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Coup de coeur pour cet ouvrage remarquable.
Je ne regrette pas ma participation à la Masse Critique Babelio. Merci beaucoup Babelio et les éditions J'ai lu.

L'Afrique est un continent riche d'une histoire passionnante. L'Afrique c'est aussi une population qui ne demande qu'à vivre.
Stephen Smith explique avec beaucoup de simplicité ce qui a constitué ce continent et sa population toujours croissante et jeune.
Stephen Smith prend le temps de revenir sur la traite et la colonisation qui ont profondément modifié la structure de la population africaine.
Une bonne partie du livre est consacré à un état des lieux avec des exemples tirés du cinéma ou de la littérature. Stephen Smith s'attarde sur le Nigeria, le Laos, les clivages blancs/noirs, religieux, jeunes/vieux C'est très bien écrit, facile à lire. Je l'ai lu d'une traite.
J'aurais aimé entrer plus vite dans le vif du sujet annoncé: la migration vers le Nord et ses conséquences.
Ce livre fait réfléchir, léve certaines idées reçues et permet d'ouvrir les yeux sur une réalité trop souvent mal traitée dans les médias. Les situations collectives et individuelles sont plus subtiles que les images racoleuses des migrants traversant la mer Méditerranée. Stephen Smith nous présente sans misérabilisme une situation complexe et tendue entre les deux continents.

