sa petite-fille Hermione et d'un poupon encore à naître et qu'on baptisera en temps voulu Omer-Aristide - en souvenir du Maréchal.

Puisque je vois bien que c'est ça qui vous intéresse le plus dans l'affaire, je vous confirme sans plus attendre que oui, Paul-Jean et Ilse finissent par avoir une relation sexuelle. Une seule mais cela suffit : voilà la pauvre fille qui tombe enceinte et se précipite illico chez une faiseuse d'anges. Ici, je vous laisse imaginer les tourments endurés par le malheureux Paul-Jean - c'est tout de même lui le plus à plaindre, pas vrai ? - qui a conçu un enfant non seulement dans l'inceste mais encore dans l'impureté raciale la plus absolue puisque Ilse est juive.

Débarque alors une petite meute de gestapistes chapeautés par le célèbre Lafont, accompagnés de miliciens aussi hideux et redoutables qu'ils le furent dans la réalité. C'est un moment qu'on peut à bon droit qualifier de gore et dont on pourrait penser qu'il remettrait un peu les idées en place à notre Prix Renaudot à la dérive, qui ne sait vraiment plus à quel saint se vouer. Mais pas du tout : pour éviter qu'elle ne tombe entre les mains des gestapistes et des miliciens, pour sauver Ilse en somme mais aussi, ne l'oublions pas, pour sauver son âme à elle, celle de leur enfant à naître - Ilse n'a pas eu le courage de se faire avorter - et bien entendu la sienne propre, Paul-Jean décide de sacrifier son amour et prend sa plus belle plume pour dénoncer les origines de la jeune femme et la "recommander" (sic) aux bons soins des autorités nazies avec lesquelles, attendu qu'il se répand depuis 1940 en articles anti-sémites dans la presse de sa petite ville et aussi dans quelques journaux parisiens, il entretient (est-il utile de le spécifier ?) les meilleurs relations.

Viennent ensuite les documents et une explication sur la fin des différents personnages cités.

Que ceci soit bien clair : pas une instant je ne remets en cause la sincérité de Romain Slocombe, qui a lui-même des origines juives. le problème, c'est que son roman, qui est déjà à mon sens bien trop court vu la gravité et la profondeur des sujets traités - la trahison, la collaboration, l'anti-sémitisme, l'inceste - ne tient pas la route. Paul-Jean Husson est à la limite de la caricature alors qu'il aurait gagné - et le roman avec - à beaucoup plus de subtilité. Quant à l'intrigue, elle suit, vaille que vaille, en cahotant pas mal et en plongeant dans d'innombrables ornières. Bref, c'est une histoire pour ceux qui, justement, ne connaissent pas grand chose à L Histoire : les "bons" d'un côté et les "méchants" de l'autre, les "méchants" étant tous plus répugnants les uns que les autres. Il y a le Collabo petit-bourgeois, bon catholique, anti-sémite à tous crins, avec ça mutilé de la Grande guerre, qui fait tout le mal possible au nom de son pays et de ses croyances (il admet pourtant que Jésus était juif, reconnaissance que j'estime, à mon sens, totalement incohérente : pour les Paul-Jean Husson, le Christ est chrétien et n'a jamais été juif), s'apitoie beaucoup sur lui-même, finit condamné aux travaux forcés (quinze ans) à la Libération mais se voit gracié en 1952 et meurt en paix avec lui-même ... dans un monastère, sept ans plus tard. Il y a la Victime principale, juive et allemande, (dont on ne comprend absolument pas pourquoi elle cède à son beau-père mais bon ... ) ; toutes les Autres victimes : Juifs et résistants mêlés dans les plus affreuses tortures ; les Gestapistes et les miliciens, tous parfaitement ignobles ; et aussi, çà et là, quelques officiers nazis qui ne relèvent pas le lot, sauf (peut-être) le jeune S. S. Oskar Gröning, qui, dans l'un des "documents", assiste à la crémation d'Ilse et de bien d'autres mais en sort horrifié et choqué.

