Pour la première fois depuis mon arrivée, je ressens une vraie connexion avec une de ces nanas. En dépit de la plus élémentaire sagesse, mes doigts replacent une mèche pâle derrière son oreille, s’attardent sur sa pommette colorée. Son souffle se coupe sous ma caresse, ses prunelles se voilent de muettes interrogations.
De désir.
Je ne vais pas t’éliminer parce que tu as joué avec tes atouts : ton corps à damner un saint. Au contraire, j’aurais plutôt tendance à respecter ton culot. Et je te promets que dans des circonstances différentes, j’aurais été plus que partant pour tester les positions du Kama Sutra avec toi.
L’éclair de luxure atomise toute réflexion cohérente. Submergé par la douceur de sa langue sur ma verge, je savoure la vision de la pulpeuse blonde agenouillée devant moi, en train de pomper mon membre avec application. J’en ai croisé, des filles délurées, lors de mes virées nocturnes. Jamais aucune d’elles ne m’avait sauté dessus comme ça. Si j’étais naïf, je croirais qu’elle est folle de moi et essaie de me conquérir grâce à ses capacités sexuelles. Excellentes au demeurant : elle incendie mon bas-ventre, réchauffe mon épiderme, me distrait du stress accumulé depuis mon arrivée. Malgré moi, ma paume s’enfouit dans ses cheveux, l’encourage à maintenir le rythme. Oh, oui, ma belle, vas-y, comme ça, enfonce-moi au fond de ta jolie gorge… Et puis, Eph ? Tu vas te vider dans la bouche de cette pauvre nana, qui n’a trouvé que ça pour sortir du lot ? T’es vraiment devenu ce connard qui se laisse sucer en échange d’une tiare en toc ? Choisis, mon vieux, ses seins ou sa gueule, pour ton sperme ? Comme brûlé par l’acide, je lâche la chevelure de Chelsea, me retire brutalement de ses lèvres humides.
Au fond de mon cerveau, une vague inquiétude émerge, sourde, diffuse. Mes pensées n’ont pas le temps de s’ordonner que Chelsea baisse mon pantalon, libère mon membre et l’engloutit presque jusqu’à la garde.
En plus, je suis sûr que je peux l’aider. Il suffit qu’elle m’explique son problème, qu’elle me file mon téléphone, à tous les coups, je connais quelqu’un qui connaît quelqu’un capable de jeter un sort à celui qui lui pourrit l’existence.
L’humour dans son ton cache autre chose. Je n’ai pas besoin de chercher les caméras des yeux, je sais où elles sont : je les ai posées moi-même pour repérer les petites fouines en quête de réconfort dans les bras du prétendant pour la nuit.
Je mentirais si je n’avouais pas que mon cœur s’arrête une milliseconde à ce moment précis, quand la pénombre approfondit ses traits, que ses grands yeux aux couleurs abyssales se plantent sur moi. Pourquoi on doit toujours prendre des canons, bordel ?!
Nos pupilles ne se quittent pas, comme si chacun essayait de percer le cerveau de l’autre. Je finis par glisser ma paume dans ses cheveux défaits, rapproche son oreille de ma bouche.
Je te croyais plus maligne. C’est pas la fille le problème. Le mariage, j’ai déjà donné, et c’était pas joli à voir. Jamais je refous les pieds dans cette galère. Néanmoins, personne à part toi n’a besoin de le savoir.
En général, mes conquêtes attendent au moins un orgasme ou deux. Mais d’habitude, ce sont des êtres humains éduqués, pas des furies hystériques qui se lancent de la vaisselle à la figure à la première contrariété !