AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Une journée d'Ivan Denissovitch (153)

C'est là, à l'appel du soir, quand ils rentrent par le portail du camp, que le détenus sont le plus battus par le vent, gelés, affamés de toute la journée; et pour eux, la louche de soupe aux légumes, brûlantes du soir, c'est comme la pluie dans le désert. Ils l'avalent d'une goulée. Pour eux, cette louche est plus précieuse que la liberté, plus précieuse que toute leur vie passée et que toute leur vie à venir.
Commenter  J’apprécie          20
L’art a trop haute dose cesse d’être de l’art : il ne faut pas substituer les épices au pain quotidien.
Commenter  J’apprécie          20
- Mais pourquoi ferait-il cela, le bon Dieu ?
- Il ferait quoi ?
- Pourquoi casserait-il la lune pour en faire des étoiles ?
Choukhov hausse les épaules.
- C'est pourtant pas sorcier. Les étoiles, il en tombe ; il faut bien les remplacer.
P. 148
Commenter  J’apprécie          20
Il faisait toujours nuit noire, avec juste un peu de vert qui éclairait le ciel du côté où le soleil allait sortir, et il soufflait de par là une maigre bise méchante.
Ce départ en pleine nuit pour l'appel du matin, par froid de loup, avec la faim au ventre pour la journée entière, il n'y a pas pire crève-coeur. On en ravale sa langue. Ça vous coupe l'envie de causer entre soi.
P. 37
Commenter  J’apprécie          20
Pou qui se presse passe premier au peigne.
Commenter  J’apprécie          20
Le vrai ennemi du prisonnier, c'est le prisonnier son frère. Si les zeks n'étaient pas des chiens entre soi... eh bien, les chefs, ils ne seraient plus de force à les commander.
Commenter  J’apprécie          20
En attendant son tour, Choukov aussi reprenait haleine, en regardant. Bon Dieu! La lune était déjà sortie toute, bien rouge, avec un air pas content. Elle commençait à s'ébrécher un peu, du reste. Hier, à la même heure, elle était beaucoup plus haut.
Il se sentait si content, Choucov, que tout ait bien marché, qu'il bourra les côtes au commandant:
-- Ecoute voir, commandant, dans vos idées de science, où elles vont les vieilles lunes?
-- Où vont-elles? Tu ne sais donc pas qu'il y a une période où la lune n'est pas visible.
Choucov secoua la tête en rigolant:
-- Du moment qu'on ne la voie pas, comment tu sais, toi, qu'elle existe?
Il en a un coin bouché le commandant:
-- T'imaginerais-tu que, chaque mois, c'est une autre lune qui naît?
-- Pourquoi pas? Les gens, il en naît bien tous les jours. Pourquoi, alors, il naîtrait pas une lune toutes les quatre semaines?
Il l'a sec le commandant:
-- Je n'ai jamais encore rencontré de matelot aussi cancre! qu'il fait. Où iraient-elles alors tes vieilles lunes?
-- C'est tout juste ce que je te demandais.
-- Où vont-elles à ton avis?
Choucov soupire et, tout bas, à cause que c'est un secret:
-- Chez nous, on dit que le bon Dieu les casse pour en fabriquer des étoiles.
Commenter  J’apprécie          20
Choukhov observe tranquillement, tout en fumant, l’émotion d’Aliochka :

“Aliochka (il écarte la main du Baptiste, la fumée de sa cigarette enveloppe le visage de l’autre), tu comprends, je ne suis pas contre Dieu. J’y crois bien volontiers. Mais je ne crois ni au Paradis ni à l’Enfer. Pourquoi nous prenez-vous pour des imbéciles, et nous promettez-vous le Paradis et l’Enfer ? Voilà ce qui ne me plaît pas. ”

Choukhov s’est recouché sur le dos ; il jette la cendre avec précaution derrière sa tête, entre la couchette et la fenêtre, afin de ne pas brûler les affaires du capitaine. Il songe. Il n’entend pas ce qu’Aliochka est en train de marmonner dans son coin.

“De toute manière, conclut-il, on peut prier tant qu’on veut. Ça n’est pas ça qui te raccourcira ton temps. Tu le feras jusqu’au bout.

- Malheureux, mais il ne faut pas en parler dans tes prières ! lance Aliochka, horrifié. Qu’est- ce que ça peut te faire, la liberté ? En liberté, le peu de foi qui te reste serait étouffé sous les épines ! Réjouis-toi d’être en prison ! Ici, tu as le temps de penser à ton âme ! Voici ce qui disait l’apôtre Paul : “ Pourquoi pleurez-vous et affligez-vous mon cœur ? Non seulement je veux être prisonnier, mais je suis prêt à mourir pour le nom de Notre-Seigneur Jésus ! ”

Choukhov regarde le plafond en silence. Il ne sait plus bien lui-même s’il désire être libre. Au début, il le voulait très fort et il comptait, chaque soir, combien de jours de son temps étaient passés, et combien il en restait. Mais ensuite, il en a eu assez. Plus tard, les choses sont devenues claires : on ne laisse pas rentrer chez eux les gens de son espèce, on les envoie en résidence forcée. Et on ne peut pas savoir où on aura la vie meilleure, ici ou bien là-bas.
Commenter  J’apprécie          20
Aux bains, il ne devait pas faire plus chaud. La glace fondait sur les vitres. Le soleil, au travers , avait l'air de s'amuser ( pas du tout cette sale figure qu'il avait là-bas , en haut de la centrale). Dedans ses rayons, la fumée qui sortait de la pipe de César grimpait, bien étalée, comme dans les encensoirs à l'église. Le poêle, on voyait au travers , tellement ces abrutis l'avaient porté au rouge, et même le tuyau avec.
Commenter  J’apprécie          20
A présent, il ne se plaint plus de rien, Choukhov : ni que sa peine soit longue, ni que chaque journée le soit, et pas même que cette semaine-ci n'aura encore pas de dimanche. Ce qu'il pense, à présent, c'est qu'il en réchappera. Il en réchappera, et tout ça, si Dieu aide, aura une fin.
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (3366) Voir plus



    Quiz Voir plus

    La littérature russe

    Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

    Tolstoï
    Pouchkine
    Dostoïevski

    10 questions
    439 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

    {* *}