"Comme agir et travailler, marcher exige un engagement corps et âme dans le monde, c'est une façon de connaître le monde à partir du corps, et le corps à partir du monde". Dans
L'Art de marcher,
Rebecca Solnit retrace la longue histoire de la marche depuis l'avènement de la bipédie et explore ses multiples dimensions à partir du moment où l'acte dépasse le simple cadre utilitaire. Elle met particulièrement en lumière le parallèle entre la marche et l'esprit à travers pléthore de références littéraires parmi lesquelles on n'est pas surpris de trouver
Virginia Woolf et l'association entre promenade et flux de conscience. La marche en tant qu'activité culturelle impliquant l'imprégnation du paysage a vraiment émergé au 19ème siècle chez les romantiques anglais, et on en ressent l'effet dans la littérature de l'époque. L'écrivaine en souligne le lien avec une certaine volonté d'émancipation féminine, un moyen de s'affranchir pendant quelques heures de lourdes contraintes sociétales. Sa réflexion extrêmement riche englobe tous les terrains, villes, campagnes, sommets (marche verticale) qui sont autant de matière à analyser à l'aune des évolutions des individus et des sociétés. La liberté de se mouvoir se heurte à l'urbanisation, aux clôtures qui font parfois figure de frontières infranchissables. Enfin,
Rebecca Solnit étudie l'acte de marcher en tant que manifestation politique, toujours en lien avec la défense des libertés fondamentales. C'est passionnant, érudit, profond. Et passionnément féminin, voire féministe dans sa façon de réhabiliter toutes celles qui furent pionnières en la matière mais dont les noms sont restés dans l'ombre, les récits de voyages étant la plupart du temps signés par des hommes.
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