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3,45

sur 33 notes
Avec Tête de tambour de Sol Élias, j'arrive à ma onzième lecture de cette sélection des 68 premières Fois… Un premier roman terrible, difficile. Pour la première fois, j'étais à deux doigts de renoncer à publier une critique, mais je me refuse à ne pas jouer le jeu car c'est une posture qui ne me ressemble pas…

Il n'est pas facile de parler de la maladie mentale en littérature ; c'est un sujet pour un essai, un témoignage, moins évident pour un roman. Ici, il est question de schizophrénie, thème qui convient sans doute mieux aux thrillers ou aux romans policiers avec le malade dans le rôle de l'assassin psychopathe ou de la victime…
La maladie mentale n'est pas reconnue par l'opinion publique comme une vraie maladie, avec ses symptômes et son côté invalidant. Dans les familles, c'est une honte dont on parle peu, que l'on cache sous d'autres motifs, « le centre et le point zéro de leur monde » … Dans la société, c'est difficilement acceptable et plutôt mal pris en charge et considération : le schizophrène est marginalisé, « inidentifiable », n'a pas d'avenir, presque plus d'humanité.

J'ai d'abord été interpelée par l'épigraphe de Marguerite Duras qui rappelle que « toute première oeuvre est l'histoire d'une vengeance prise sur sa famille », puis j'ai fait le rapprochement entre le personnage de Soledad et le prénom de l'auteure avant de me perdre dans l'écriture polyphonique et la temporalité du récit. Ce livre nous interroge sur le rapport entre psychose, famille, héritage et hérédité mais ne donne aucune clé de lecture ; l'auteure brouille les pistes et les points de vue, mélange les dates et les personnages, égare son lectorat, alterne des descriptions claires de la maladie et des épisodes de complet délire.
J'étais moi-même tellement perdue que j'ai effectué quelques recherches ; ainsi, je suis tombée sur un entretien que Sol Élias avait accordé sur France Culture pour l'émission « Par les temps qui courent » ; ainsi, j'ai mieux compris la complexité de l'échafaudage narratif et mieux « digéré » les passages les plus difficiles et, surtout, j'ai cessé de me demander pourquoi l'auteure infligeait cela à ses lecteurs(trices)… Elle s'est sentie investie d'une mission, celle de donner la parole à son oncle diagnostiqué schizophrène et de lui aménager un espace ou s'exprimer.
La formule consacrée qui dit qu'un livre ne laisse pas indemne prend ici tout son sens… Tête de tambour ne peut pas plaire… Il provoque horreur et pitié, nous plonge dans le tragique au sens classique du terme dans un huis-clos familial où la folie est à la fois vécue, subie, déniée et transmissible… où il faut se l'approprier pour pouvoir aller de l'avant. J'éprouve un profond respect pour Sol Élias, pour le paiement de sa dette, ce tribut dont elle doit s'acquitter.

Je suis sortie de cette lecture complètement sonnée, percutée… C'était sans doute annoncé dans le titre. le cerveau humain se fait caisse de résonnance et support de mémoire.
Je ne mettrai pas d'étoile : dans mon système d'appréciation, ce livre est hors-classement…
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**

Manuel est schizophrène. Quand le diagnostic tombe, sa vie est déjà compliquée. Ses relations avec son entourage sont difficiles, tendues et parfois violentes. D'hôpital psychiatrique en institut spécialisé, Manuel va suivre un parcours chaotique et sa haine pour sa famille ne sera que grandissante...

Ma chronique sera brève.... J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l'univers de Sol Elias. Non que son écriture m'ait gênée, mais la construction du roman m'a parfois paru floue, les idées mélangées et les liens entre les personnages compliquées.

Il est certes difficile d'aborder un tel sujet. Sol Elias l'attaque de front et nous fait partager le long chemin de Manuel. Ses pensées, ses obsessions, ses sentiments violents... Tout est à vif dans ce roman !

J'ai apprécié de découvrir ce roman grâce aux 68 premières fois mais j'ai bien peur qu'il ne me marque pas...
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Il voudrait être comme les autres, mais Manuel sait qu'il est différent. Il en veut à la vie d'être autrement, à ses parents qui l'ont laissé naitre, à la maladie qui ne l'a pas emporté enfant, à sa famille de ne pas le comprendre, à la mort qui ne veut pas de lui. Difficile alors de s'aimer et de s'accepter face à tant de lucidité. Il est neurasthénique tendance psychotique, selon sa mère, schizophrène selon le médecin, quand enfin il comprend pourquoi Manuel est aussi singulier, fatigué, apeuré, excité, violent même.
Il est Manuel, il est Anaël, il devient cette tête de Tambour dans laquelle sonnent toutes les cloches de la terre, annonciatrices de douleur et de chagrin.

Les chapitres alternent avec les récits d'Anaël, Manuel, Soledad. le lecteur met quelques chapitres pour comprendre le rôle de chacun et ce que chacun exprime de la complexité des relations dans une famille, une fratrie.