Je le recommande à tous ceux qui veulent en savoir plus sur le sujet.
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Ce livre bouleversant, qui a reçu plusieurs prix, donne un éclairage essentiel sur le problème des migrations actuelles, mais rappelle aussi qu'entre 1850 et 1914, près de 60 millions d'Européens ont quitté leur continent, surtout pour les deux Amériques, l'Australie et l'Afrique du sud. Pourquoi l'Afrique n'aurait-elle pas les mêmes droits (p. 179)?
Impossible de résumer ce livre. Je me contente de quelques données qui interpellent et je renvoie le lecteur à ce livre qui mérite d'être lu en entier par tous.
En 1885, au sortir de la conférence de Berlin, l'Europe (sans la Russie) comptait 275 millions d'habitants. L'Afrique, 6,5 fois plus vaste, environ 100 millions. de 1960, année de l'indépendance de nombreux pays d'Afrique, à 2015, la population sud-saharienne est passée de 230 millions, grâce notamment à l'amélioration des conditions sanitaires apportées de l'extérieur. C'est la plus forte croissance démographique de l'histoire de l'humanité (p. 36): entre 1930 et 2050, multiplication par 16 contre multiplication par 1,7 en France, avec 7,6 enfants par femme dans certains pays du Sahel (p. 142), région où la hausse des températures (3 à 5° d'ici à 2050) devrait encore faire chuter la production agricole, jusqu'à 50% au Niger, au Tchad et au Soudan alors que la population va tripler (pp. 143-144). le lac Tchad ne couvre plus que 10% de sa superficie de 1960 et pourrait disparaitre dans 20 ans. Qui s'en émeut?
En Afrique sub-saharienne, 80% des écoles publiques n'ont pas d'eau potable et 75% pas de toilettes. Faute d'écoles publiques, des millions de jeunes illettrés fréquentent des madrasa financées par les pays du Golfe, où ils apprennent à mémoriser des versets du Coran, notamment dans les régions de Boko Haram.
Conclusion inévitable (p. 14) : «la jeune Afrique va se ruer vers le Vieux Continent». Cela rappelle la migration des Mexicains qui représentent aujourd'hui 10% de la population des Etats-Unis. D'ici à 30 ans, entre 1/5 et 1/4 de l'Europe pourrait être peuplée de 150 à 200 millions d'Afro-Européens, contre 9 millions aujourd'hui. Les mieux instruits, en Afrique, ne croient pas à l'avenir sur place. Ils se sauvent, mais ne fuit pas qui veut: il faut un pactole de départ venant de la famille, voire s'endetter, pour payer les passeurs entre 1500 et 2000 euros, une somme énorme, plusieurs fois le revenu annuel (p. 137). Donc une élévation du niveau de vie augmentera la migration (p. 141). La part du Maghreb dans les flux migratoires diminue au contraire avec l'élévation du niveau de vie dans cette région.
En 2015, 1.015.000 migrants ont atteint le littoral européen mais 3.771 sont perdus en mer (0,37%). La même année, le risque de mourir en couches était de 1,7% au Sud-Soudan (p. 164). Les passeurs prennent de moins en moins de risques (mais pas moins d'argent). Ils chargent l'un des passagers de l'appel au secours dès l'entrée dans les eaux internationales et emmènent les migrants à la lisière des eaux internationales avant de repartir avec le moteur et de laisser leurs clients dériver... à charge pour les humanitaires... (p. 166). Les migrants prennent un risque semblable aux risques qu'ils prennent dans la vie qu'ils laissent derrière eux (p. 166). Une rencontre migratoire à grande échelle se prépare donc entre l'Afrique et l'Europe (p. 169) du fait de la démographie (nonchalance par rapport à la planification des naissances, contrairement à la Chine qui a pris des mesures radicales dans l'autre sens, mais aussi le Bangladesh et la Jamaïque), de la pauvreté et du manque de perspectives offertes par les dirigeants africains qui ne se soucient pas de leur peuple. Cette planification des naissances serait le moyen le plus efficace pour augmenter la richesse par tête d'habitant, mais rien de cela n'est entrepris en Afrique (p. 180).
La diaspora du Cap Vert (700.000 personnes) est plus importante que ceux qui sont restés au pays (600.000). Un bon tiers des médecins africains restent dans les pays de l'OCDE et tout le monde s'accommode de cette fuite des cerveaux (p. 203).
En 1900, un quart de la population mondiale était européenne. En 2050, il n'y en aura plus que 7%, et près d'un tiers d'entre eux aura plus de 65 ans. Entre 2000 et 2050, de 4 actifs pour un dépendant, on passera à 2. Au Niger, ce sera 19 en 2050. Il faut donc en Europe rester actif plus longtemps (p. 197).
La consolidation démocratique n'est pas pour demain. du fait de la corruption et du manque d'avenir, 42% des Africains âgés de 15 à 24 ans et 32% des diplômés du supérieur souhaitent émigrer (p. 22). Selon l'ONU, l'UE devrait accueillir un million d'immigrés par an d'ici à 2050, pour stabiliser sa population, mais avec de moins en moins d'actifs pour supporter le poids des vieilles générations. Pour maintenait le rapport actuel, il faudrait 1,6 millions d'immigrés par an, et donc un nombre accru de mineurs à scolariser. Merkel l'a compris, mais pas ceux qui veulent maintenir un Etat «ethniquement pur». Ce besoin de main d'oeuvre immigrée n'est pas nouveau: l'Europe a déjà fait venir en masse la main d'oeuvre qui lui faisait défaut, Italiens et Marocains notamment. Aux Etats-Unis, plus de la moitié des techniciens de la Silicon Valley sont d'origine asiatique, contribuant à la prospérité du pays, n'en déplaise à D. Trump, lui-même descendant d'immigré ayant épousé une... immigrée illégale. Depuis 1990 et le début de la révolution numérique, le quart des entreprises américaines ayant enregistré la plus forte croissance ont été créées par des étrangers (p. 187). Mais «la diversité a besoin d'un ancrage dans la similitude, autant que l'inverse. À défaut, la confiance interpersonnelle s'érode» (p. 191), mais l'auteur n'en dit pas beaucoup plus à ce sujet.
Il demande aussi comment l'Amérique ou l'Australie auraient pu bâtir leur prospérité sans un afflux massif d'immigrants.
Au sud du Sahara, des gratte-ciels se construisent en même temps que des huttes en torchis; la 4G coexiste avec les «tambours parleurs». Les temps se télescopent. On peut naitre au Sahel et devenir astrophysicien à la NASA, puis premier ministre du Mali comme Modibo Diara, mais combien d'autres meurent avant cinq ans dans ce continent, archipel des adultes en échec, en attente d'une vie pleine qui se refuse à eux.
En 2100, sur une population mondiale de 11 milliards d'habitants, 40% seront africains. Les taux de croissance les plus élevés sont le Burundi, l'Angola, le Malawi, le Mali, la Somalie, l'Ouganda, la Tanzanie, la Zambie et le Niger. D'ici à 2100, 3 naissances sur 4 auront lieu au sud du Sahara (p. 50). Abidjan a multiplié sa population par 40 depuis 1960. Kinshasa, la ville francophone la plus peuplée du monde, par 30, N'Djamena par 55, et ce ne sont que des exemples (p. 55). «Il y a peu de chances que cette multitude attende patiemment son tour au guichet de la prospérité... un grand nombre d'Africains poussera les portes vers le monde entier, à commencer par l'Europe» (p. 117). Selon l'ONU, entre 2015 et 2050, 91 millions de personnes originaires du sud vont s'établir dans les pays riches de l'OCDE dont 82% de la croissance démographique viendrait de l'immigration (p. 132).
Les 10% les plus riches de la terre possèdent la moitié du patrimoine mondial. Combien de temps cela peut-il durer, « d'autant qu'en même temps, les télévisions satellitaires du Nord arrosent la salle d'attente planétaire d'un flot d'images de leur prospérité » (p. 133)? On apprend à se débrouiller, avec «des savoir-faire toujours susceptibles d'être utilisé dans l'avenir à d'autres fins» (p. 159).
En Asie et en Amérique latine, au contraire, des centaines de milliers de personne sont sortis de la pauvreté absolue. L'Afrique n'y arrive pas.
Exemple des conséquences de l'emballement démographique en Afrique: avec une croissance démographique de 3% par an, il faut un taux de croissance de l'économie de 7% pendant 18 ans pour doubler le PNB. On en est loin. le PNB de la République Démocratique du Congo est à peu près le même qu'en 1960, année de l'indépendance, mais avec un quadruplement de la population, le revenu par habitant n'est plus que le quart de ce qu'il était, et cela dans un pays potentiellement très riche (hydroélectricité, minerais, tourisme, agriculture, sylviculture,...). L'euphorie des indépendances a fait long feu. L'aptitude des dirigeants à accélérer le développement aussi (p. 111). le clientélisme et l'incompétence empêche le développement. Les pays vivent essentiellement des droits de douane, des matières premières et de l'aide extérieure qui les dispense de plus d'efforts. L'Etat ne fait rien, et s'offre à des partenaires extérieurs. En Centrafrique, la douane a un moment été confiée à un ancien mercenaire français qui partageait les gains avec l'Etat (p. 112). En République Démocratique du Congo et en Ouganda, 71% des écoles sont privées. En 2015, la production d'électricité de toute l'Afrique égalait celle de l'Espagne ou de l'Argentine, bien inférieure à la consommation de la seule ville de New York (p. 115).
La production alimentaire est très faible. Exemple: au Sahel, une tonne de céréales à l'hectare contre 9 en France. Moins d'1/2 litre de lait par vache et par jour contre 25 en France. Sur 1000 exploitants, il n'y a que 2 tracteurs (p. 70).
Le livre parle aussi des déportations massives d'esclaves entre le 7ème et le 19ème siècle, surtout par la Grande Bretagne et le Portugal (pp. 37-38), et de bien d'autres sujets que je vous laisse découvrir, dont les éléments de conclusion.
Merci à Masse critique et à l'éditeur qui m'ont permis de vous livrer ces quelques premières indications.
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Il est pour le moins surprenant que cet essai, au titre bassement racoleur, ait obtenu tant de prix. Non pas qu'il soit mauvais mais pour qui s'intéresse un peu à la démographie, il n'apprendra pas grand chose si ce n'est des chiffres et des ordres de grandeurs au milieu de longueurs inutiles et de redites, le tout dans un style journalistique. Un point positif : contrairement à ce que peut laisser penser le titre du livre, l'auteur est mesuré, nuancé et rationnel.

