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Citations sur La diagonale de la joie (92)

Le secret de l'immortalité, me dis-je, ne serait-il pas déjà d'accepter la naissance et la mort comme une transmutation de ce flux de vie qui nous traverse ? Une dissolution du “je” dans le grand bain du vivant. Les anciens en avaient la forte intuition parce que la partie perceptuelle en eux était encore vive. Nous l'avons tuée à force de contrôle. Je m'adresse à Amélie : En détournant le mécanisme de destruction naturel auquel est soumis l'ensemble de nos cellules saines, les cellules cancéreuses sont finalement les seules à avoir percé le secret de l'immortalité, non ? Mais elles finissent par mourir en détruisant l'organisme qui les nourrit, sourit-elle. Aussi stupides que nous !
p. 306
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… être scientifique c'est savoir observer, collecter des données et tenter d'en identifier leur cohérence. Ces états de conscience dans lesquels je me suis trouvé sont désormais accessibles à des observations et des interprétations dont les neurosciences pourront contribuer à donner une approche authentiquement scientifique. En tout cas c'est mon souhait, mon espoir.
p. 282
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La noyade n'en était qu'une conséquence. Un peu comme si une sorte de résonance de la présence de Berthe s'était installée en moi, et que j'aie été pendant ce temps une chambre d'écho.
— Et si c'était ça, la réincarnation : la résonance d'une fréquence qui perdure comme un écho dans un autre corps ?
— Avec mon approche des sciences dures, la “présence”, la manifestation d'un être dans sa multiplicité d'états est encore une terra incognita. Mais pour un chercheur, c'est une source potentielle de motivation pour tenter d'établir des cohérences nouvelles. Je ne peux pas être trop surpris que la séparabilité entre phénomènes ne soit jamais totale. Pour autant, la façon dont ces couplages “faibles” se font, leur diversité, leur détectabilité, leur reproductibilité restent encore aujourd'hui à la limite de ce qu'il nous est possible de postuler. Peut-être que dans un avenir pas forcément lointain, cette respiration du monde, où on apprend à se distinguer du « reste du monde » tout en se construisant en symbiose forte avec lui, se révélera dans le domaine d'une physique des résonances dont nous capturerons progressivement les composantes. Se trouver exposé à de tels phénomènes, comme l'état de transe, pourra être une chance formidable de découverte, ou au contraire l'occasion de se perdre dans des myriades d'illusions de nos perceptions. Cette physique des résonances devra donc justement pouvoir un jour nous éclairer là-dessus. Elle décrira des grands systèmes contenant des sous-ensembles en couplages très forts, de type quantique, et d'autres en couplages plus faibles, de type classique. Mais tous sont couplés, interdépendants. La dynamique de ces résonances fonctionne dans mon imaginaire comme une partition où les harmoniques des résonances fondamentales, ensemble, génèrent un timbre donnant naissance à l'identification d'un nouvel instrument dans l'orchestre symphonique du monde.
p. 281
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Hier encore je contemplais son jardin et les jonquilles qu'elle avait plantées. Il y avait encore un peu d'elle dans ces fleurs. Le prolongement de sa vie. Les gestes survivent à la mort. Et autre chose aussi. Loin d'être un événement banal, la mort désigne notre ultime possibilité, peut-être notre ultime liberté, le « noyau même de notre être », dirait Heidegger. Ce noyau perdure. La mémoire de cet être demeure. Peut-être ce que nous percevons pendant les transes. Les fantômes ? Une fréquence propre à chaque création.
Ce matin, ils ont tout arraché. Recouvert les allées de gravier. C'est plus propre. Plus net. Mais elle est toujours là, la dame. Avec son chat et son jardin merveilleux.
p. 277
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Sur le strapontin de la rame de métro, face à moi, une dame en manteau gris, écharpe noire, jean noir, tennis grises et lunettes ovales cerclées d'or écosse des fèves dans un plastique placé dans son sac en cuir noir clouté de pointes argentées. Les cosses tombent sans bruit dans le grand sac vert placé à ses pieds. La dame à côté d'elle, le regard perdu, serre contre sa poitrine un gros carton rouge avec une photo de cafetière Senseo Original. Tous les autres ont les yeux rivés sur l'écran de leur smartphone. Casque sur les oreilles, ils semblent inatteignables. Comment envisager une reconnexion à notre environnement dans ces conditions ? Plus nos objets sont connectés, moins nous semblons l'être.
p. 275
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Observer la nature en pensant à ce qu'elle peut m'apprendre a changé ma façon de la regarder. De la respecter. Nous sommes devenus trop bruyants, trop voyants, trop arrogants pour avoir encore l'humilité d'écouter simplement le vivant. Il n'y a pourtant aucune séparation entre nous, tout communique. Pour en prendre conscience il faudrait commencer par fixer l'attention, pas la pensée, dit en substance Marguerite Yourcenar. La transe supprime ce qui nous sépare. Mais quoi, qui communique ?
