Le roman s'ouvre sur un prologue qui reprend intégralement la circulaire n°173-42 du 13 juillet 1942, destinée aux commissaires divisionnaires et de voie publique de Paris et sa banlieue. Il s'agit de les prévenir de la rafle du Vel' d'hiv', de les informer des décisions logistiques (heures, transports…) et du nombre d'arrestations prévues : 27 391 ! Dès le prologue,
Romain Slocombe nous met dans l'ambiance de cette exécrable chasse aux juifs, même ceux naturalisés français ou nés en France seront embarqués, la police fera beaucoup de zèle pendant la guerre, il faut dire que l'exemple vient d'en haut et que les autorités françaises devancent même les attentes de l'occupant allemand. Rien que le prologue est un choc, cette circulaire fait froid dans le dos et on se demande comment un être humain a pu l'écrire !
L'héroïne de ce roman a bien du courage du haut de ses 21 ans. Naturalisée française, Paula Karlinski (Paule Carlin en version française) est la fille d'un peintre célèbre de l'entre-deux-guerres, Chaïm Karlinski. Elle est une élève brillante en lettres et amoureuse d'un autre étudiant en lettres, Jacques Masaran, qui sera arrêté pour avoir porté une étoile jaune, réservée aux juifs. Son seul acte de bravoure, ce qu'il regrettera ensuite, pas de l'avoir porté, mais de ne pas avoir fait plus, puisque ses parents et lui-même, trouveront très vite refuge à Londres.
Le roman est ensuite découpé en 3 parties : la première, la lettre, est une longue lettre d'amour, d'insouciance et de bonheur de Paula à Jacques, datée du 3 octobre 1942. La jeune fille raconte à son amoureux, comment elle a échappé à la rafle, grâce à une voisine, Melle Pons, qui les a cachés lors de la fouille de son immeuble, et a pu passer en zone libre, grâce à des passeurs, afin de rejoindre sa mère et son petit frère déjà réfugiés en zone libre, à Lyon. Son père a tenu à aider le réseau et repartit à Paris avec les passeurs. La seconde, le retour, émane d'un narrateur externe et anonyme et se déroule en janvier 1943, lorsque Paula retourne à Paris car elle est sans nouvelles de son père. Elle retourne à l'appartement familial mais celui-ci est sous scellés, elle préfère ne pas entrer et sonne directement à la porte de Melle Pons, mais ce n'est pas elle qui lui ouvre mais son cousin. Celle-ci a en effet été arrêtée deux jours auparavant, dénoncée par un voisin antisémite et collabo, qui l'accuse de cacher des juifs. Paula est désemparée, elle laisse une valise au cousin et repart la mort dans l'âme. Elle décide d'aller sonner chez sa meilleure amie, une famille bourgeoise bon chic bon teint qui bien sûr lui ferme la porte au nez. C'est ensuite qu'elle rencontre un zazou, Jérôme Naudet, un ancien camarade d'école qu'elle n'aime pas, et qui a préféré ne pas choisir entre collaborateurs et résistants. Il ménage la chèvre et le chou en faisant croire aux collaborateurs qu'il est avec eux et aux résistants qu'il est avec eux aussi, forcément un jour ou l'autre ça finira mal pour lui. Dans ce Paris de l'occupation, ses habitants sont hantés par la peur, l'indifférence, la cupidité ou l'opportunisme. La troisième partie, le lac, a lieu en 1997. Jacques Masaran tombe sur une petite annonce «
qui se souvient de Paula ? » et qui le mène tout droit à Melle Pons et qui trouvera le dénouement de l'histoire, je ne vous en dis pas plus, il faut ménager le suspens, comme a su si bien le faire l'auteur.
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