Pour résumer : explosion démographique + amélioration économique = risque de problèmes en tous genres.

Une bonne conférence valant mieux qu'un essai correct (sans parler du gain de temps et d'argent) :
https://www.youtube.com/watch?v=ru5jZla-hcE
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Il s'agit d'un documentaire de géographie humaine. Stephen Smith est un spécialiste de l'Afrique. Ancien journaliste, il enseigne les études africaines dans une université américaine. Son ouvrage est très documenté. Il s'appuie sur de nombreuses sources…
L'auteur aborde les situations de l'Europe vieillissante et de l'Afrique au boom démographique. Effectivement la population de l'Afrique ne fait qu'augmenter. Entre 1830 et 2050, il est prévu qu'elle sera multipliée par 16 alors que celle de la France, sur la même période a été multipliée par 1,7 ! Les Africains bougent : des villages vers les villes, puis des villes vers l'Europe de l'autre côté de la Méditerranée. L'Europe s'africanise rapidement et le processus va s'amplifier : 42% des Africains de 15 à 25 ans déclarent vouloir partir.
Le livre est parfois étonnant : Les migrations ne concernent pas les plus pauvres (il faut environ 2000 euros pour financer le voyage). Ce sont plus des classes moyennes qui partent, souvent des personnes qui ont tiré profit de l'aide au développement versée par l'Europe !
Il s'agit d'un livre sérieux…à recommander aux lecteurs motivés. J'ai parfois été dérouté par l'avalanche de chiffres, par le thème de la démographie qui revient sans cesse. Cependant, j'ai appris beaucoup d'éléments pour mieux comprendre le monde d'aujourd'hui et les flux migratoires que nous connaissons actuellement.
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L'immigration ne se prête pas au débat mais à l'invective : pour on est idéaliste inconséquent, contre on est raciste obtus. Stephen Smith essaie de trouver le chemin de la rationalité et comme il a été attaqué par les biens pensants il mérite que l'on s'arrête sur ses réflexions.