Ces différents personnages nous interpellent tour à tour… D'abord Anaël, que l'on suit dans ses frasques avec les copains si peu fréquentables tout au long des années 70. Ses parents, Bonnie la mère qui ne sait pas comment faire pour contenter ce petit qui la déroute, le père qui n'en peut plus, le seul à travailler pour nourrir un famille et un fils impossible à maitriser. Sa soeur Ana-Sol et plus tard son mari, leur fille Soledad. Puis Manuel. Ou faut-il dire avant tout Manuel, car tout au long de sa vie il est conscient de sa maladie, de ses différences. Et même lorsque sa tête explose, que la douleur le saisit, il rédige un roman dont le héros est Anaël, ce double dont il écrit la vie sur une multitude de petits bouts de papiers, éparpillés, tourmentés, illisibles, comme sa « tête pourrie » sans doute.

Soledad est la seule qui, enfant, posait sur Manuel un regard égal, sans à priori, comme seuls sont capables de le faire les enfants. C'est à elle que Manuel lègue sa vie entassée dans des sacs emplis de petits papiers qui pèsent tellement lourds dans sa vie. Car lorsqu'elle décide de les déchiffrer, Soledad est enceinte, se pose alors la question de l'hérédité, de la transmission possible d'un gène toxique.

Roman étonnant, inspiré par l'oncle de l'auteur, qui décrit avec une certaine violence mais une grande véracité le poids écrasant d'une hérédité incompréhensible et méconnue de la schizophrénie ou de la maladie.
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/04/18/tete-de-tambour-sol-elias/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Je ne peux pas dire que j’ai aimé ou détesté ce roman, je ne peux pas non plus dire qu’il m’a laissé indifférente car je trouve que l’écriture qui est floue et qui nous perd dans la vie de tous ces personnages nous rend en quelque sorte également schizophrène.
Ce sentiment de flou qui m’a animé pendant toute la lecture est intéressant et fait un parfait écho à cette pathologie dont on parle si peu. La fulgurance des sentiments de Manuel/Anaël m’a également frappé, il n’est que colère et incompréhension face à sa maladie mais également amour pour sa famille malgré son comportement qui peut parfois faire penser le contraire car il reporte sur eux toute sa colère.
Lecture en demi-teinte mais je dois avouer avoir perdu le fil et avoir eu du mal à entrer vraiment dans l’histoire.
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Roman basé sur des ressentis, ce qui rend sa compréhension parfois complexe. C' est un voyage dans la tête d'un schizophrène, ses espoirs, ses envies, ses souffrances...
Ambiance pesante ou Soledad apporte un peu d'air à cette famille phagocytée par la schizophrénie.
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Un premier roman que j'ai du mal à définir…. Certains passages étaient à mon goût, ou plutôt, par rapport à mes habitudes de lecture, trop chaotiques pour me plaire. Et pourtant, après réflexion, et après avoir avalé la deuxième partie du livre sans pouvoir le reposer, je me dis que ce chaos, ce tumulte mental, était nécessaire pour que le lecteur puisse frôler l'intérieur, le fonctionnement de l'esprit d'un homme souffrant de schizophrénie.
Cette confusion, et surtout, ces délires douloureux, je les sais bien réels. J'ai un cousin qui en souffre. Et l'évolution d'Anaël / Manuel a été sur le papier, la même que mon cousin. Déjà différent à l'enfance, dans les réactions, les manies et le lien très fort à la mère. Puis l'adolescence et les conduites à l'extrême, les fuites, les difficultés relationnelles. Et enfin, vers la trentaine, le diagnostic posé, la souffrance qui alterne avec le soulagement pour la famille. Mais aussi pour cette dernière les questionnements : pourquoi ? Qu'a-t-on loupé ? Est-ce héréditaire ? Et l'aveu d'un quotidien devenu un enfer. Un schizophrène n'est pas adapté à la société telle qu'on la connaît. Sol Elias a eu ce don de le faire clairement comprendre à son lecteur. Il aimerait être comme tout le monde mais il n'y arrive pas. Il ne s'adapte pas au monde du travail, n'arrive pas à maintenir une relation amoureuse et son sentiment d'être inutile le pousse à tous les extrêmes, y compris la tentative de suicide.
Pour un premier roman, c'est un exercice qui a dû être difficile que de rédiger un roman polyphonique où s'expriment les voix d'Anaël, de Manuel, son double et de Soledad, sa nièce.
Un talent qui gagne à être suivi.

Lu dans le cadre des 68 premières fois.
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Où commence la folie et comment se termine-t-elle ? Être schizophrène qu'est ce que cela veut dire ? Sol Elias nous entraîne dans un récit tout en sensibilité passant de Anaël à Manuel qui sont une seule et même personne, mais à deux moments différents. Dans sa première partie, l'auteur nous parle de la vie de débauche du héros ainsi que la vie infernale qu'il fait vivre à sa famille.
Dans la deuxième partie, est abordé son internement, le fait qu'il change d'établissement toutes les trois semaines.
Traité de ce sujet n'est pas facile. Diagnostiquer la maladie, faire comprendre au malade qu'il faut qu'il se soigne, jusqu'à la dure réalité de l'enfermement obligatoire. Ce récit est violent, poignant et plein de sensibilité. Sa nièce héritera-telle d'un tel fardeau ?
Cette histoire nous amène à se questionner et à réfléchir sur la schizophrénie.
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Tête de Tambour est un premier roman clivant. En ce qui me concerne, je suis resté du mauvais côté de la barrière… Je n'ai pas réussi à rentrer totalement à l'intérieur. J'ai en effet eu beaucoup de mal tant il m'a mis mal à l'aise, perturbé… mais je l'ai terminé. Difficile d'en parler...