Parmi tous ces gens-là, on ne connaît, on ne voit, on ne lit que les états d'âme de l'Immortel : franchement, c'est insuffisant car, ce faisant, le lecteur n'obtient qu'un seul point de vue sur une situation dont le moins que l'on puisse dire est que, indépendamment même du contexte de l'époque, elle resterait des plus complexes. Evidemment, quelques notes en bas de page viennent (parfois) clarifier certains détails historiques mais ... tout le monde ne lit pas les notes, on s'imagine souvent que puisque c'est en bas de page, ça n'en vaut pas la peine.

Bref, pour me résumer (si j'en suis capable ) : malgré d'excellentes idées de départ, un livre frustrant, mal construit, qui s'embourbe vite. Dommage. ;o)
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La citation du Point « Un héros peu recommandable, un grand livre à recommander » résume à elle seule le livre de Romain SLOCOMBE « Monsieur le Commandant ».

Le roman est écrit sous la forme d'une longue lettre de confession et de dénonciation envoyée par Paul-Jean HUSSON, aux autorités d'occupation allemande. Celui-ci est un homme de lettres et académicien de renom, héros de la Première Guerre mondiale durant laquelle il a perdu un bras au front, particulièrement respectable, fervent catholique, mais surtout en cette période d'occupation pétainiste et collabo convaincu.

Sa confession, c'est son amour fou et inavouable pour sa belle-fille. Terriblement belle, blonde, radieuse, douce et aimante envers son mari, celle-ci va très vite se retrouver seule avec sa fille, le fils ayant décidé de partir à Londres pour rejoindre la résistance. Son beau-père va alors se trouver dans l'obligation de les prendre en charge toutes les deux. Oui mais voilà, il va rapidement découvrir que sa belle-fille est juive allemande. L'horreur suprême pour cet antisémite notoire !
Malgré son antisémitisme viscéral mais guidé par cet amour interdit, se trouvant lui-même dans un dénuement affectif total suite à la mort de sa fille et de sa femme, Husson décide de prendre la route en compagnie de celle qu'il ne cesse de désirer. En plein exode, il part de sa Normandie afin de pouvoir les sauver.

Mais l'acte inconcevable pour tout être normal arrive, l'ignominie de la part de Paul-Jean HUSSON suivra : la dénonciation de sa belle-fille en tant que juive.

Ce livre est pour ma part une plongée terrifiante dans ces années de l'occupation allemande durant lesquelles l'être humain a montré à travers la collaboration la part la plus abjecte qui se trouve enfouie au plus profond de certains. C'est une vision impitoyable et glaçante de ce que pouvait être l'antisémitisme ordinaire : une scène de torture est à la limite du soutenable.