Il pose la question de fond : pourquoi tant d'africains veulent venir en Europe ? D'abord la démographie galopante sature les sociétés, les anciens préemptent le pouvoir selon la tradition, les élites confisquent l'argent, l'envie de bouger est atavique et comme "la vie des blancs" semble idéale voilà le cocktail détonant.

Il remet aussi les faits à leur place : Non ce ne sont pas les pauvres qui quittent l'Afrique mais ceux capables de payer plusieurs années de salaires africains aux passeurs. Non l'aide au développement ne retient pas les candidats mais les finance. Non l'immigration de masse ne contribuera pas au maintien du modèle européen par un apport de main d'oeuvre jeune car son coût social sera trop élevé (et oui il faudra éduquer, former et soigner ces nouvelles familles). Non l'Afrique ne s'en sortira pas si les plus formés et les plus dynamiques s'en vont. Non les arrivants ne souhaitent pas s'intégrer (Qui veut abandonner ses racines ?) et restent influencés par leur pays via Internet.

Pour éviter la submersion S.Smith préconise d'ouvrir les frontières mais de façon très ciblée et utile à l'Europe, de laisser du temps aux sociétés pour digérer ses arrivées inévitables. Il contourne toutefois la question clé de la démographie africaine, que faire pour qu'une femme du subsahara ait moins de 7 enfants sans des mesures contraignantes qui feront hurler les amis du genre humain dans les beaux arrondissements ?
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Un livre de fond pour comprendre les mécanismes des migrations africaines.
Très instructif.
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A l'heure où l'on parle de grand remplacement, j'ai voulu en savoir plus sur le sujet. Ce livre est brillant tant sur le fond que la forme. Il est documenté et rempli de chiffres. Il pose les bonnes questions et annonce la catastrophe à venir. Notre vieille europe ne résistera pas à la vague migratoire du sud. L'Afrique est une bombe démographique et aucune frontière n'empêchera les migrants de chercher une vie meilleure. Ce mouvement sera même accéléré par le réchauffement climatique. La France est en première ligne de par son passé colonial et son modèle social généreux. L'Europe reste divisée sur les moyens de contrôler ses flux migratoires et met en exergue la montée des nationalismes. A. Force de vouloir la mondialisation, comment reprocher aux individus de se déplacer ?
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La ruée vers l'Europe : la jeune Afrique en route/ Stephen Smith
Avant de développer son argumentation grâce à des sources considérables, l'auteur nous donne quelques chiffres et nous offre quelques remarques intéressantes afin que son exploration de la géographie humaine de l'Afrique subsaharienne soit plus facile a appréhender.
L'immigration est de tout temps mais elle a pris en ce début de millénaire une proportion colossale. Toutefois dans certains pays comme la Grande Bretagne, elle a commencé il y a plus longtemps : en effet il y a trois générations, la très grande majorité des Londoniens étaient nés de parents britanniques, eux-mêmes nés de parents britanniques ; à présent, plus de la moitié d'entre eux sont des immigrés de la première ou de la deuxième génération. Un maire musulman issu de l'immigration dirige la capitale depuis mai 2016 ; Sadiq Khan est né sur le sol britannique après l'arrivée de ses parents pakistanais en 1970. Dans un autre genre, le prix Nobel de littérature 2001 est revenu à Vidiadhar Surajprasad Naipaul, sujet britannique brahmane hindou originaire de Trinidad et Tobago.
Il est certain que la jeune Afrique va se ruer vers le vieux continent : c'est dans l'ordre des choses comme le fut la ruée de l'Europe vers l'Afrique au XIXe siècle , seulement cette fois, l'initiative émane du peuple alors que l'impérialisme européen fut le projet d'une minorité influente. L'émigration européenne d'alors, celle des pauvres ou opprimés se faisait vers l'Amérique. « À l'aune démographique, le colonialisme européen en Afrique fut un échec. »
La population de l'Afrique subsaharienne est passée de 230 millions en 1960 à un milliard 300 millions aujourd'hui. Alors qu'autrefois régnait un certain isolement, aujourd'hui un nombre rapidement croissant d'Africains sont en prise directe avec le monde grâce aux paraboles et l'Internet, ce qui les incitent à aller voir ailleurs pour faire fortune. Si bien que dans 30 ans, il pourrait bien y avoir en Europe 200 millions d'Afro-européens (migrants et leurs enfants) contre 9 millions aujourd'hui. Alors un quart de la population européenne serait d'origine africaine ! le réservoir prêt à l'immigration est énorme : 40% de la population africaine a moins de 15 ans !! La stagnation démographique millénaire de l'Afrique due aux maladies, à la traite des esclaves et la colonisation, est bel et bien terminée.
Enfin il faut bien voir que l'immigration est un champ de mines politique.
Au chapitre des chiffres qu'il est bon de retenir et qui ne manquent pas d'étonner, notons que de la nuits des temps il a fallu attendre 1800 pour que la population mondiale atteigne le milliard, puis 130 ans de plus pour 2 milliards, puis 30 ans pour 3 milliards en 1960 ! 50 ans de plus et nous étions à 7 milliards ! Dans un autre ordre d'idée, on apprend que l'espérance de vie en 1900 en Europe et Amérique du Nord était de 47 ans ! Un siècle plus tard elle était de 70 ans …
D'ici à l'an 2100, trois personnes sur quatre qui viendront au monde naîtront au sud du Sahara. Nous allons assister à une démographie galopante, une urbanisation exponentielle, tout deux sans précédent dans l'histoire de l'humanité.
le codéveloppement qui vise à retenir les pauvres chez eux finance en fait leur déracinement et l'ubiquité des chaines satellite et l'accès facile à l'Internet concourent à ces vagues migratoires.
On peut se demander aussi dans un autre ordre d'idées pourquoi tant de personnes dépensent autant d'énergie pour atteindre un pays qu'ils méprisent. Au péril de leur vie ils ont désiré un pays qu'il rejette ensuite n'acceptant pas son mode de vie. Ce qui fait dire que les rêveurs et les haineux ne sont pas deux groupes mais sont souvent les mêmes personnes.
Et l'auteur de conclure que la migration massive d'Africains vers l'Europe n'est dans l'intérêt ni de la jeune Afrique ni du vieux Continent. À partir de là, plusieurs scénarios sont envisageables, l'Eurafrique et le métissage progressif consenti, l'Europe forteresse que l'on observe au Portugal, en Croatie et dans les pays baltes, la dérive mafieuse avec un trafic profitant de la misère avec l'imbrication entre le proxénétisme et les passeurs, le retour au protectorat avec une gestion partagée des flux migratoires et une reprise en main ouvertement néo-coloniale, et enfin un cinquième scénario combinant un peu les quatre précédents.
Comme on dit, l'avenir nous le dira !
Un ouvrage remarquable écrit en français par un américain.