Il trouvera son public je n'en doute pas car l'auteur traite parfaitement "à sa manière" un sujet extrêmement difficile. La Schizophrénie… le mot barbare le mot qui fait peur… le mot qui intrigue et donc incite à lire ce texte.
Sol Elias pose beaucoup de questions (sans aller malheureusement très loin… ce qui est un peu dommage) et nous incite par conséquent à nous interroger, choisir nos propres biais de réflexion afin de trouver nos propres réponses.

L'écriture est suggestive, incitative. Tout en émotion. Cela reste agréable à lire malgré la dureté. Je me suis par contre perdu dans l'alternance des chapitres, entre Anaël et Manuel.


il faudra peut etre que je le relise plus tard…
Et vous qu'en avez vous pensé? On en parle?


3/5
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Comment aborder un tel roman ? Sol Elias relate une histoire impressionnante par la justesse de l'écriture, la construction efficace, des chapitres courts qui donnent de la tension, une angoisse sourde face à la description du quotidien du malade : la schizophrénie.

Anaël, gamin perturbé par trop d'émotions d'abord, un environnement familial étouffant avec une mère-louve ultra-protectrice et un père laborieux, pétri de principes, exclu de cette relation trop fusionnelle à son goût. le récit nous est relaté de l'enfance à sa mort prématurée.

Une adolescence rendue plus difficile encore par ses relations compliquées à la mère. La vie à la marge, Anaël qui devient Manuel, entre lucidités et étrangetés des situations perçues au travers de la maladie. Tout est décrit de manière que le lecteur comprenne mieux les effets de la maladie puis d'une psychiatrie abrutissante sur le malade.

On sent la frustration de Manuel face à la maladie, son souhait de vivre une vie de "normale" : une femme, un appartement, un chien... son impuissance à canaliser la violence de ses réactions, son enfermement dans la maladie, son isolement, sa marginalité, ses petits suicides. Une vie entre pensées cohérentes et incohérentes, destructrice pour lui, ses proches.

Jusqu'à transférer à Soledad, sa nièce, son questionnement, ses petits papiers, héritage à décrypter. Il y est question d'hérédité génétique, de celle de l'histoire à porter. de poésie et de violence qui s'apaise auprès de cette petite-nièce qui le trouve excentrique, différent, avec lequel elle rit beaucoup. Sol ne juge pas, "elle n'a pas encore le regard lavé" !

Il est également question du poids à porter pour les familles, de la culpabilité de ceux dits "normaux" qui vivent dans l'ombre des malades comme Ana-Sol, la petite soeur.

Ce roman est captivant par le biais choisi pour parler d'une maladie terrible avec humanité, une intensité qui vous empêche de décrocher d'une histoire dérangeante. La différence fait peur, si peu qu'elle soit habitée de sentiments violents, irrépressibles. L'écriture de l'auteure est puissante, aimante pour le personnage, enveloppante pour le lecteur, accompagne Manuel jusqu'à l'épilogue de son histoire tragique. Un premier roman perturbant, fascinant tout à la fois, pour désapprendre à juger peut-être...
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« Je ne souhaite à personne de mener cette existence suspendue entre la réalité, la pensée, les dialogues, entre ce que je crois, ce que je dis. Je ne souhaite à personne la cave. La vie en cave. »
Cette existence dont il est question c'est celle d'un schizophrène, Anaël qui deviendra Manuel.
Ce livre offre une plongée au coeur de la vie d'un schizophrène, ce qu'il se passe dans sa tête et l'impact que cela génère sur toute une famille.

« Tête de tambour est ma première lecture dans le cadre de l'opération « 68 premières fois ». L'objectif ? Découvrir une sélection de premiers romans. En participant à cette aventure, j'avais conscience de devoir sortir de ma zone de confort et d'avoir entre les mains des livres vers lesquels je ne me serai pas forcément laissée tenter. C'est clairement le cas avec celui-ci.
J'ai apprécié cette lecture qui m'a permis d'avoir une autre vision de la schizophrénie et de comprendre la complexité de cette maladie.
La plume de Sol Elias est intéressante et a su capter mon intérêt. Pourtant je dois avouer que j'ai été un peu déstabilisée par le début de ma lecture, le temps de me retrouver dans le tourbillon de la psychose décrite. Je n'ai pas tout de suite compris qu'Anaël était devenu Manuel.
En résumé, une lecture intéressante mais avec laquelle je n'ai pas réussi à briser une certaine distance.
Lien : https://orlaneandbooks.wordp..
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