En évoquant les “esprits”, les sociétés traditionnelles ne donnent évidemment pas d'explication, mais elles osent poser la question de cette communication. Au lieu de les regarder avec condescendance, nous ferions mieux de mettre notre science au service de leur étude. Elles recèlent des informations capitales pour notre compréhension du vivant et de sa survie.
p. 267
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Il est de plus en plus persuadé que la transe serait rendue possible grâce à un processus d'inhibition des zones liées au mode normatif de la conscience. Lobe préfrontal essentiellement. Il pense pouvoir mettre cette hypothèse en évidence en observant l'action de certains neurotransmetteurs inhibiteurs, comme le GABA (acide y-aminobutyrique).
En attendant, Patrick Lemoine m'a envoyé le résumé du Dr Faivre sur l'analyse de ma nuit de transe induite pendant le sommeil paradoxal. « Diminution du sommeil lent profond. Proportion normale en sommeil paradoxal (SP = REM). Latence du SP très allongée. Index de micro-éveils corticaux normal. D'un point de vue électrophysiologique, on observe une veille particulièrement calme, avec très peu d'artefacts et très peu de mouvements oculaires. L'EEG est fait d'une activité mixte très peu ample, de 7 à 20 Hz. L'alpha occipital est particulièrement peu ample et environ la moitié moins ample que lors de la veille simple (sans transe). »
p. 258
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Le lendemain en me réveillant j'ai eu la sensation de cette image, incrustée partout en moi. J'étais différente. Transformée. Bouleversée. Je n'en ai parlé à personne. Comme on n'ose parler d'un secret dont aucune description ne pourrait révéler la grandeur. Un peu par peur aussi que cette beauté puisse s'échapper, perdre de sa force, dans le souffle des mots. Trois jours. Elle est restée trois jours en moi. Et puis je suis “redescendue”. Il est resté la gratitude. Immense. Et l'envie de dire merci tout le temps. D'avoir eu le privilège de vivre ça.
p. 256
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Lettre à mon basilic
Si ça continue je vais devoir assumer mon côté mystique. J'avais déjà vécu le phénomène de “dissolution” pendant une transe, avec l'impression de devenir rien, de me fondre dans le tout et d'en ressentir la puissance. L'une des plus fortes expériences de ma vie. Mais là... Une présence dans un halo blanc. D'une telle beauté que j'ai immédiatement pensé à ce que les religions appellent Dieu, Divinité. Tout aurait pu s'arrêter à une vision d'image pieuse, si ne s'était imposé un immense sentiment de foi. D'amour ? Je ne sais pas. Réduire ce que je ressentais à un mot n'est pas possible. J'ai laissé le protolangage l'exprimer. Un truc comme meliffoum est sorti de ma bouche. Les fréquences de ce terme étaient bien l'ensemble de ce que je ressentais, l'entièreté de mon intention à ce moment. Réduire cela à une signification, à un seul terme est frustrant. Nécessaire dans le cadre d'échanges entre groupes d'humains, mais frustrant, réducteur, quand il s'agit d'exprimer une émotion. Que comprenons-nous dans les mots de l'autre, à part nos propres interprétations ? Projections ? La signification donnée à un mot en réduit le sens. Voilà. Retrouver l'usage de ce protolangage ne serait-il pas une belle avancée ? Nous l'avons testé dans le cadre d'un atelier avec des étudiants de l'École supérieure des arts de la ville de Liège.
p. 255/56
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Nous confirmons en avoir été témoins. La vidéo va le lui montrer. Tu sais, me dit-il, je dirais que les mouvements apparemment désordonnés de mes jambes ont permis de libérer le point de blocage de mon bassin. Il reste perplexe un moment. Comment cela a-t-il été possible ? Quelle intelligence a pu mettre en œuvre ces mouvements ? Silence encore. Son cerveau de directeur de recherche au CNRS tente de trouver une réponse. Probablement celle qui sous-tend nos processus infraconscients, finit-il par dire, calculs de trajectoires, marche, digestion, cicatrisation.
p. 254
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