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L'auteur connait son sujet meme si le style d'écriture un peu académique oblige parfois a relire un passage. Stephen Smith met en garde l'Europe contre une immigration de masse africaine en Europe dont nous n'en sommes, selon lui, qu'aux prémisses. Il réfute le bien-fondé d'une immigration massive au nom du vieillissement démographique européen car, pense-t-il, la robotisation ne permettra pas d'intégrer économiquement tous les immigrés théoriquement nécessaires a compenser le nombre des inactifs si l'on ajoute au nombre des retraités celui des enfants des immigrés. Ainsi, une immigration massive de jeunes Africains aggraverait au lieu de résoudre le déséquilibre démographique européen entre actifs et inactifs tout en affaiblissant les liens sociaux - le sentiment d'identité nationale - a l'intérieur des pays européens.

Sans trop d'optimisme (ni, a mon avis, de réalisme), l'auteur suggere que le moyen d'arreter l'immigration africaine massive vers l'Europe est avant tout le versement d'une rente financiere importante aux élites des pays de départ et de transit - comme cela se fait déja a l'égard de la Turquie - en espérant que celles-ci en utilisent au-moins une partie pour faire barrage a l'émigration ou améliorer le niveau de vie de leurs populations en dissuadant ainsi le plus grand nombre possible de prendre le risque de confier leur vies aux réseaux de passeurs.

A la parution du livre en 2018, la Chine était déja tres présente économiquement en Afrique mais l'auteur en fait abstraction dans son analyse sur les perspectives de développement régional. Depuis, la Russie est également apparue sur la scene politique africaine, ce qui pourrait a terme également exercer une influence sur l'émigration. Il est donc difficile d'estimer la validité des prédictions du livre. D'autant que la guerre en Ukraine a entre-temps beaucoup augmenté le prix de l'énergie en Europe et, par le biais notamment de l'inflation, affaibli son économie.

Ce livre est une lecture précieuse pour tenter de comprendre l'immigration africaine en Europe, mais il donne des éléments de réflexion plutot que des prévisions a prendre a la lettre car les données du probleme, on le voit, sont complexes et changeantes.
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A mettre entre toutes les mains .
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