Magnifiquement écrit, ce roman m'a sonné mais surtout bouleversé. Il est d'ailleurs plus que dérangeant. Donc merci à Romain SLOCOMBE de l'avoir écrit et ne passez pas à côté. Bien sûr, ceci est mon humble avis !
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Quel est donc le secret de Romain Slocombe qui arrive à me faire lire des romans que je n'aurais jamais imaginés dans ma bibliothèque ?
Son talent, bien sûr, qui fait que dès les premières pages, et bien que je sache qu'à un moment j'aurais la boule au ventre, je suis embarqué dans son récit.
Il faut dire que Slocombe, à l'inverse de beaucoup de ses confrères, choisit ses principaux protagonistes parmi les pires salauds que l'on puisse rencontrer en littérature.
Il y a la série en cours avec Sadorski, que je conseille fortement à tous mes amis lecteurs, et il y a ce Monsieur le commandant (d'ailleurs son inspecteur y apparaît déjà, brièvement).
Peut-on parler de "héros" quand on parle de ce genre de personnages abjects ?
Bref, Paul-Jean Husson (ce n'est pas son vrai nom) était écrivain et académicien (Académie française dont il fut radié plus tard), revenu de la Grande guerre mutilé, père de famille, bientôt grand-père, dans cette France occupée de 1942, ce pétainiste et antisémite convaincu écrit à un commandant de l'armée d'occupation.
C'est ce courrier qui est ici restitué (avec, là aussi, quelques changements de patronymes pour ne pas heurter les sensibilités je suppose...). Sous la plume de l'auteur, Husson se raconte, il raconte sa haine, il raconte ses attentes, il raconte sa collaboration, il dévoile même quelques secrets intimes.
Collabo jusqu'à l'os.
Dans ses faits et gestes.
Dans ses regards.
Dans ses écrits.
Même envers ceux qu'il aime, envers ceux qu'il devrait chérir et protéger il éprouve de la méfiance, du mépris et de l'aversion.
Que cherche-t-il par ce courrier ?
À justifier ses actes odieux ?
À prouver sa fidélité et son dévouement aux autorités en place ?
À sauver celle qu'il aime et qu'il ne devrait pas aimer ?
Jusqu'où est-il prêt à aller ?
Jusqu'à l'impensable....
Un court roman, qui une fois de plus nous décrit la monstruosité d'une époque trouble de notre histoire.
Tous les Français n'étaient pas passif, tous les Français n'étaient pas résistants, tous les Français n'étaient pas collabos....
Mais il y avait de beaux salopards, et celui qui parle dans ce roman en fait partie sans aucun doute.
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critiques presse (5)
Auracan
17 avril 2022
Les traits anguleux que lui confère le dessin d'Etienne Oburie accentuent graphiquement son inflexibilité quant à ses principes nauséabonds (cette couverture !) et, associé au scénario de Xavier Bétaucourt, l'ensemble s'avère glaçant.
Lire la critique sur le site : Auracan
Sceneario
18 février 2022
Monsieur le Commandant explore les tréfonds de l’âme humaine, et en dégage son abjection la plus ultime. Cette nouvelle adaptation des éditions Philéas va secouer plus d’un lecteur, qui gardera longtemps en tête le regard impénétrable de Paul-Jean Husson.
Lire la critique sur le site : Sceneario
LePoint
03 juillet 2013
Dans la tête du parfait antihéros, repoussant, fascinant, Romain Slocombe éblouit. Façon Jonathan Littell, il explore le potentiel diabolique de la guerre et remonte aux origines du mal humain.
Lire la critique sur le site : LePoint
LePoint
07 mars 2012
Une histoire à couper le souffle, qui se déroule pendant l'Occupation, des personnages puissants, un style nerveux, un vrai suspense, de l'amour, aucun pathos et un travail de documentation qui ne se voit pas.
Lire la critique sur le site : LePoint
Lexpress
15 décembre 2011
Le talent de l'auteur (Slocombe, déguisé en Husson) tient en haleine un lecteur sonné [...] et qui redoute une issue dont il a pourtant deviné qu'elle était fatale. Slocombe raconte les dérives, de 1932 à 1942, plus sentimentales qu'idéologiques d'un homme qui était tout sauf un sot. Terrifiant!
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Aujourd'hui, je me retourne vers mon passé. Que reste-t-il des étreintes enivrantes, des baisers furieux, des caresses, des morsures, des râles, des cris, des folies ? De ces battements violents de nos coeurs, ces montées de nos sèves, et ces transports, et nos divines extases ? Que reste-t-il ?
Rien.
Ou si peu. Des souvenirs qui pourraient être autant d'illusions. De fables. De mensonges.
J'aurais pu les inventer, toutes ces liaisons dont je viens d'ébaucher la liste. Ou vous pourriez ne pas me croire. Quelle importance ? Y crois-je moi-même ? J'ai oublié tant de prénoms, tant de visages et tant de corps...
Si mon passé possédait si peu de consistance, me dis-je, assis à la table silencieuse devant le jardin morne [...] S'il en était ainsi, que la fine et gracieuse main d'Isle eût fait jaillir mon sperme, ou que ce fût seulement son fantôme... y avait-il là une différence vraie ?
Car c'est elle, et point une autre, dont j'avais murmuré le prénom [...] Elle, qui a ordonné à mon vieux coeur de battre la charge. Elle, qui a fait que j'ai cru mourir.
Cette nuit, Elsie Berger, Isle Husson -qu'elle le sût ou non ne comptait guère- avait été mienne.
La conscience de ce rût brûlait en moi plus fort, cent fois, mille fois plus fort, que tous les fragiles souvenirs d'amours qui s'amenuisent pour se mêler, se confondre et disparaître à jamais dans l'abîme du temps....
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La Nation Française, gangrenée par l'individualisme corrupteur né de l'absurde théorie républicaine des droits de l'homme, me paraissait plongée dans une ahurissante apathie. L'anarchie démocratique, dénoncée avec lucidité par Charles Maurras, nous livrait aux quatre fléaux : juif, protestant, métèque et franc-maçon. [...] 1936 apporta à mon vieux pays gallo-romain l'humiliation d'être gouverné par un Juif : Léon Blum -subtil comme un talmudiste, perfide comme un scorpion, rancunier comme un eunuque et haineux comme une vipère-, cet étranger mâtiné de Bulgare, d'Allemand et de youtre, ce prophète de l'erreur, ce Machiavel à la triste figure s'incrusta à la tête de la France. A Paris, la radio prit l'accent yiddish. Accourus du fond des ghettos d'Orient à l'annonce de la victoire raciale, les nez courbes et les cheveux crépus se mirent à abonder singulièrement. (p.38/39/40)
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P.K. - Les habitants d'Andigny étaient-ils pétainistes ?
F.L. - Non, je ne dirais pas ça. Juste soumis au gouvernement. Seuls quelques-uns soutenaient ouvertement le Maréchal. Vous savez, à Andigny, il n'y a pas grand-chose à trouver, à part des cheveux coupés à la Libération, mais rien d'exceptionnel. D'ailleurs, ces pauvres dames qu'on a tondues n'avaient dénoncé personne, juste couché avec des Boches. Ou même pas : on a rasé la tête d'une jeune Espagnole dont le seul crime était de travailler comme femme de chambre à l'hôtel de la Kommandantur ! En revanche, les lettres de dénonciations, émanant d'autres gens, des anonymes, ça, il y en a eu beaucoup. En général pour assouvir des vengeances personnelles, ou en rapport avec des histoires de champs, ou d'héritage...Mais à part ça, c'était une ville tranquille. A dix heures du soir il fallait fermer les fenêtres et les rideaux, pour pas que les bombardiers voient la lumière. Nous vivions soumis au joug permanent des Allemands. Voilà.

(Extrait du film Elsie Bergers Franzosische Familie (La famille française d'Elsie Berger), réalisé par le documentariste Peter Klemm pour la télévision allemande.
Interview de M. François Lefèvre, retraité, ancien résistant F.T.P.)
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Tous, nous n’hésitions pas à le clamer haut et fort, dans les journaux et hebdomadaires, où nous exprimions notre juste indignation, ce que l’immense majorité des Français pensait tout bas : les Juifs volaient les emplois de nos concitoyens, envahissaient illégalement le pays, lançaient une « révolution juive » avec la complicité de Léon Blum. Bientôt ils comploteraient pour entrainer la France – qui n’était pas prête militairement – dans leur guerre de revanche, et nous précipiteraient tous au fond de l’abîme !
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Le bruit circula que les Allemands avaient déjà franchi la Loire ; que beaucoup de ponts avaient été détruits pour retarder l'avance ennemie ; qu'à Nantes, au contraire, le Général Griveaud, commandant la 11e Région, avait refusé de faire sauter les ponts de la cité qu'il était chargé de défendre ; que toutes les agglomérations de plus de vingt mille habitants étaient déclarées villes ouvertes par le nouveau gouvernement ; que l'aviation italienne bombardait Orléans, Blois, Tours, Saumur, Angers. Les localités que nous traversions se pavoisaient de drapeaux blancs. A Craon, une soixantaine de kilomètres avant Angers, on nous apprit que la France était désormais séparée en deux zones, et que les Allemands nous interdiraient le passage de la ligne de démarcation. Notre fuite, les risques que nous avions courus, tout cela avait été vain. Il ne nous restait plus qu'à remonter vers Paris.
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Vidéo de Romain Slocombe
Romain Slocombe vous présente son ouvrage "Une sale française" aux éditions Seuil. Rentrée littéraire janvier 2024.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2985401/romain-slocombe-une-sale-francaise
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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